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Camaïeu, Go Sport, hôtels de luxe : les nuages s'amoncellent sur la galaxie Michel Ohayon

Michel Ohayon ne s'en est jamais caché : lorsqu'il met la main sur l'Intercontinental Bordeaux Grand Hôtel au début des années 2000, ce succès a une saveur particulière tant il offre à cet homme d'affaires au parcours d'outsider une consécration personnelle et professionnelle vis-à-vis de l'establishment bordelais. Mais, vingt ans plus tard, le vent a tourné et trois de ses holdings - dont celle ayant financé le rachat et l'exploitation du luxueux hôtel bordelais - viennent d'être placées en redressement judiciaire pour le non remboursement de plus de 200 millions d'euros d'emprunts, a appris l'AFP le 7 février auprès du tribunal de commerce de Bordeaux, confirmant une information du journal Le Monde.

Michel Ohayon : la folle trajectoire d'un outsider bordelais croqueur d'entreprises

Cette procédure judiciaire a été réclamée par Bank of China, qui n'a perçu « aucun remboursement », après échéance, de trois prêts - respectivement de 56, 70 et 75 millions d'euros - octroyés entre février 2014 et janvier 2017 à ces trois sociétés, selon les jugements consultés par l'AFP.

Outre l'Intercontinental Bordeaux Grand Hôtel, ces trois holdings liées au fonds d'investissement la Financière immobilière bordelaise (FIB) de Michel Ohayon, ont permis de financer deux autres établissements de prestige : le Waldorf Astoria Trianon Palace de Versailles et le Sheraton de l'aéroport Charles de Gaulle. Les trois sociétés ont été placées en redressement judiciaire et, pour éviter la liquidation, un administrateur judiciaire a été désigné « pour assister le débiteur » pour le plan de remboursement. Sollicitée par l'AFP via le porte-parole d'HPB, la FIB n'a pas réagi dans l'immédiat sur la situation des trois holdings immobilières.

Camaïeu liquidée, Go Sport en redressement

Cette décision du tribunal de commerce de Bordeaux intervient alors que plusieurs des enseignes rachetées ces dernières années par Michel Ohayon via sa filiale HPB (Hermione People and Brands) dédiée à la distribution, ont été récemment liquidées - Camaïeu en septembre 2022 - ou placées en redressement judiciaire - Go Sport France. L'homme d'affaires de 61 ans a contesté, dans les colonnes de Challenges le 25 janvier, ce placement en redressement judiciaire : « Go Sport avec 115 millions d'euros de stocks et de trésorerie », n'est pas en cessation de paiements, a-t-il affirmé, annonçant du même coup le départ du directeur général de HPB, Wilhelm Hubner : « Wilhelm est un développeur, mais pas un redresseur, la qualité qui aurait été essentielle dans cette phase. Nos chemins vont devoir se séparer. »

Go Sport placé en redressement judiciaire : nouveau coup dur pour l'empire Ohayon

Une prise de parole publique rare mais et pas suffisante pour contenir l'incendie qui continue à se propager dans la galaxie Ohayon. Celle-ci compte également des magasins Galeries Lafayette en régions, La Grande Récré, Gap France ou encore Café Legal.

La situation s'est en effet encore assombrie le 1er février puisque Go Sport France a été à son tour placée en redressement judiciaire, comme sa maison-mère quelques jours plus tôt. Le tribunal de commerce de Grenoble, dans son jugement daté du 1er février 2023, « constate l'état de cessation des paiements et prononce l'ouverture de la procédure de redressement judiciaire de la SAS Go Sport France », filiale à 100% de Groupe Go Sport, dont elle gère les magasins. Cette décision a été prise à la demande des dirigeants du groupe, précise le jugement. De son côté, la direction de HPB a fait appel de cette décision.

Une enquête pour « abus de bien social »

La situation de Go Sport fait en outre l'objet d'une enquête pour « abus de bien social » après que « les commissaires aux comptes ont transmis plusieurs révélations de faits délictueux », selon les termes du parquet de Grenoble. Les représentants syndicaux et le comité social et économique central (CSEC) s'étaient interrogés sur la santé financière du groupe, s'alarmant notamment d'une remontée de 36 millions d'euros de trésorerie de Go Sport vers la maison-mère HPB. « Nous avions prévu de regrouper les deux enseignes. Les transferts financiers entre une société mère et ses filles sont légaux, tout a été effectué dans le cadre de la loi », a rétorqué Michel Ohayon auprès de Challenges.

En décembre et en janvier, les élus du personnel de Go Sport et de l'enseigne de prêt-à-porter Gap France, rachetée par HPB en 2021 pour un euro symbolique, avaient également exercé leur droit d'alerte économique.

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Chez Camaïeu, repris en août 2020 par Michel Ohayon à la barre du tribunal de commerce de Lille avant d'être brutalement liquidé deux ans plus tard, certains des 2.600 ex-salariés s'interrogent également sur la faillite de leur entreprise. Le 26 janvier, la justice a ordonné jeudi aux liquidateurs de Camaïeu et à la FIB de fournir des documents comptables, réclamés notamment pour « identifier les opérations avec les autres sociétés du groupe, notamment Go Sport », expliquait à l'AFP l'avocat de ces 250 ex-salariés, Fiodor Rilov.

L'ordonnance du tribunal de commerce de Lille, consultée par l'AFP, précise que les documents demandés qui ne seraient pas en possession des liquidateurs devront être fournis par la FIB et HPB sous quinze jours, sous peine d'une astreinte de 3.000 euros par document et par jour de retard. « Nous ferons appel de cette décision si elle nous oblige à fournir sous astreinte des documents que nous n'avons pas et ne pouvons avoir », avait alors réagi la direction de HPB auprès de l'AFP. Elle avait indiqué n'avoir pas encore « pu prendre connaissance du délibéré ni de la liste des documents demandés ».

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