France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Christine and the Queens : les tsunamis existentiels de « Paranoïa, Angels, True Love »

Le nouvel album de l’artiste est marqué par une dimension spirituelle qui s’exprime à travers une délicatesse émotionnelle.

Article réservé aux abonnés

En novembre 2022, l’album de Redcar, Les Adorables Etoiles, annoncé comme un prologue à l’imposant triple CD – ou vinyle – de Christine and the Queens que constitue aujourd’hui Paranoïa, Angels, True Love, déstabilisait (tout en fascinant, après plusieurs écoutes) par ses audaces théâtrales, ses structures pop violentées, des voix fuyant la proximité. Egalement étonnant et formellement atypique, le volumineux second chapitre de ce « geste opératique » accueille cette fois l’auditeur avec plus de bienveillance.

Peut-être parce qu’après un disque perturbé et dynamisé par la mutation identitaire d’une Christine/Chris/Redcar désormais genré au masculin, ce nouvel album – dont l’écriture a précédé Les Adorables Etoiles – nous replonge dans le deuil qui avait accéléré cette transformation. Habités par le chagrin de la perte brutale de sa mère, inspirés aussi par Angels in America, l’œuvre du dramaturge américain Tony Kushner, évocation tentaculaire du sida et de la marginalité dans le New York des années 1980, les vingt titres et trois mouvements – Paranoïa, Angels et True Love – se déploient dans une intimité cernée par les pleurs, les dérives somnambuliques, les quêtes d’au-delà.

Des tsunamis existentiels ébranlent régulièrement l’ensemble. Qu’il s’agisse de méandres d’angoisses fracassées par les machines (les onze minutes de Track 10), d’imprécations solennelles (le crispant He’s Been Shining Forever, Your Son), d’échanges mystiques avec une créature omnisciente, incarnée par Madonna, le temps de trois caméos récitatifs (Angels Crying in My Bed, I Met an Angel et Lick the Light Out) où l’icône pop matriarcale redevient actrice.

Marvin Gaye en parrain

Mais la dimension spirituelle s’exprime surtout à travers une délicatesse émotionnelle, au sens le plus soul de l’âme. Premier parrain de cette approche frissonnante des sentiments et de la peine, Marvin Gaye rayonne, notamment, sur le magnifique premier tiers de l’album. D’abord grâce à un sample de cordes tiré de Feel All My Love Inside (1976), qui hante le lancinant Tears Can Be So Soft. Puis « nominativement » et stylistiquement dans Marvin Descending, dont l’élégance aérienne et les percussions rappellent celles d’Inner City Blues (Make Me Wanna Holler) (1971).

Tout comme dans A Day in the Water ou Angels Crying in My Bed, ce détournement de l’ange de la Motown se pare d’un minimalisme hypnotique souvent serti de cordes ténébreuses, beats décharnés ou nuages synthétiques virant à l’orage, tels qu’en agençaient les as du spleen trip hop (Massive Attack, Portishead).

Il vous reste 32.06% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.