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Charbon, pétrole, gaz... une centaine de députés européens exhortent l'UE et ses banques à bannir tout projet « climaticide »

Une prise de position historique : voilà en substance ce qu'attendent de l'Union européenne une centaine d'élus européens. Dans une lettre consultée ce mardi 7 février par l'AFP, ils indiquent que l'UE « doit passer à la vitesse supérieure en contraignant par la loi les multinationales fossiles et les acteurs financiers à renoncer à tout nouveau projet dans le charbon, le pétrole et le gaz ».

Ils demandent ainsi « à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen de proposer d'urgence une législation européenne » qui « empêche toute nouvelle exploitation d'énergies fossiles » par des groupes européens tel que « TotalEnergies ou Shell ».

L'initiative a été lancée par les députés européens Raphaël Glucksmann (groupe S&D) et Karima Delli (EELV) ainsi que le bourgmestre de la commune belge de Charleroi, Paul Magnette. La lettre est signée notamment par Yannick Jadot (EELV), Olivier Faure (PS), Delphine Batho (EELV) ou encore les maires de Strasbourg, Jeanne Barseghian (PS) et de Grenoble Eric Piolle (EELV). Au total, ils sont 100 signataires - eurodéputés, élus français, maires.

« Nous demandons également à Ursula von der Leyen de défendre publiquement l'idée de traité de non-prolifération des énergies fossiles », détaillent les élus. « C'est maintenant qu'il faut agir, avant qu'il ne soit définitivement trop tard », ajoutent les 100 signataires. Leur lettre sera présentée ce mardi 7 février dans l'après-midi lors d'un évènement à Bruxelles baptisé « stop aux superprofits sur le dos de la planète ».

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Les banques aussi dans le viseur

Les élus réclament également une législation « qui empêche le secteur financier européen de fournir des services financiers à ce type de projet et aux entreprises qui ne renonceraient pas rapidement à développer ce type de projet climaticide ».

Les banques tâchent de devenir plus « vertes » ces dernières années, comme le montre un rapport publié fin 2022 par ShareAction. Mais cette ONG britannique relève qu'il y a encore « beaucoup de chemin à parcourir ». L'association a scruté les politiques des 25 premières banques européennes, qui se sont engagées à atteindre un net zéro émission de carbone d'ici 2050, à travers plusieurs critères (gouvernance du climat, risques climatiques, stratégie en matière de biodiversité...).

Si elle salue les actions menées, elle dénonce toujours le manque de transparence des banques, notamment dans le soutien aux secteurs à forte émission de carbone, la difficulté de saisir une grande partie du financement des secteurs à forte intensité de carbone et les « lacunes » dans les politiques de réduction de financement des industries fossiles, ce qui rendrait hors de portée l'objectif de contenir le réchauffement à +1,5 °C, conformément aux accords de Paris.

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Les banques sont régulièrement visées par des attaques d'activistes. La dernière en date vise notamment BNP Paribas, mise en demeure par trois ONG, pour exiger de la banque « à cesser immédiatement tout financement de nouveaux projets fossiles ». La réponse des banques, notamment françaises, est de dire qu'elles font déjà ce qu'elles peuvent, sur des sujets très complexes où tous les indicateurs ne sont pas encore disponibles, et qu'elles ne peuvent pas aller plus vite que le rythme de décarbonation de l'économie elle-même.

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C'est finalement un exemple qui montre que, en l'absence de réglementation, les industriels ont la voie libre. Cinq défenseuses de l'environnement avaient pressé en novembre TotalEnergie et ses soutiens financiers de cesser leurs projets « climaticides » en Afrique du Sud, accusés de menacer la faune marine et la pêcherie artisanale, ainsi que d'aggraver la crise climatique.

Elles indiquent ce mardi 7 février regretter le peu de réponses positives de la part des banques interpellées. « Globalement on n'a que quatre acteurs financiers - la banque italienne UniCredit et trois assureurs - Generali, Hannover RE et HDi Global - qui se sont engagés à ne pas soutenir explicitement » ces projets, a expliqué l'une d'elle, Lucie Pinson. Certaines banques (comme Crédit Agricole ou BNP Paribas) ont simplement renvoyé à leur politique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) tandis que la grande majorité (dont Axa et Société Générale) n'a tout simplement pas répondu.

Ces cinq défenseuses de l'environnement - Claire Nouvian (Bloom), Liziwe McDaid (The Green Connection), Makoma Lekalakala (Earthlife Africa), Heffa Schücking (Urgewald) et Lucie Pinson (Reclaim Finance) - sont lauréates du prestigieux prix Goldman de l'environnement - parfois qualifié de prix Nobel vert.

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(Avec AFP)