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Camaïeu : l'avenir de l'enseigne de prêt-à-porter en suspens

L'avenir de Camaïeu ne tient plus qu'à un fil. Le tribunal de commerce de Lille examine ce mercredi le plan de continuation de l'enseigne de prêt-à-porter placée en redressement judiciaire le 1er août. Ce plan prévoit la fermeture de 208 magasins et la suppression de quelque 500 emplois sur environ 2.600, mais permettrait d'éviter la catastrophe sociale d'une liquidation.

Juste avant cette audience décisive, la région Hauts-de-France et l'actionnaire se sont dits prêts mercredi à injecter plus d'argent pour éviter la liquidation. A condition que l'État apporte lui aussi son soutien financier.

La Région et la Métropole européenne de Lille sont « prêtes à mettre de l'argent sur la table » pour sauver Camaïeu « si l'État fait un geste », a affirmé à l'AFP le cabinet du patron LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand. « Aucun engagement formel n'a été pris » de la part de la Première ministre Elisabeth Borne, avec qui Xavier Bertrand s'est entretenu dans la matinée, mais « le dossier continue d'être étudié » par le gouvernement, a-t-on ajouté.

Idem pour l'actionnaire de l'enseigne nordiste de prêt-à-porter. Hermione People and Brands (HPB), a affirmé plus tôt dans ma matinée être prêt à injecter plus de fonds pour sauver l'enseigne, si l'État acceptait de son côté d'apporter un soutien financier. HPB avait indiqué lundi avoir demandé une avance de 48 millions d'euros à l'État, mais Bercy avait jugé que cette demande n'était pas « réaliste », l'État ne pouvant « en aucun cas se substituer aux actionnaires ».

Gagner du temps

L'actionnaire espère ainsi gagner un peu de temps pour relancer son enseigne, chahutée par la crise sanitaire et une coûteuse cyberattaque, mais a besoin de fonds. Selon HPB, un total de 79,2 millions d'euros est nécessaire, sur les huit prochains mois pour assurer entre autres les achats de la saison automne-hiver et préparer la collection de printemps.

Le plan prévoit jusque-là une mise de fonds de 14 millions d'euros de la Financière immobilière bordelaise (FIB) de l'homme d'affaires Michel Ohayon - dont HPB est une filiale - pour racheter le siège et l'entrepôt de Camaieu à Roubaix. Ceux-ci seraient ensuite « valorisés » et revendus pour un montant estimé entre 55 et 60 millions.

Les syndicats se préparent au pire

Les syndicats, eux, se préparent au pire. Peu avant l'ouverture de l'audience, à 14h00, des salariés commençaient à s'attrouper devant le tribunal, aux cris de « honte à vous, fossoyeurs de Camaieu ». « Je ne vois pas comment une autre décision que la liquidation judiciaire peut être rendue », estimait l'avocate du CSE Justine Candat.

A l'issue d'un CSE mardi, le syndicat interne UPAE et la CGT se sont dit « extrêmement réservés » sur la capacité de la direction à garantir le financement. « On a encore des pistes, mais certainement pas avec M. Ohayon et ses représentants », affirme Thierry Siwik de la CGT, qui a appelé à la grève mercredi.  « Deux éventuels investisseurs » ont manifesté un intérêt à un autre projet bâti par son syndicat et la CGT « va demander un délai supplémentaire au tribunal » pour explorer cette piste, a-t-il indiqué.

« Il n'y a plus que la FIB en course, on a le choix entre lui et rien » estime pour sa part Nordine Misraoui, de la CFDT, qui « craint une disparition de l'entreprise » et souhaite que Bercy prenne « davantage de temps pour peser les tenants et aboutissants ». « La liquidation judiciaire serait un scandale et un signe de résignation inquiétant », a tweeté mercredi le maire divers-droite de Roubaix Guillaume Delbar. « Le destin de 2.600 familles est en jeu », a-t-il souligné.

Selon HPB, l'enseigne a basculé après un arrêt de la Cour de cassation imposant fin juin aux commerçants de régler les loyers impayés lors de la période Covid. Leur montant s'élève à 70 millions d'euros sur un total de 240 millions de dettes, selon l'actionnaire. En reprenant 511 des 634 magasins de la marque en France et quelque 2.600 salariés sur plus de 3.100, HPB s'était donné en 2020 deux ans pour remettre à l'équilibre l'enseigne, fondée en 1984.

(Avec AFP)