France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Charente: ils ont fait le choix de la stérilisation

Prendre sa part pour la contraception

Pourquoi ce choix ? « Souvent, c’est pour participer à l’effort du couple en matière de contraception », indique le Dr Bon. « C’est devenu beaucoup plus naturel pour les hommes de 30-40 ans.” Avant l’opération, il reçoit les patients pour une consultation en forme d’explication pédagogique. Un délai de 4 mois est nécessaire entre le premier rendez-vous et celui qui fixera les modalités de l’acte opératoire. L’intervention est en effet encadrée par une loi de juillet 2001.

« Participer à l’effort du couple », c’est ce qui a motivé Damien Thomas, 37 ans, d’Orgedeuil. « Après notre dernier enfant, avec ma femme, on en a parlé », dit-il. « Elle ne voulait plus prendre de contraception… Sur le coup je n’étais pas très emballé, mais je n’étais pas très renseigné. » Il s’informe et en apprend davantage sur cette « opération bégnine » d’à peine trente minutes. Il a pris sa part. « Ma femme a eu deux césariennes pour nos deux enfants… », souffle-t-il. Et pas question d’envisager une ligature des trompes. « C’est beaucoup plus violent ! » En janvier dernier, il s’est fait opérer au centre hospitalier d’Angoulême.

Ici même où Laurent, 49 ans, avait subi la même intervention il y a dix ans. « À l’époque, les infirmières m’avaient accueilli comme si c’était un acte héroïque », sourit aujourd’hui ce Charentais. « Pour nous, cela a été compliqué d’avoir un enfant. Mon épouse a subi beaucoup de traitements avec des hormones, des injections… La grossesse a été complexe et on ne voulait pas prendre de risque derrière. » Alors quand le bébé est arrivé, Laurent a dit à sa femme : « si ce n’est pas toi, c’est moi. C’est un acte d’amour et je n’ai aucun regret. » Il s’est fait opérer. « À l’époque, il y avait un tabou, ça partait sur de la déconnade. Quand j’en parlais à des amis, ils pensaient qu’on ne pouvait plus avoir d’érection, ils confondaient tout. »

Les témoins interrogés ainsi que le Dr Bon le confirment : la vasectomie n’affecte en rien la libido et la sexualité. Les douleurs postopératoires sont aussi très rares. « Une semaine après, j’ai pu recourir », dit Guillaume, un Sojaldicien de 36 ans opéré en novembre 2022 au centre Clinical. « J’ai une fille qui a six ans et avec ma femme, on savait qu’on ne voulait plus d’enfants. » Lui aussi a fait ce choix pour ne plus que son épouse « prenne une pilule qui bousille le corps. Et puis quand on voit le monde actuel, on n’a pas envie d’avoir d’autres enfants dans un foutoir pas possible. »

Cédric Fontagne, quant à lui, ne voulait plus prendre le risque d’un « bébé accident… » Opéré il y a huit mois à Royan, ce Cognaçais papa de trois filles a franchi le pas, certain qu’il ne voulait plus d’enfant. « A 45 ans, j’ai tourné une page de ma vie », dit-il, quelques mois après s’être séparé de sa femme. « Au moins, maintenant, je joue la sécurité. » Le Dr Didier Bon confie enfin qu’il a des « demandes d’hommes qui n’ont pas d’enfant. C’est toujours un peu plus compliqué, on passe un peu plus de temps d’explications. »

1 Le centre Clinical de Soyaux et l’hôpital de Cognac réalisent aussi cette opération.

Une intervention définitive

Dans le détail, cette opération de stérilisation masculine consiste à « ligaturer les deux canaux déférents pour empêcher les spermatozoïdes de se mélanger au liquide spermatique », détaille le document de l’association française d’urologie. Le Dr Didier Bon précise qu’il présente cette intervention comme définitive même si on peut lire le contraire sur internet. La vasovasostomie est en effet une technique chirurgicale mineure utilisée pour renverser l’effet de la vasectomie afin de redevenir fertile. « Ce n’est pas parce qu’on remet la tuyauterie en route qu’on récupère la possibilité de faire des enfants et que le testicule se remet à produire des spermatozoïdes ! » Qui préconise plutôt à ses patients de profiter du délai de 4 mois entre le premier rendez-vous et l’opération pour réaliser une autoconservation de sperme. « Cela permet ensuite de faire une PMA simple et cela marche très bien. J’insiste car ça ne coûte rien ou presque (90€ pour dix ans). C’est intelligent car la vie est compliquée et on ne sait pas ce qui va se produire dix ans à l’avance. » L’urologue donne aussi une précision importante : « la stérilité ne suit pas l’opération immédiatement. Il y a encore des spermatozoïdes entre l’endroit où le canal déférent a été coupé et la prostate. Il faut attendre trois mois pour être stérile et on fait un spermogramme pour vérifier. » Enfin, les échecs sont très rares. « Depuis que je pratique l’opération, je n’ai eu qu’un cas. »