Le drame s’est immédiatement transformé en symbole de la condition faite aux noirs au Brésil. Les circonstances s’y prêtaient : le contexte de discrimination latente et de violence policière à l’égard des Noirs, le souffle de révolte venu des Etats-Unis depuis la mort de l’afro-américain Georges Floyd, tué par un policier, et le fait que le décès de João Alberto Silveira Freitas, tabassé à mort par des vigiles employés par Carrefour, a eu lieu à la veille de la journée dite « de la conscience noire »
A Salvador, Brasilia, São Paulo, les manifestions de quelques centaines à quelques milliers de personne brandissant, en guise de banderoles, le logo de la marque tâché de sang se sont multipliées. L’inscription Vidas negras importam , traduction en Portugais du slogan "black lives Matter", la vie des noirs compte, orne désormais l’asphalte de l’avenida Paulista, les champs Elysées de São Paulo. Enfin, le ministère public de l’état du Rio grande do Sul, où se situe Porto Alegre, a annoncé son intention de réclamer à Carrefour des dommages pour préjudice moral, à hauteur de 200 millions de reais (30 millions d’euros). L’exposition est maximum pour l’enseigne, avec des tranches de 10 minutes consacrées à l’affaire dans le 20 h local, le jornal nacional de TV Globo..
Le drame s’est immédiatement transformé en symbole de la condition faite aux noirs au Brésil. Les circonstances s’y prêtaient : le contexte de discrimination latente et de violence policière à l’égard des Noirs, le souffle de révolte venu des Etats-Unis depuis la mort de l’afro-américain Georges Floyd, tué par un policier, et le fait que le décès de João Alberto Silveira Freitas, tabassé à mort par des vigiles employés par Carrefour, a eu lieu à la veille de la journée dite « de la conscience noire » A Salvador, Brasilia, São Paulo, les manifestions de quelques centaines à quelques milliers de personne brandissant, en guise de banderoles, le logo de la marque tâché de sang se sont multipliées. L’inscription Vidas negras importam , traduction en Portugais du slogan "black lives Matter", la vie des noirs compte, orne désormais l’asphalte de l’avenida Paulista, les champs Elysées de São Paulo. Enfin, le ministère public de l’état du Rio grande do Sul, où se situe Porto Alegre, a annoncé son intention de réclamer à Carrefour des dommages pour préjudice moral, à hauteur de 200 millions de reais (30 millions d’euros). L’exposition est maximum pour l’enseigne, avec des tranches de 10 minutes consacrées à l’affaire dans le 20 h local, le jornal nacional de TV Globo..
Le risque d’un nouveau drame persiste
Les contrefeux n’ont pas encore produit l’effet escompté : ni les regrets exprimés sur twitter par Alexandre Bompart, le président du groupe à Paris, ni les fonds débloqués, à hauteur symbolique de deux jours de profits de la filiale brésilienne, pour alimenter des programmes de formation à la lutte contre les discriminations. En même temps, la pression pourrait vite retomber.La bourse a marqué le coup avec une baisse ponctuelle du titre de 5%, mais les investisseurs ne croient pas à l’appel au boycott international lancé par des associations, et estiment qu’il y a peu de chance de voir les clients, en majorité de classe moyenne et supérieure, peu concernés par les discriminations, se détourner de la marque. Carrefour Brésil reste le premier distributeur du pays, à quasi égalité avec le groupe Pão de Açúcar de Casino : 62 milliards de réais (10 milliards d'euros) de chiffres d'affaires en 2019. Le risque d’un nouveau drame, et donc d’une nouvelle crise, persistera cependant pour des enseignes de grande distribution placées au centre des tensions de la société brésilienne.
Discriminations masquées
Les premières fois, c'est surprenant pour un visiteur Français : il n’y a pas de barrières, ni de portillons à franchir pour pénétrer dans les Carrefour et autres Pão de Açucar au Brésil. En réalité, la surveillance, bien effective, via caméras et vigiles, n’est ressentie que par une partie de la population : les noirs, métis et plus généralement les personnes de condition modeste, qui pénètrent souvent avec appréhension dans ces magasins trop chers pour eux. C’est une situation, parmi d’autres, qui illustre le système de discrimination en place : présent au quotidien, mais difficile à observer et officiellement nié, tout récemment encore par le vice-président Hamilton Mourão écartant d'emblée le caractère raciste du crime de Porto Alegre, au motif que « le racisme n’existe pas au Brésil."