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Carême 2023 - “Dieu vous aime !, est la plus belle nouvelle que l’Église fait retentir” déclare le cardinal Cantalamessa

NOUS AVONS BESOIN DE THÉOLOGIE !

Pour votre et ma consolation, Saint-Père, vénérables pères, frères et sœurs, cette méditation sera entièrement et uniquement centrée sur Dieu. La théologie, c’est-à-dire le discours sur Dieu, ne peut rester étrangère à la réalité du Synode, de même qu’elle ne peut rester étrangère à tout autre moment de la vie de l’Église. Sans la théologie, la foi deviendrait facilement une répétition morte ; il lui manquerait l’outil principal de son inculturation.

Pour remplir cette tâche, la théologie elle-même a besoin d’un profond renouveau. Ce dont le peuple de Dieu a besoin, c’est d’une théologie qui ne parle pas toujours de Dieu et seulement "à la troisième personne", avec des catégories souvent empruntées au système philosophique du moment, incompréhensibles en dehors du petit cercle des "initiés". Il est écrit que "le Verbe s’est fait chair", mais en théologie, souvent le Verbe n’était qu’une idée ! Karl Barth espérait l’avènement d’une théologie "capable d’être prêchée", mais cet espoir me semble loin d’être encore réalisé. Saint Paul a écrit : « L’Esprit connaît bien tout, même les profondeurs de Dieu… Personne n’a jamais connu les secrets de Dieu sinon l’Esprit de Dieu. Or, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit de Dieu pour connaître ce que Dieu nous a donné » (1 Co 2, 10-12).

Mais où trouver maintenant une théologie qui s’appuie sur le Saint-Esprit, plutôt que sur les catégories de la sagesse humaine, pour connaître « les profondeurs de Dieu » ? Pour cela, il faut recourir à des matières dites "optionnelles": à la "théologie spirituelle", ou à la "théologie pastorale". Henri de Lubac écrit : « Le ministère de la prédication n’est pas la vulgarisation d’un enseignement doctrinal sous une forme plus abstraite, qui lui serait antérieure et supérieure. C’est au contraire l’enseignement doctrinal lui-même, dans sa forme la plus élevée. C’était vrai de la première prédication chrétienne, celle des apôtres, et c’est également vrai de la prédication de ceux qui leur ont succédé dans l’Église : les Pères, les Docteurs et nos Pasteurs d’aujourd’hui » (1).

Je suis convaincu qu’il n’y a pas de contenu de la foi, aussi élevé soit-il, qui ne puisse être rendu compréhensible à toute intelligence ouverte à la vérité. S’il y a une chose que nous pouvons apprendre des Pères de l’Église, c’est qu’on peut être profond sans être obscur. Saint Grégoire le Grand dit que la Sainte Écriture est "simple et profonde, comme un fleuve dans lequel, pour ainsi dire, un agneau peut marcher et un éléphant peut nager" (2). La théologie devrait s’inspirer de ce modèle. Chacun doit pouvoir trouver du pain pour ses dents : le simple, sa nourriture et le savant, raffiné, pour son palais. Sans oublier que ce qui reste caché "aux sages et intelligents" est souvent révélé aux "petits".

Mais je m’excuse de rompre ma promesse initiale. Ce n’est pas un discours sur le renouveau de la théologie que j’entends faire ici. Je n’ai aucun titre pour le faire. Je voudrais plutôt montrer comment la théologie, entendue dans le sens mentionné ci-dessus, peut contribuer à présenter de manière significative le message évangélique à l’homme d’aujourd’hui et à donner un nouveau souffle à notre foi et à notre prière.

La plus belle nouvelle que l’Église se charge de faire retentir dans le monde, celle que tout cœur humain s’attend à entendre, c’est : « Dieu vous aime ! » Cette certitude doit ébranler et remplacer celle que nous avons toujours portée en nous : « Dieu vous juge ! » L’affirmation solennelle de Jean : « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8) doit accompagner, comme une note de fond, toute annonce chrétienne, même lorsqu’elle doit rappeler, comme le fait l’Évangile, les exigences pratiques de cet amour.

Lorsque nous invoquons l’Esprit Saint - également à l’occasion actuelle du Synode - nous pensons avant tout à l’Esprit Saint comme une lumière qui nous éclaire sur les situations et suggère les bonnes solutions. Nous pensons moins au Saint-Esprit comme amour ; c’est plutôt la première et la plus essentielle opération de l’Esprit dont l’Église a besoin. Seule la charité construit ; les connaissances – même les connaissances théologiques, juridiques et ecclésiastiques – ne font souvent que gonfler et diviser. Si nous nous demandons pourquoi nous sommes si désireux de savoir (et aujourd’hui, si enthousiasmés par la perspective de l’intelligence artificielle !) et si peu soucieux d’aimer, la réponse est simple : c’est que la connaissance se traduit en pouvoir, l’amour plutôt en service !

Henri de Lubac lui-même écrivait : « Le monde a besoin de le savoir : la révélation du Dieu d’Amour bouleverse tout ce qu’il avait conçu de la divinité » (3). À ce jour, nous n’avons pas fini (et nous ne finirons jamais) de tirer toutes les conséquences de la révolution évangélique sur Dieu comme amour. Dans cette méditation, je voudrais montrer comment, à partir de la révélation de Dieu comme amour, les principaux mystères de notre foi – la Trinité, l’Incarnation et la Passion du Christ – s’éclairent d’une lumière nouvelle et comme il devient plus facile de les faire comprendre aux hommes. Lorsque saint Paul définit les ministres du Christ comme « dispensateurs des mystères de Dieu » (1 Co 4, 1), il entend ces mystères de la foi, il ne se réfère pas aux rites ni même principalement aux sacrements.

POURQUOI LA TRINITÉ

Commençons par le mystère de la Trinité : pourquoi nous, chrétiens, croyons-nous que Dieu est un et trinitaire ? Plus d’une fois, je me suis retrouvé à prêcher la parole de Dieu à des chrétiens qui vivent dans des pays à majorité islamique, où il existe cependant une relative tolérance et la possibilité d’un dialogue, comme c’est le cas aux Émirats arabes unis. Ce sont des personnes, pour la plupart des immigrés, employées comme main-d’œuvre. Ils m’ont parfois demandé quoi répondre à la question qu’on leur pose sur leur lieu de travail : "Pourquoi vous, chrétiens, vous dites-vous monothéistes, si vous ne croyez pas en un seul et unique Dieu ?"

Je dis ce que je leur ai conseillé de répondre, car c’est l’explication que nous devons nous donner à nous-mêmes et à ceux qui nous interrogent sur le même problème. Nous croyons en un Dieu trinitaire parce que nous croyons que Dieu est amour. Tout amour est amour de quelqu’un ou de quelque chose ; il n’y a pas d’amour vide, sans objet, comme il n’y a pas de connaissance qui ne soit connaissance de quelqu’un ou de quelque chose.

Maintenant, qui aime que Dieu soit appelé amour ? L’univers ? L’humanité ? Mais alors ce n’est l’amour que depuis quelques dizaines de milliards d’années, c’est-à-dire depuis l’existence de l’univers physique et de l’humanité. Avant cela, qui aimait Dieu pour être amour, puisque Dieu ne peut pas changer et commencer à être ce qu’il n’était pas auparavant ? Les penseurs grecs, concevant Dieu avant tout comme « pensée », pouvaient répondre, comme le fait Aristote dans sa Métaphysique : Dieu s’est pensé ; c’était la « pensée pure », la « pensée de la pensée ». Mais ce n’est plus possible, quand on dit que Dieu est amour, car le « pur amour de soi » ne serait qu’égoïsme ou narcissisme (4).

Et voici la réponse de la révélation, définie au Concile de Nicée en 325. Dieu a toujours été amour, ab aeterno, car avant même qu’il y ait un objet extérieur à aimer, il avait en lui le Verbe, "le Fils unique" qu’il aimait d’un amour infini qui est le Saint-Esprit.

Tout cela n’explique pas comment l’unité peut être en même temps trinité, un mystère inconnaissable pour nous parce qu’il ne se produit qu’en Dieu, mais cela nous aide à comprendre pourquoi en Dieu l’unité doit aussi être communion et pluralité. Dieu est amour : donc il est Trinité ! Un Dieu qui était connaissance pure ou loi pure, ou pouvoir absolu, n’aurait certainement pas besoin d’être trinitaire. Cela compliquerait en fait les choses. Aucun triumvirat et aucune dyarchie n’ont jamais duré longtemps dans l’histoire !

Les chrétiens croient donc aussi en l’unité de Dieu et sont donc monothéistes ; une unité, cependant, non pas mathématique et numérique, mais d’amour et de communion. S’il y a quelque chose dont l’expérience de l’annonce montre qu’il est encore capable d’aider aujourd’hui, sinon à expliquer, du moins à se faire une idée de la Trinité, c’est bien là, je le répète, ce qui s’articule autour de l’Amour. Dieu est un "acte pur" et cet acte est un acte d’amour, d’où émergent simultanément et ab aeterno un amant, un être aimé et l’amour qui les unit.

Le mystère des mystères n’est pas, en y pensant, la Trinité, mais comprendre ce qu’est vraiment l’amour ! Puisque c’est l’essence même de Dieu, il ne nous sera pas donné de comprendre pleinement ce qu’est l’amour, pas même dans la vie éternelle. Cependant, quelque chose de mieux nous sera donné que de le connaître, c’est-à-dire de le posséder et de s’en contenter éternellement. Vous ne pouvez pas embrasser l’océan, mais vous pouvez y entrer !

POURQUOI L’INCARNATION ?

Passons à l’autre grand mystère à croire et à annoncer au monde : l’Incarnation du Verbe. À la lumière de la révélation de Dieu comme amour, cela aussi, nous le verrons, acquiert une nouvelle dimension. Je vous demande pardon si dans cette partie je demande peut-être un effort d’attention plus grand que ce qui est légitimement demandé aux auditeurs dans un sermon, mais je crois que l’effort vaut la peine d’être fait au moins une fois dans sa vie.

Repartons de la fameuse question de saint Anselme (1033-1109) : « Pourquoi Dieu s’est-il fait homme ? Cur Deus homo ? » Sa réponse est connue. C’est parce qu’un seul qui était à la fois homme et Dieu pouvait nous racheter du péché. En tant qu’homme, en effet, il pouvait représenter toute l’humanité et, en tant que Dieu, ce qu’il faisait avait une valeur infinie, proportionnée à la dette que l’homme avait contractée envers Dieu en péchant.

La réponse de saint Anselme est éternellement valable, mais elle n’est pas la seule possible, ni entièrement satisfaisante. Dans le Credo nous professons que le Fils de Dieu s’est fait chair « pour nous les hommes et pour notre salut », mais notre salut ne se limite pas à la seule rémission des péchés, encore moins d’un péché particulier, le péché originel. Il y a donc place pour un approfondissement de la foi.

C’est ce que tente de faire le bienheureux Duns Scot (1265 – 1308). Dieu - dit-il - s’est fait homme parce que tel était le plan divin originel, antérieur à la chute elle-même : c’est-à-dire que le monde - créé « par le Christ et pour lui » (Col 1, 16) - trouverait en lui, « dans la plénitude des temps », son couronnement et sa récapitulation (Eph 1, 10).

Dieu, écrit Scot, « s’aime par-dessus tout » ; alors « il veut être aimé par quelqu’un qui l’aime plus que lui-même » ; donc "il prévoit l’union avec la nature qui était censée l’aimer au plus haut degré". Cet amant parfait ne pouvait être aucune créature, étant finie, mais seulement le Verbe éternel. Il se serait donc incarné "même si personne n’avait péché". Le péché d’Adam n’a pas déterminé le fait même de l’incarnation, mais seulement sa modalité d’expiation par la passion et la mort (5).

À l’origine de tout, il y a encore malheureusement en Scot, on le voit, un Dieu à aimer plus qu’un Dieu qui aime. C’est un vestige de la vision philosophique de Dieu comme un "moteur immobile", qui peut être aimé, mais ne peut pas aimer. "Dieu - écrivait Aristote - meut le monde comme il est aimé" (6), c’est-à-dire comme objet d’amour et non comme il aime. Conformément à la vision occidentale de la Trinité, Scot place la nature divine, et non la personne du Père, au début du discours sur Dieu, et la nature, contrairement à la personne, n’est pas un sujet aimant ! En cela nos frères orthodoxes, héritiers des Pères grecs, ont vu plus juste que nous Latins.

Sur ce point, l’Écriture nous appelle tous, je crois, à faire aujourd’hui un pas en avant, même à l’égard de Scot, toujours conscients cependant que nos affirmations sur Dieu ne sont que de faibles signes tracés du doigt à la surface de l’océan. Dieu le Père décide l’incarnation du Verbe non pas parce qu’il veut avoir quelqu’un hors de son esprit, digne de lui-même, qui l’aime, mais parce qu’il veut avoir quelqu’un hors de son esprit à aimer dignement ! Pas pour recevoir de l’amour, mais pour le donner. En présentant Jésus au monde, dans le Baptême et dans la Transfiguration, le Père céleste dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé » (Mc 1, 11 ; 9,7) ; il ne dit pas : "l’amant", mais "l’aimé".

Seul le Père, dans la Trinité (et dans tout l’univers !), n’a pas besoin d’être aimé pour exister ; il a juste besoin d’aimer. C’est ce qui garantit le rôle du Père comme unique source et origine de la Trinité, tout en maintenant la parfaite égalité de nature entre les trois personnes divines. Il y a, à l’origine de tout, l’intuition fulgurante d’Augustin et de l’école née de lui. Il définit le Père comme l’amant, le Fils comme le bien-aimé et le Saint-Esprit comme l’amour qui les unit (7). En cela, nous, Latins, avons nous aussi quelque chose de précieux et d’essentiel à offrir pour une synthèse œcuménique. Grâce à Dieu, une pleine réconciliation entre les deux théologies ne semble plus si difficile et lointaine, ce qui marquerait une avancée décisive vers l’unité des Églises.

POURQUOI LA PASSION ?

Nous arrivons maintenant au troisième grand mystère : la passion du Christ que nous nous apprêtons à célébrer à Pâques. Voyons comment, à partir de la révélation de Dieu comme amour, elle aussi s’éclaire d’une nouvelle lumière. « C’est par ses blessures que vous avez été guéris » : par ces paroles prononcées par le Serviteur de Jéhovah (Is 53, 5-6), la foi de l’Église a exprimé le sens salvifique de la mort du Christ (1 P 2, 24). Mais les blessures, la croix et la douleur - faits négatifs et, en tant que tels, seule privation de bien - peuvent-elles produire une réalité positive telle que le salut de toute l’humanité ? La vérité est que nous n’avons pas été sauvés par la douleur du Christ, mais par son amour ! Plus précisément, de l’amour qui s’exprime dans le sacrifice de soi. De l’amour crucifié !

À Abélard qui, déjà en son temps, trouvait répugnante l’idée d’un Dieu « content » de la mort de son Fils, saint Bernard répondit : « Ce n’est pas sa mort qui lui a plu, mais sa volonté de mourir spontanément pour nous » : Non mors, sed voluntas placuit sponte morientis(8).

La douleur du Christ garde toute sa valeur et l’Église ne cessera de la méditer : non pas cependant comme une cause de salut en soi, mais comme un signe et une démonstration d’amour : « Dieu manifeste son amour envers nous en ce que, tandis que nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rm 5, 8). La mort est le signe, l’amour le sens. L’évangéliste saint Jean place comme clé de compréhension le début de son récit de la Passion : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin » (Jn 13, 1).

Cela enlève à la passion du Christ une connotation qui nous a toujours laissés perplexes et insatisfaits : l’idée d’un prix et d’une rançon à payer à Dieu (ou, pire, au diable !), d’un sacrifice pour apaiser la colère divine. En réalité, c’est plutôt Dieu qui a fait le grand sacrifice de nous donner son Fils, de ne pas "l’épargner", comme Abraham a fait le sacrifice de ne pas épargner son fils Isaac (Gn 22, 16 ; Rm 8, 32). Dieu est plus le sujet que le destinataire du sacrifice de la croix !

UN AMOUR DIGNE DE DIEU

Maintenant, nous devons voir ce que la vérité que nous avons contemplée dans les mystères de la Trinité, de l’Incarnation et de la Passion du Christ change dans nos vies. Et ici, la surprise qui ne manque jamais nous attend lorsque nous essayons de plonger dans les trésors de la foi chrétienne. La surprise est de découvrir que, grâce à notre incorporation au Christ, nous pouvons nous aussi aimer Dieu d’un amour infini, digne de lui !

Saint Paul écrit que : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs » (Rm 5, 5). L’amour qui a été répandu en nous est le même avec lequel le Père a toujours aimé le Fils, pas un amour différent ! "Moi en eux et toi en moi - dit Jésus au Père - afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux" (Jn 17, 23.26). Remarquez : "l’amour dont tu m’as aimé", pas un autre. C’est un débordement d’amour divin de la Trinité vers nous. Dieu communique à l’âme - écrit saint Jean de la Croix - "le même amour qu’il communique au Fils, même si cela ne se fait pas par nature, comme dans le cas du Fils, mais par union" (9).

La conséquence est que nous pouvons aimer le Père avec l’amour dont le Fils l’aime et nous pouvons aimer Jésus avec l’amour dont le Père l’aime. Tout, grâce au Saint-Esprit qui est ce même amour. Que donnons-nous donc à Dieu en propre, quand nous lui disons : "Je t’aime !" ? Rien que l’amour que nous recevons de lui ! Donc absolument rien de notre part ? Notre amour pour Dieu n’est-il peut-être rien d’autre qu’un « rebondissement » de son propre amour envers lui, comme l’écho qui renvoie le son à sa source ?

Pas dans ce cas ! L’écho de son amour revient vers Dieu du creux de notre cœur, mais avec une nouveauté qui est tout pour Dieu : le parfum de notre liberté et de notre gratitude d’enfants ! Tout cela s’accomplit, de manière exemplaire, dans l’Eucharistie. Qu’y faisons-nous, sinon offrir au Père, comme « notre sacrifice », ce que, en réalité, le Père lui-même nous a donné, à savoir son Fils Jésus ?

Nous pouvons dire à Dieu le Père : « Père, je t’aime de l’amour dont ton Fils Jésus t’aime ! » Et dites à Jésus : « Jésus, je t’aime de l’amour dont ton Père céleste t’aime ». Et savoir avec certitude que ce n’est pas un vœu pieux ! Chaque fois que j’essaie de prier moi-même, cela me rappelle l’épisode de Jacob qui se présente à son père Isaac pour recevoir la bénédiction, se faisant passer pour son frère aîné (Gn 27, 1-23). Et j’essaie d’imaginer ce que Dieu le Père pourrait se dire à ce moment-là : « Vraiment, la voix n’est pas vraiment celle de mon Fils premier-né ; mais les mains, les pieds et tout le corps sont les mêmes que mon Fils a pris sur la terre et amenés ici au ciel ».

Et je suis sûr qu’il me bénit, comme Isaac a béni Jacob ! Et il vous bénit tous, vénérables pères, frères et sœurs. C’est la splendeur de notre foi chrétienne. Nous espérons pouvoir en transmettre quelques fragments aux hommes et aux femmes de notre temps, qui ont soif d’amour mais en ignorent la source.