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Combien, quand et comment ? Tout savoir sur les coupures d’électricité prévues cet hiver

Avec la chute du mercure ces jours-ci, le gouvernement commence doucement mais sûrement à préparer les esprits à des coupures de courant cet hiver. Celles-ci seraient «inédites» en France, selon le gestionnaire du réseau électrique français, RTE, sur fond de crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine et d’une production nucléaire au plus bas, avec 20 réacteurs à l’arrêt sur 56.

Les aspects pratiques commencent donc à être affinés en vue de ces éventuels «délestages», opérations consistant à couper l’alimentation localement pour alléger la pression qui pèse sur le réseau et éviter un effondrement général. Comment seront-elles organisées ? Qui sera concerné ? Comment les éviter ? Libé fait le point.

Combien de coupures envisagées ?

Xavier Piechaczyk, patron de RTE, a prévenu ce jeudi sur France Info : «il y a un risque de quelques jours d’Ecowatt rouge sur l’ensemble de l’hiver», même si cela dépend «essentiellement» de la météo. Pour rappel, Ecowatt est un indicateur mis en place par le gestionnaire du réseau électrique hexagonal, sorte de «Bison Futé de l’électricité». Or, l’alerte rouge y est déclenchée «lorsqu’il n’y a pas assez d’électricité pour couvrir tous les besoins». Des coupures peuvent alors avoir lieu.La cellule interministérielle de crise travaille sur l’hypothèse que six à dix délestages seront nécessaires sur l’hiver.

Des coupures électriques seraient «inévitables si la consommation d’électricité ne diminue pas» aux pics de la journée (entre 8 heures et 13 heures ou entre 18 heures et 20 heures), prévient RTE. Le mois de janvier est le plus à risque. Ces coupures ciblées, de deux heures consécutives maximum, pourraient être organisées en «dernier recours» à la demande de RTE sur ces créneaux horaires dans des portions de départements. Le but : éviter le «black-out», une panne généralisée aux conséquences bien plus lourdes.

Comment les Français seront-ils prévenus ?

L’ensemble des Français sera prévenu d’un risque de coupures trois jours auparavant, via l’émission d’un signal rouge de la plateforme Ecowatt, gérée par RTE. Celui-ci devra encore être confirmé à J-2. Puis Ecowatt précisera avec un jour d’avance quels départements seraient touchés : à 17 heures, il sera possible de savoir si on est concerné en renseignant son adresse postale.

Selon Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, la plateforme Ecowatt comptabilise «470 000 abonnés par SMS» ce jeudi 1er décembre et l’application «a été téléchargée de l’ordre de 300 000 fois». «Ce n’est pas assez», a-t-il regretté.

Qui sera concerné ?

De telles coupures «ne devraient pas concerner plus de 4 millions de clients simultanément», selon une circulaire de Matignon envoyée aux préfets et rendue publique ce jeudi. «Une des conséquences les plus significatives» des coupures de courant est qu’elles entraîneront des interruptions de communications de téléphonie mobile et fixe, prévient cette circulaire. «Sauf exception, la téléphonie mobile et l’Internet ne fonctionneront pas» dans les zones délestées. «Les lignes cuivre, avec prise téléphonique fonctionnelle en T», pourront en revanche «être opérationnelles».

A noter que les usagers sans prise T ne pourront pas joindre les numéros d’urgence comme les 15, 17 et 18. Le gouvernement conseille l’usage du 112, accessible quel que soit l’opérateur de l’usager, «avec des chances bien plus élevées que l’appel soit acheminé». Les préfets disposeront d’une cartographie des zones qui ne seraient pas couvertes par ce numéro. Par conséquent, les préfets devront prévoir «une présence humaine» dans les centres d’incendie et de secours, les gendarmeries et commissariats afin de pouvoir «réceptionner physiquement une demande de secours».

Autre inconvénient : les écoles situées dans une zone délestée sur le pic du matin seront fermées sur la demi-journée, pour ne pas risquer de se retrouver sans chauffage, ni lumière, ni alarme. Côté transports, certains trains, métros ou tramways pourront être annulés ou interrompus pour éviter d’avoir des passagers bloqués en pleine voie.

A noter que la Corse, reliée à l’Italie et qui dispose de sa propre production électrique, ne sera pas affectée par les coupures.

Qui sera épargné ?

Les coupures devraient épargner les quelque 14 000 clients dits «prioritaires», selon une liste établie par les préfets répertoriant les établissements sensibles, tels que les hôpitaux, commissariats, gendarmeries, casernes de pompiers, les prisons ou encore des sites industriels «particulièrement sensibles».

Exclus également, les «patients à haut risque vital» qui dépendent d’un équipement médical électrique à domicile, soit moins de 5 000 personnes sur le territoire, répertoriées par les Agences régionales de santé dans des listes qui devront être communiquées aux gestionnaires de réseaux de distribution. A charge pour ces gestionnaires d’informer les patients en cas de délestage trois jours à l’avance. Des prises en charge adaptées pourront être envisagées.

Comment les éviter ?

Avant d’en arriver au «délestage», RTE compte sur plusieurs leviers. En plus d’encourager aux efforts de sobriété, le gestionnaire peut actionner «l’interruptibilité», en coupant le courant aux 14 acteurs les plus électrotensifs du pays, dont de gros industriels, qui sont rémunérés pour cela. Il peut aussi actionner une baisse de tension de 5 % sur le réseau de distribution, sans grande conséquence pour l’usager, si ce n’est une ampoule moins vive.

Surtout, depuis plusieurs mois, le gouvernement appelle les Français à la responsabilité individuelle et à la sobriété. «On pourrait ne pas avoir de coupure si on fait tous attention», a lancé Elisabeth Borne ce jeudi, lors d’un déplacement en Occitanie. Histoire de bien faire monter la pression, la Première ministre a ensuite joué sur la corde sensible : «On ne souhaite pas accueillir les enfants dans une école sans électricité.»