FOCUS - Ce sous-variant d'Omicron progresse rapidement parmi les sous-lignages en circulation en France. Il serait plus contagieux que l'actuel sous-variant BA.5, qui circule majoritairement dans le pays.
La neuvième vague de Covid-19 se précise en France. Selon Santé publique France (SPF), 68.382 nouveaux cas de Covid-19 ont été confirmés ce mercredi 30 novembre (+39% sur sept jours). Une hausse en partie due à l'émergence du sous-variant BQ.1.1. Il s'agit plus précisément d'un sous-lignage de BA.5, lui-même sous-variant d'Omicron que SPF qualifie d'«omniprésent». BA.5 représente 93% des virus Omicron en circulation en France. À noter que seul le variant Omicron circule aujourd'hui dans le pays.
Les spécialistes interrogés dans le cadre de cet article s'accordent pour dire que ce sous-variant BQ.1.1 est grandement responsable de la «reprise de la circulation» du Covid-19 observée par SPF. Attention toutefois, ces données doivent être prises avec prudence, du fait de la récente grève des biologistes. Ce qui peut avoir provoqué un rattrapage de données.
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Alors que sait-on de BQ.1.1 ? Le Figaro fait le point sur ce sous-variant qui a commencé à prendre de l'ampleur au mois d'octobre dernier.
• Va-t-il devenir dominant en France ?
Très certainement. «D'ici deux semaines à un mois, si un autre sous-variant n'émerge pas», veut croire Yves Buisson, épidémiologiste et président de la cellule Covid de l'Académie nationale de médecine. Dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire du 1er décembre, SPF affirme que BQ.1.1 représentait 49% des sous-lignages de BA.5 sur la semaine du 7 au 13 novembre 2022, en augmentation de 15 points sur trois semaines. «Cette évolution de sous-variants suit le schéma classique des virus qui ont tendance à muter. Le variant qui émerge est celui qui a le plus tendance à se transmettre», rappelle Yves Buisson.
En clair, un sous-variant a tout intérêt à être plus contagieux que les autres sous-variants s'il souhaite s'imposer. BQ.1.1 est environ 30% plus transmissible que BA.5. «Il y a plus de 500 sous-variants dans le monde. Certains s'imposent et c'est le cas de BQ.1.1», confirme Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l'Institut de santé globale de l'université de Genève.
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En cause également, une mutation qui «provoque une diminution de l'efficacité des anticorps, qu'ils soient induits par la vaccination ou par une infection antérieure», assure Gilles Pialoux, infectiologue et chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon (AP-HP). Une réinfection au Covid-19 peut donc survenir plus rapidement.
• Est-il plus dangereux ?
C'est encore dur à dire. Selon les premiers éléments dont disposent les spécialistes, BQ.1.1 ne serait pas plus dangereux que son parent BA.5, variant actuellement dominant. «Il est encore très difficile de comparer BA.5 et BQ.1.1 au niveau de la dangerosité. Nous pouvons considérer que c'est à peu près du même niveau que les autres sous-variants Omicron», assure l'épidémiologiste Yves Buisson.
Néanmoins, BQ.1.1 pourrait avoir un impact sur les personnes les plus fragiles . Ce sous-variant résisterait aux anticorps monoclonaux, traitement notamment utilisé auprès des immunodéprimés et des personnes âgées. «BA.5 avait déjà mis en échec de nombreux traitements par anticorps monoclonaux, rappelle Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie à l'université de Montpellier. Là, ça va devenir encore plus difficile».
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Une surmortalité est-elle donc à prévoir chez ce type de public ? «C'est toute la question, s'interroge l'épidémiologiste Antoine Flahault. Mais ce n'est pas impossible chez les personnes les plus fragiles infectées par BQ.1.1.».
• Les vaccins fonctionnent-ils contre BQ.1.1.?
Pour ce qui est de la transmissibilité, BQ.1.1 pourrait échapper davantage aux vaccins que BA.5, même si les spécialistes interrogés s'accordent pour dire que les données en vie réelle manquent encore. Les nouveaux vaccins dits bivalents, efficaces à la fois contre la souche originelle du Covid-19 et contre les sous-variants d'Omicron BA.1, BA.4 et BA.5 et qui ont intégré la campagne de vaccination en septembre dernier, «devraient connaître un maintien d'activité contre les formes graves et les décès [par rapport à l'efficacité des vaccins contre BA.5, NDLR]», avance l'infectiologue Gilles Pialoux.
SPF indiquait également le 16 novembre dernier n'avoir «aucune indication que BQ.1.1 soit associé à une présentation clinique ou une sévérité différente des autres sous-lignages d'Omicron». L'efficacité des vaccins face aux formes graves de BQ.1.1 pourrait donc être la même que face aux autres sous-variants d'Omicron.
Le laboratoire Moderna a néanmoins affirmé le 14 novembre dernier que ces vaccins bivalents avaient «démontré une activité neutralisante robuste contre BQ.1.1», lors d'une étude réalisée sur environ 40 personnes. De bon augure.
