France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Cognac Drouet prend de la bouteille à l’export

Cognac Drouet prend de la bouteille à l’export
Patrick et Corinne Drouet au sein de leur chai, à Salles-d’Angles.

Photo Quentin Petit

Par Céline GUIRAL - c.guiral@charentelibre.fr, publié le 6 février 2023 à 19h35.

Corinne et Patrick Drouet ont repris il y a tout juste 30 ans les commandes de l’entreprise installée à Salles-d’Angles. Et créé une marque qui s’attaque à de nouveaux marchés export.

À 54 ans, Patrick Drouet porte un regard toujours aussi fasciné sur ses vieux alambics. « Ils ont bien une centaine d’années ceux-ci », déroule ce vigneron et capitaine de la maison de cognac éponyme depuis 30 ans. Face à ces énormes bonbonnes de cuivre ronronnantes, couleur lie-de-vin, la passion du métier est intacte pour ce fils unique et petit-fils de distillateurs qui, très vite (« à 14 ans ») quitte les bancs de l’école pour se relever les manches. L’entreprise familiale (8 permanents en comptant le couple, 600 000 euros de CA sur...

À 54 ans, Patrick Drouet porte un regard toujours aussi fasciné sur ses vieux alambics. « Ils ont bien une centaine d’années ceux-ci », déroule ce vigneron et capitaine de la maison de cognac éponyme depuis 30 ans. Face à ces énormes bonbonnes de cuivre ronronnantes, couleur lie-de-vin, la passion du métier est intacte pour ce fils unique et petit-fils de distillateurs qui, très vite (« à 14 ans ») quitte les bancs de l’école pour se relever les manches. L’entreprise familiale (8 permanents en comptant le couple, 600 000 euros de CA sur l’activité bouteilles) poursuit son développement et notamment à l’export puisqu’elle s’attaque à deux nouveaux marchés : l’Afrique du Sud et Taïwan. Une accélération après le « passage à vide » du covid, soutenu par un service commercial remusclé par un recrutement gagnant qui permet aujourd’hui à cette maison de connaître une croissance à deux chiffres. Un bond en avant tout nuancé, car pour rien au monde, ce couple à la ville comme dans le cognac n’entend pas sacrifier la qualité de ses eaux-de-vie sur l’autel de la productivité. « Nous refusons des commandes », illustre Patrick Drouet pour qui « dans le cognac, le seul secret, c’est le temps ».

C’est en 1993 que le Charentais lance sa marque. « Reprendre l’exploitation familiale, ça signifiait forcément pour moi apposer mon nom sur une étiquette », détaille le producteur dont les grands-parents ont débuté « en tant que domestiques sur l’exploitation ». Puis, dans les années 1970, « mes parents ont commencé à acheter des vignes puis une distillerie. On était alors vraiment dans la petite exploitation de polyculture, avec 12 vaches, un peu de céréales et un alambic de quatre hectolitres. » Une fois aux commandes, « j’ai loué peu à peu des parcelles avant d’en acquérir. Mon grand-père m’a toujours dit « achète quand ça vaut rien ».” Juteux conseil : « J’ai acheté il y a vingt ans, une douzaine d’hectares à 15 400 euros l’hectare à l’époque. Aujourd’hui, on est plutôt autour de 80 000 à 100 000 euros. » L’exploitation s’étend actuellement sur 45 hectares.

Si les Drouet continuent à produire pour les poids lourds du cognac, quelque 25 % de la production passe aujourd’hui sous leur propre bannière. Une marque qu’il s’agit donc de faire vivre pour ces exploitants qui confient « ne jamais avoir fait d’études de marketing ».

Dans le cognac, le seul secret, c’est le temps.
Aux cotés de vieux alambics centenaires.
Aux cotés de vieux alambics centenaires.

Photo Quentin Petit

Aujourd’hui, l’entreprise emploie six permanents, des vignes à l’embouteillage en passant par l’administratif. Et cherche, avec force difficulté, « à recruter un profil pour l’administration des ventes », explique Corinne Drouet qui, jusqu’alors, multipliait les casquettes, de la DRH à la direction des ventes et jusqu’à la chargée de l’export. Cette ancienne guide interprète a rejoint l’entreprise « il y a 16 ans ». La Charente ? « J’y suis venue par amour », confie cette polyglotte.

« Cartel »

L’embauche, à la sortie du covid, de Mariette Abovici en tant que commerciale semble avoir boosté la dynamique. « Nous avons fait sa connaissance via le cabinet de recrutement Homme du Cognac », rembobine Corinne Drouet. « Au début, elle devait bosser un peu dans les vignes. Mais lorsque je l’ai vue débarquer avec son sac à dos, je l’ai mis tout de suite au commercial ! », renchérit son époux. Au début « à temps plein », la jeune femme partage désormais ses compétences entre trois producteurs de spiritueux. C’est elle qui se rendra en Afrique du Sud puis en Taïwan d’ici quelques semaines à la rencontre de distributeurs potentiels et dans la foulée de Wine Paris. Ces derniers appréciant en général « d’avoir l’exclusivité sur chaque marché ». Aujourd’hui, en cognac, « 60 à 65 % de notre production se destine à l’international », estiment les viticulteurs.

Un autre axe intéressant, sur lequel travaille l’entreprise pour s’offrir « de belles vitrines », c’est en tentant de passer un bouchon « au sein d’établissements étoilés », en France et à l’international. Une façon, une fois de plus, de revendiquer une hauteur de gamme.

Dans cette quête toujours épineuse des bons leviers, la maison Drouet peut compter sur six homologues, « tous des acteurs des spiritueux français ». Rassemblés au sein du bien nommé « Cartel des Spiritueux » (1), ces producteurs de calvados et autre rhum s’entraident et partagent leurs expériences. « On s’invite à tour de rôle, chaque année et on fait venir nos clients et nos distributeurs », raconte Corinne Drouet. Petit biz entre amis.

(1) Avec Darroze, Dupont, Jacoulot, Longueteau, M. Couvreur, Metté.

Chez Drouet, 60 à 65 % des ventes se font à l’export.
Chez Drouet, 60 à 65 % des ventes se font à l’export.

Photo Quentin Petit

A l’export, le cognac se découvre de nouveaux marchés

Après des années de croissance continue, les expéditions de cognac ont reculé de 4,8 % en 2022. Avec 212,5 millions de bouteilles expédiées, 2022 reste la troisième meilleure année dans l’histoire du cognac. Quant au chiffre d’affaires, il progresse de 8,4 % à 3,9 milliards d’euros, même si c’est essentiellement pour des raisons liées au taux de change, notamment sur le dollar. Le cognac, qui s’exporte à plus de 97 %, vers 150 pays, a pourtant vu ses expéditions marquer le pas vers ses trois destinations majeures : Etats-Unis (-3,2%), Chine (- 12,8%). L’Europe fléchit également à - 5,9 %. D’autres marchés progressent dont l’Afrique du Sud, le Kenya ou le Vietnam.