“Il est sans doute temps d’admettre que les débats présidentiels n’ont aucun intérêt quand celui qui fait la course en tête refuse obstinément de s’y pointer”, écrit une chroniqueuse du Washington Post. Le 27 septembre, les candidats à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2024 ont débattu pour la seconde fois à la télévision. Et pour la seconde fois, Donald Trump n’en faisait pas partie.
L’ancien président, qui jouit d’une avance écrasante dans les sondages, a préféré aller “courtiser les cols-bleus à Détroit”, écrit Bloomberg. Dans la capitale de l’automobile, secouée par un mouvement social inédit, Trump a critiqué Joe Biden, son successeur, qui avait rejoint des ouvriers la veille sur un piquet de grève. “Donald Trump a attaqué les efforts de l’administration Biden pour passer au véhicule électrique, explique Bloomberg, affirmant qu’ils conduiraient à ‘l’extermination’ de l’industrie automobile et à des destructions d’emplois au profit de la Chine.”
Il a ainsi laissé ses rivaux républicains ferrailler entre eux, à “la table des enfants”, ironise la chroniqueuse du Washington Post, dans un exercice rendu “vain” par son absence. Un débat marqué par “le désordre, les attaques et une laborieuse course à la seconde place”, résume une analyse du même journal.
“Donald Duck”
Trump a bien été lui-même égratigné par certains adversaires. L’ancien gouverneur Chris Christie a critiqué son absence, signe d’un manque de respect envers les électeurs, le surnommant “Donald Duck”, “Donald l’esquive”.
Ron DeSantis, présenté un temps comme son concurrent le plus dangereux, a assuré “que l’ex-président ne voulait pas […] devoir défendre ses récentes critiques envers le gouverneur de Floride, pour avoir promulgué une interdiction de l’avortement après six semaines”, relate The Wall Street Journal. Trump a en effet récemment adopté une posture modérée sur l’interruption volontaire de grossesse, autre signe qu’il se projette déjà au-delà des primaires, dans un affrontement avec un adversaire démocrate.
Mais pour l’essentiel, “les autres candidats l’ont largement laissé tranquille”, observe le journal des affaires, lui accordant une sorte de “passe-droit”. Craignant “d’offenser les électeurs trumpistes”, ses rivaux font de l’ancien président une sorte de tabou, “l’éléphant dans la pièce”, regrette le quotidien conservateur.
Trump semble satisfait de la situation. Un de ses conseillers, cité par Bloomberg, a déjà annoncé son intention de “zapper le troisième débat républicain, en Floride”.