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Carburants : 19% des stations-service connaissent des «difficultés» ce vendredi, Macron appelle au «calme»

L'exécutif demande aux Français de ne pas céder à la «panique», poussant parallèlement TotalEnergies à finaliser ses négociations salariales avec les grévistes.

«Des efforts» pour les salariés : alors que près d'une station sur cinq était en difficulté ce vendredi, le gouvernement français a mis un coup de pression sur TotalEnergies pour mettre fin au conflit social qui provoque depuis une semaine des manques de carburants dans ses stations-service, et dont la fin ne semble pas en vue. «J'appelle les entreprises concernées, qui, pour la plupart, ont quand même de bons résultats, à considérer aussi les demandes d'augmentation de salaire», a déclaré Olivia Grégoire, ministre déléguée aux Petites et moyennes entreprises, sur France Info, sans citer nommément TotalEnergies et ses 10,6 milliards de dollars de bénéfice au premier semestre. «Nous attendons des entreprises (...) des efforts à l'endroit des salariés», a-t-elle dit.

Quelques heures après, Emmanuel Macron s'est également exprimé sur le sujet depuis Prague, en marge d'un sommet européen. Lors d'une conférence de presse vendredi, le président de la République a exhorté les Français à ne pas céder à la «panique». Et de chercher à temporiser : «Le gouvernement est pleinement mobilisé» et envoie un «appel au calme». Selon le chef de l'État, les groupes pétroliers en question «sont en train de finaliser des négociations salariales pour que leurs salariés puissent le plus vite possible retourner au travail.» Salariés qu'Emmanuel Macron appelle à la «responsabilité». L'occasion également de confirmer que le gouvernement «a agi pour mobiliser les réserves stratégiques et nos capacités disponibles pour pouvoir les libérer et alimenter les stations-service qui étaient en rupture.»

Même son de cloche pour Élisabeth Borne, qui a aussi appelé à «la responsabilité» les directions des groupes pétroliers et les représentants du personnel afin que les «négociations salariales aboutissent» et mettent fin aux grèves. «J'appelle vraiment à la responsabilité les directions et les représentants des salariés de ces entreprises pour que ces négociations salariales -puisque c'est de ça qu'il s'agit- aboutissent et ne pénalisent pas les Français», a déclaré la cheffe du gouvernement à l'issue d'une intervention à Bordeaux, lors de la Convention des intercommunalités de France.

Trois raffineries à l'arrêt

Lors d'un micro tendu, vendredi, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a précisé que le mouvement social touchait principalement trois raffineries et deux dépôts de carburant. La plus grande raffinerie de TotalEnergies, près du Havre (Seine-Maritime), est à l'arrêt. D'autres sites du groupe sont en grève. Et les deux raffineries françaises de son concurrent américain Esso-ExxonMobil sont aussi à l'arrêt, dans les deux cas à l'appel de la CGT, afin d'obtenir une hausse des salaires.

Chez le pétrolier français, les grévistes étaient massivement mobilisés au dépôt de carburants de Flandres, près de Dunkerque (Nord), à la «bioraffinerie» de La Mède (Bouches-du-Rhône) et au dépôt de carburants de Grandpuits (Seine-et-Marne) notamment, afin de limiter au maximum la sortie de produits pétroliers, selon la CGT. La mobilisation était nettement moins importante -- 10 à 30% de grévistes -- à la raffinerie de Feyzin (Rhône), mais concentrée sur le service stratégique des expéditions, où la CGT revendiquait «entre 80 et 100% de grévistes», a indiqué à l'AFP Pedro Afonso, élu CGT de cette raffinerie.

Un peu moins de 20% des stations en difficulté

Les blocages des grévistes entraînent une baisse des livraisons de carburant, les stations-service sont donc plus souvent en rupture de stocks d'essence ou de diesel. TotalEnergies gère près du tiers des stations françaises : le mouvement social se ressent donc à travers l'Hexagone. Mais le groupe met aussi les perturbations sur le compte du succès de la remise à la pompe de 20 centimes qu'il accorde depuis le 1er septembre, en sus de la ristourne de l'État.

Les troubles ne touchent qu'un «nombre limité de stations», a tenu à rassurer Agnès Pannier-Runacher, vendredi, faisant état de «80% [qui] fonctionnent normalement» et 19% connaissant des «difficultés». De fortes disparités locales subsistent, les départements des Hauts-de-France étant particulièrement touchés : dans le Pas-de-Calais, «42%» des stations étaient en difficulté, vendredi, contre 52% la veille. Des chiffres établis respectivement à 43% et 47% dans le Nord, toujours selon la ministre, qui s'est appuyée sur les remontées des préfets.

«Importantes», les tensions s'apaisent peu à peu, a-t-elle ajouté, mais le retour à la normale va prendre du temps. Outre le recours aux stocks stratégiques pour soulager des stations, du carburant a été acheminé depuis la Belgique ainsi que par bateau, depuis Rouen. Les camions-citernes seront aussi exceptionnellement autorisés à circuler dimanche en raison des «difficultés assez localisées, mais importantes», a annoncé Clément Beaune, qui a réuni vendredi matin les fédérations des transporteurs «pour voir localement où on peut améliorer l'approvisionnement».

Appels au calme

Plusieurs ministres ont aussi demandé aux Français d'éviter de multiplier les achats de panique, qui risquent d'aggraver la situation. Des automobilistes inquiets peuvent avoir «tendance à aller faire [leur] plein de manière plus marquée que d'habitude, ce qui peut induire une pression supplémentaire» sur les stations, a noté Agnès Pannier-Runacher, ajoutant que les services de l'État avaient effectivement constaté une «augmentation» des ventes de carburants sur le territoire national. Le comportement de certains automobilistes a d'ailleurs poussé l'État à interdire la vente et l'achat de carburant dans des jerricans et bidons, notamment dans certains départements des Hauts-de-France. «Ceux qui peuvent attendre un tout petit peu, ne vous ruez pas sur les stations-service parce que ça accroîtra le problème», a demandé Clément Beaune lors d'un point presse.

Le retour à la normale prendra du temps, malgré une amélioration en fin de semaine. «C'est un sujet logistique, pas de disponibilité», a précisé la ministre chargée de la Transition énergétique. De leur côté, les grévistes se montrent inflexibles. Depuis la raffinerie de Feyzin, Pedro Afonso a déploré un «silence radio complet de notre direction qui ne nous rencontre pas et qui ne veut absolument pas faire avancer les choses».

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Alors que la CGT réclame 10% d'augmentation sur 2022 -- 7% pour l'inflation, 3% pour «le partage de la richesse» --, la direction rappelle depuis le début qu'elle a octroyé des mesures salariales représentant une augmentation moyenne de 3,5% en 2022 et renvoie à une séance de négociations prévue le 15 novembre... pour les salaires de 2023. «S'il faut tenir jusqu'au 15 novembre, il n'y a pas de soucis», a assuré Pedro Afonso, assurant pouvoir compter sur une importante «caisse de solidarité», créée pour compenser les éventuelles pertes de salaires qu'occasionnerait le conflit pour les grévistes.

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