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Coupe du monde 2022 : Pourquoi les journalistes liveurs redoutent ce France- Pologne

Le community manager de l’AS Saint-Etienne s’était fait plaisir, en août 2018, en annonçant via une vidéo Twitter le recrutement du défenseur Timothée Kolodziejczak, « un défenseur qui rapporte des points »… au Scrabble. A savoir au moins 59, soit largement plus que durant ses quatre saisons dans le Forez, ponctuées en mai par une relégation en Ligue 2. Vite surnommé « Kolo » par les supporteurs tout comme les journalistes, le défenseur tricolore d’origine polonaise a constitué un beau teasing, dans notre championnat, au périlleux exercice qui attend de nombreux journalistes, dimanche (16 heures). A savoir liver le match France-Pologne en faisant preuve de rapidité et de rigueur orthographique.

Autant vous dire qu’ils croisent tous les doigts depuis mercredi soir pour que Matty Cash soit titularisé au poste de latéral droit. Non pas car Kylian Mbappé est destiné à le martyriser, mais parce que ça leur fera un gars sûr dans une formation qui ne manque pas d’éléments casse-têtes. En parcourant la sélection avec nous, Walid Kachour, qui livera ce huitième de finale de Coupe du monde des Bleus, dimanche sur le site du Monde, bloque sur le numéro 3, entré en jeu contre l’Argentine, un certain Artur Jedrzejczyk.

🤔🔜 pic.twitter.com/v6CPp76XcR

— AS Saint-Étienne (@ASSEofficiel) August 1, 2018

« La Pologne me pousse à plus de travail en amont »

« Lui, j’ai toutes les peines du monde à retenir l’orthographe de son nom, indique-t-il. Je ne vais pas mentir : pour certains joueurs comme celui-ci, c’est systématiquement du Control C-Control V pour moi depuis le site de la FIFA. Sinon, j’essaie de trouver des petites combines. » Comme de glisser le numéro ou simplement le poste du joueur pour éviter de perdre du temps, et de risquer des fautes, en répétant souvent son nom. « C’est certain qu’un live de la Pologne me pousse à plus de travail en amont du match que de nombreuses rencontres, souligne Walid Kachour. Et encore, au Monde, on ne nous impose pas de mettre les accents propres à la langue polonaise, comme le « ę » de Szczęsny. Mais outre les quelques noms complexes, il y a des joueurs dont je ne connais pas bien le parcours, comme le numéro 14 Kiwior. »

Bah enfin Walid, Jakub Kiwior, le défenseur central de 22 ans de La Spezia (Serie A), qui s’était révélé au Železiarne Podbrezová en Slovaquie (comment ça, les accents trahissent notre copier-coller de fourbe ?). Plus que Jakub Kiwior, et même que la star du Barça Robert Lewandowski, les liveurs savent qu’ils seront amenés à écrire à toutes les sauces le nom de Wojciech Szczesny, vu le style flamboyant (non) de la sélection polonaise. Evoquer le gardien de la Juventus a suffi à rendre chafouin notre collègue Nicolas Camus, destiné à vous faire vivre ce France-Pologne dimanche sur 20 Minutes. « J’ai déjà pu liver le match de la Pologne contre l’Arabie saoudite (2-0), indique-t-il. J’ai beau essayer de décomposer son nom, je m'emmêle presque à chaque fois sur l’orthographe de Szczesny, c’est affreux. »

Héros de sa sélection, et cauchemar des liveurs français : ainsi va la vie de Wojciech Szczesny durant cette Coupe du monde au Qatar.
Héros de sa sélection, et cauchemar des liveurs français : ainsi va la vie de Wojciech Szczesny durant cette Coupe du monde au Qatar. - Andre Ricardo/Enquadrar/SPP/Shut

Le dilemme Czesław Michniewicz

Florent Le Marquis, qui gérera le live du match sur le site de L’Equipe, est un poil plus confiant que lui : « L’ordre SZCZ commence à rentrer dans ma tête ». En tant que fan d’Arsenal (ancien club du gardien polonais), Walid Kachour estime même « maîtriser l’écriture de son nom au point de vite pouvoir le dégainer dans le live ». Celui-ci craint davantage le sélectionneur polonais, « à la combinaison de consonnes bien sympa ». Car oui, Czesław Michniewicz est l’anti-Robert Page (pays de Galles) sur ce Mondial. « L’avantage, c’est que sur un match de l’équipe de France, on parle avant tout des Bleus, ce qu'ils font de bien, de moins bien, et moins de l’adversaire », sourit Nicolas Camus.

Il reconnaît qu’il va se préparer un document Word contenant les noms les plus difficiles du côté polonais, et qu’il cédera bien lui aussi à la stratégie du Control C-Control V. A L’Equipe, Florent Le Marquis aura la vie facilitée par un back-office plus précieux que jamais : « J’ai juste à cliquer sur le nom d’un joueur dans la compo d’équipe et ça me le colle instantanément où je le souhaite dans mon live. Mais ça reste plus rapide quand même d’écrire les noms à la main lorsqu’on les maîtrise. Contrairement à d’autres liveurs, j’aime bien mettre aussi les prénoms des joueurs. » Autant vous dire qu’on aura une profonde admiration pour Florent et son panache si on voit passer des Krzysztof Piatek et Arkadiusz Milik dans son live dimanche.

Loin d’un Chine-Afrique du Sud féminin

Au Monde, Walid Kachour se prépare à être rigoureux dimanche : « Il n’y a pas de petit joueur ou de petite sélection, rappelle-t-il. Le respect de l’orthographe de tout le monde est une règle primordiale dans notre rédaction, et ça passe donc toujours par des petites combines. Si des actions chaudes s’enchaînent, je vais dans un premier temps mettre « Lewy » plutôt que Lewandowski, afin de gagner du temps ». Ce France-Pologne, programmé sur un habituel créneau tisane-Scrabble chez notre grand-mère, peut-il finalement être le rendez-vous le plus redouté dans une vie de liveur ?

« Non, ce ne sera pas mon match le plus compliqué à liver, tranche spontanément Florent Le Marquis. J’ai souvenir d’avoir couvert un Chine-Afrique du Sud lors de la Coupe du monde féminine 2019 en France, pour lequel je ne connaissais absolument aucune joueuse. » Vu comme ça, même une combinaison entre Wojciech Szczesny, Bartosz Bereszynski et Artur Jedrzejczyk, rendant fou de joie Czesław Michniewicz sur le banc, se raconte sereinement.