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Coupe du monde 2022 : VAR, hors-jeu et confusion… C’était quoi cette fin de match de fou contre la Tunisie ?

De notre envoyé spécial à Doha,

A en croire l’ami Claude Le Roy, sur le plateau de L’Equipe du soir mercredi, quelques heures après la défaite des Bleus face à la Tunisie, la Fédération française de football est à deux doigts de déclencher une guerre des civilisations avec le monde arabe, rien que ça. En cause, selon le Sorcier Blanc, la réclamation portée par l’instance auprès de la FIFA après l’annulation du but d’Antoine Griezmann au bout du bout du temps additionnel. En effet, à l’heure où l’on écrit ces lignes, les Bleus en font de même pour contester officiellement la décision de l’arbitre néo-zélandais Matthew Conger, estimant que celui-ci s’est rendu coupable d’une grossière faute de règlement et que le but de Grizou est bel et bien valide. Et en effet, quand bien même les Tunisiens tenaient là la toute première victoire de leur histoire face au Bleu, désolé les amis, mais l’homme en noir a bien commis une erreur de taille.

On se repasse la scène en rewind avant de l’analyser : Après un centre de Tchouaméni repoussé de la tête par le défenseur tunisien, le numéro 7 Français est à la retombée du ballon et égalise d’une volée du droit. Effusion de joie côté tricolore, mains sur les hanches côtés tunisien, même scènes en tribunes selon que l’on soit pour une équipe ou pour une autre, et retour au rond central. L’arbitre siffle alors un premier coup de sifflet, synonyme de remise en jeu pour les Aigles de Carthage avant, quelques secondes à peine plus tard, de siffler par trois fois la fin des hostilités. Les joueurs commencent à se taper dans les mains, les caméras de télé pénètrent sur la pelouse, les staffs et les remplaçants en font de même et TF1 clôt la soirée et balance une page de pub. Jusqu’ici tout va bien.

Mais ce qu’on n’avait pas vu, c’est que l’arbitre dans le rond central se tient l’oreillette et fait une moue de quinze mètres de long. Alerté par les arbitres du VAR, celui-ci décide finalement d’aller visionner les images et de sanctionner le but français d’un hors-jeu d’Antoine Griezmann. Les joueurs sont donc incités à revenir sur le terrain et, sans qu’on sache trop pourquoi là non plus, alors que sur le premier renvoi tunisien il avait sifflé immédiatement, M. Conger laisse finalement jouer trois minutes supplémentaires pour un total de 12 minutes de temps additionnel, avant de siffler définitivement la fin du match. Bref, du grand n’importe quoi. Sur le coup, on ne va pas vous mentir, on n’a pas pensé crier au scandale. D’autant que les Bleus étaient assurés de terminer premier de leur groupe et qu’on avait qu’une hâte, en finir avec ce match d’un ennui mortel.

La VAR, oui, mais bien trop tard

Ce n’est que plus tard que nos confrères de RMC publient un papier affirmant que l’arbitre n’avait pas le droit de revenir à la VAR, puisque celui-ci avait fait reprendre le jeu. En effet, que dit l’article 1.10 du protocole VAR ? Que « si le jeu a été arrêté et a repris, l’arbitre ne pourra pas procéder à une révision, sauf en cas d’erreur d’identité ou d’expulsion potentielle liée à un comportement violent, un crachat, une morsure ou un acte extrêmement offensant, insultant et/ou abusif », ce qui n’est pas le cas ici.

En conférence de presse, Didier Deschamps sent bien qu’il y a un loup. « Je suis en attente d’une réponse sur le règlement. L’arbitre a sifflé le coup d’envoi et la fin du match. Est-ce qu’il a droit de revenir ? J’ai discuté avec lui. Je lui ai demandé. Je suis en attente d’une réponse », a déclaré le sélectionneur avant de demander aux journalistes présents dans la salle en rigolant s’ils n’avaient pas « le numéro de (Pierluigi) Collina », le président de la commission des arbitres de la FIFA.

L’homme au crâne luisant et au regard d’acier devra en effet se pencher sur la question puisque la FFF a porté réclamation dans les heures qui ont suivi la rencontre. De fait, on voit difficilement comment l’instance pourrait ne pas accéder à la requête française et valider effectivement le but. Quelle que soit sa décision, cela ne changera en rien les destinées de l’une ou l’autre des deux équipes. Mais imaginez que cela se soit produit dans un match à élimination directe, bonjour la polemica del diablo !

Griezmann était-il vraiment hors-jeu ?

Et puisque l’ambiance est à la contestation et qu’on adore chercher la grosse bête, on pourrait aussi parler de la décision de l’arbitre d’annuler le but de Grizou. C’est vrai quoi, où y avait-il hors jeu sur cette action ? Au moment où le ballon quitte le pied de Tchouaméni, le joueur de l’Atlético est bien en position de hors-jeu, aucun doute là-dessus. Sauf que Griezmann ne fait absolument pas action de jeu et n’interfère en aucun cas sur la capacité du défenseur à jouer le duel aérien, comme il l’expliquera à la fin du match au micro de TF1.

« Je lui ai dit (à l’arbitre) que je n’avais pas l’intention de jouer le centre, mais le défenseur rate son geste et c’est pour ça que je la reprends ». Pour qu’un joueur soit effectivement signalé, il faut qu’il le soit, selon la loi 11.2 de l’IFAB, uniquement « lorsqu’il commence à prendre une part active au jeu, en tirant un avantage, car il joue le ballon ou interfère avec un adversaire après que le ballon a fait l’objet d’un sauvetage délibéré par un adversaire ».

Griezmann est bien hors-jeu au départ de l'action, là dessus tout le monde est d'accord.
Griezmann est bien hors-jeu au départ de l'action, là dessus tout le monde est d'accord. - Capture d'écrans TF1
Mais à aucun moment celui-ci est actif dans l'action ni n'interfère sur la capacité du défenseur à jouer le duel aérien.
Mais à aucun moment celui-ci est actif dans l'action ni n'interfère sur la capacité du défenseur à jouer le duel aérien. - Capture d'écrans TF1

C’est sur cette dernière notion, celle de sauvetage, que l’arbitre pourrait se raccrocher pour justifier sa décision. En effet, cet été l’IFAB a décidé de faire le distingo entre action délibéré et sauvetage. Dans l’exemple qui nous intéresse, pour celles et ceux qui suivent encore, l’arbitre a estimé que Talbi avait effectué un sauvetage plutôt qu’une action délibérée de type passe ou dégagement. Comme toujours, tout est sujet à interprétation comme on peut le voir avec l’analyse dans L’Equipe de l’ancien arbitre Saïd Enjimi qui explique que lui-même n’a « pas de certitude » mais « pense que le but aurait pu être accordé. »

Ce qui est bien finalement, c’est qu’en se plantant dans les grandes largeurs avec son histoire de coup de sifflet (pas) final, M. Conger nous facilite le job : l’appel à la VAR n’était plus possible, le but aurait dû être validé, merci, bonsoir. Reste à savoir les rélles motivations des Bleus avec cette réclamation officielle. On les imagine mal vouloir rejouer le match, à trois jours d'un hutième de finale contre la Pologne. Il faut certainement plus y voir une action symbolique, avec plates excuses de la FIFA et tout le tramblement, afin que cela ne se reproduise pas dans un match à élimination directe qui, soyez-en certains, auraient des répercussions bien plus problématiques.