France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Coupe du monde 2022 : Studio géant, ambiance et polémiques, comment beIN Sports couvre « son » Mondial ?

De notre envoyé spécial à Doha,

Il faut s’imaginer dans une salle à mi-chemin entre le cockpit d’un A380 et celui du Faucon Millenium d’Han Solo, avec de l’électronique et des écrans à n’en plus finir. « Vous pouvez vous amuser à les compter », plaisante notre guide, pas peu fier de l’endroit. Bienvenue dans la régie de beIN MENA (Middle East North Africa), où sont gérées 34 chaînes et où les bouteilles d’eau sont aux couleurs de la marque. L’atmosphère est presque trop détendue, mais à la Mecque de toutes les rencontres du Mondial 2022, on a bien conscience de vivre son grand soir. « C’est la première et sûrement la dernière Coupe du monde qu’on organise, déclare, lucide, Jassim Al Muftah, un représentant de beIN MENA. Donc c’est important pour nous de faire au mieux. »

De faire bonne impression, aussi, pour les médias invités à découvrir comment on couvre l’événement majeur au Qatar. Le speech est millimétré et mitraillé dans un anglais d’une perfection enviable. Il pleut des chiffres à l’infini, tous plus gratifiants les uns que les autres pour la chaîne de sports détentrice des droits du Mondial 2022. Parmi les plus amusants, on apprend l’existence de dix chaines hors sport sur 34 au Moyen-Orient, dont beIN Gourmet, où il est souvent est question de recettes de chefs étoilés. Mais on s’égare.

A l'intérieur du cockpit
A l'intérieur du cockpit - Samer

Mettre en valeur la ferveur autour de l’événement

A l’occasion de la Coupe du monde, les moyens pharaoniques de l’émirat sont mis au service du groupe, qui bénéficie de 20 studios à travers le Qatar et de 60 journalistes de terrain : une vingtaine à Doha, le reste à travers le monde. « Il ne s’agit pas que de diffuser du football, explique Al Muftah, mais aussi de montrer la réaction des fans à travers le monde. » En gros, de montrer au reste du Moyen-Orient l’enthousiasme autour de « son » Mondial. Même s’il s’agit avant tout de mettre en valeur le Qatar, pour qui l’événement est autant un outil de rayonnement international qu’une vitrine. La présence d’un studio à l’Arabic Park offre ainsi une vue imprenable sur la skyline de Doha, pour les amateurs de gratte-ciel. Quant à BeIN Sports France, la chaîne s’est arrangée pour installer une demi-douzaine de points de vue stratégiques dans les fans festivals et le souk, bref, là où ça bouge.

La branche française du groupe a également droit à sa part au cœur de la grand-messe qatarie. Elle a ainsi hérité du studio G7 – rien à voir avec les taxis – un tout petit studio de rien du tout à l’échelle locale, mais « deux fois plus grands que ceux de Paris » précise le directeur de la rédaction, des programmes et des antennes de beIN Sports France, Florent Houzot. 300 m² sur lesquels s’étalent trois plateaux et autant d’univers différents selon les programmes diffusés par beIN Sports.

La profondeur de champ offre des possibilités de réalisation hollywoodiennes, et les néons contrastent avec le sol noir pour donner à l’endroit une allure futuriste dans laquelle s’épanouit pleinement Darren Tulett. « Ah, on a un public aujourd’hui », se marre le journaliste britannique, à dix secondes de prendre l’antenne avec Benjamin Moukandjo, l’un des consultants de beIN France pour la compétition. Tulett est ce qu’on pourrait qualifier un meuble de la rédaction. Dix ans qu’il est là, titulaire indiscutable et fidèle au poste.

Le plateau du Turfu
Le plateau du Turfu - beIN Sports

« S’il faut montrer l’info, on la montre, point »

Anglais et sous contrat avec une chaîne qatarie, une double-étiquette pas évidente à gérer eu égard aux différentes thématiques sociétales qui agitent le Mondial, le brassard One Love en tête. « Je trouve que la FIFA a mal géré la situation, théorise Tulett le temps d’une pause hors plateau. Ils ont envoyé des messages de soutien contre les discriminations et le racisme, lancé des campagnes allant dans ce sens, du moins dans l’intention. Et là, quand des sélections demandent de faire exactement la même chose en portant un brassard, qui n’est même pas le symbole le plus puissant au monde, la FIFA refuse. Alors que c’est ce même message qu’elle véhicule le reste du temps. »

De son côté, Florent Houzot se félicite d’avoir choisi de montrer la photo des Allemands, main devant le visage, avant le coup d’envoi de leur premier match face au Japon. « L’image de l’Allemagne n’était pas dans le signal international. C’est une image qui a été prise par les photographes lors de l’avant match. Et on l’a montrée, on a fait notre boulot normalement. Si on estime qu’il faut montrer l’info, on le fait. Point. » De l’art délicat d’importer le concept de liberté de la presse au Qatar.