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Covoiturage : pourquoi le géant Blablacar rachète-t-il la start-up Klaxit ?

« Nous sommes très excités à l'idée de pouvoir brancher la taille de notre communauté avec les solutions que proposent Klaxit », se réjouit Adrien Tahon, directeur Europe de BlaBlaCar. Avec Julien Honnart, président fondateur de Klaxit, ils se sont côtoyés pendant plusieurs années. Notamment lors des Assises nationales de la mobilité en 2017, pour faire changer la loi et permettre, entre autres, aux collectivités d'acquérir la compétence du financement du covoiturage et aux entreprises de rembourser le covoiturage par le forfait mobilité durable. Ils seront bientôt réunis dans les locaux de Blablacar, à Paris, courant avril.

En réunissant les 70 personnes de Klaxit et les 20 dédiées aux courtes distances chez Blablacar Daily, les deux entreprises rassemblent leurs forces pour créer un géant du covoiturage, aussi performant sur les trajets domicile-travail que sur les longues distances.

« L'idée est de combiner notre modèle économique basé sur nos partenariats avec les entreprises et les collectivités et avec la marque connue et la grande communauté de Blablacar », explique Julien Honnart.

Le leader de la courte distance réalise un trajet sur deux en France parmi une vingtaine d'opérateurs. Toutefois, si Klaxit avait miser sur les grandes entreprises pour faire rentrer des abonnements - 80 % des entreprises du CAC 40 engagées dans une démarche de covoiturage ont opté pour Klaxit -, les petites entreprises sont aussi partantes aujourd'hui. Sur son site, il affiche 850.000 trajets réalisés par mois en 2022 tout opérateur confondu. « Sachant qu'il y a environ 10 millions d'automobilistes qui vont tous les jours travailler seul en voiture. Le potentiel de progression est immense », constate-t-il.

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Une stratégie d'acquisition par le rachat de compétences

En 2019, BlaBlaCar rachetait Ouibus à la SNCF pour créer son propre réseau de bus partagé. En 2023, le géant du covoiturage s'offre Klaxit pour conquérir le marché des trajets courts domicile-travail. Deux projets similaires en termes de stratégie d'acquisition. BlaBlaCar préfère racheter une entreprise qui a développé les compétences qu'elle n'a pas et qui a déjà trouvé un modèle économique qui fonctionne, plutôt que de recréer en interne tout le processus et les partenariats.

« En analysant le marché depuis plusieurs années, je me disais que la courte distance était vraiment le graal du covoiturage ! », confie Adrien Tahon. « C'est très difficile de développer le covoiturage sur les trajets quotidiens parce que pour que cela fonctionne, il faut un engagement à la fois des usagers, mais aussi des collectivités, et des entreprises », constate-t-il.

Pendant plusieurs années, le géant du covoiturage observait de près les collectivités et les entreprises pour savoir si elles se lanceraient un jour.  En 2019, la promulgation de la loi d'orientation des mobilités (LOM) a fait basculer le mouvement. Et cette année, le gouvernement a encore accéléré son engagement en finançant et en mettant en place plusieurs aides pour encourager le développement du covoiturage, notamment la prime de 100 euros à tout nouveau conducteur.

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C'est pourquoi, il y a deux ans, BlaBlaCar s'est lancé sur ce marché avec BlaBlaCar Daily. Mais, malgré les fortes demandes des entreprises et des collectivités, le site n'arrivait pas à répondre à toutes les sollicitations, notamment parce que sa communauté d'usagers n'est pas habituée aux trajets courts. « Nous nous sommes rendu compte qu'il y avait des acteurs sur le marché comme Klaxit qui avaient pris beaucoup d'avance sur nous pour travailler avec les collectivités. Le faire dans notre coin aurait pris beaucoup trop de temps et là, c'était le moment de vraiment faire grandir ce marché », confie Adrien Tahon. « Klaxit a réussi à développer un savoir-faire et un partenariat avec les parties de la mobilité du quotidien, à savoir les autorités organisatrices de la mobilité (AOM) et les entreprises », poursuit-il.

Un modèle économique basé sur les subventions ?

Après avoir essuyé les plâtres de son modèle économique de départ uniquement destiné aux entreprises, c'est une belle revanche pour Klaxit. Ce dernier a convaincu les investisseurs en démontrant que sa solution ne pouvait être viable que si les pouvoirs publics finançaient une grande partie, au même titre que les transports publics. « Les premières années, la solution n'a pas fonctionné auprès des entreprises, car les salariés passagers ne trouvaient pas d'intérêt à payer le même tarif que ce que leur aurait coûté un trajet avec leur propre véhicule », reconnaît Julien Honnart.

En 2017, Klaxit met alors 40.000 euros sur la table pour tester le covoiturage en mode gratuit et la solution prend tout de suite plus d'intérêt côté passagers. Résultat, la start-up se tourne vers les collectivités : « Nous avons pris ce qui fonctionnait dans les transports publics et nous l'avons appliqué au covoiturage, qui est devenu un nouveau moyen de transport public pour les zones périurbaines », raconte Julien Honnart.

Exemple avec le bus, qui est subventionné à 80%. L'utilisateur ne paye que 20% du prix global du transport. L'idée est de faire pareil pour le covoiturage courte distance. « S'il n'est pas subventionné, il ne peut pas fonctionner ! », assure le fondateur. C'est aussi un pari gagnant pour la collectivité pour les zones peu dense. Car, « en covoiturage, le trajet pour la collectivité coûte 2 à 10 fois moins cher qu'un équivalent en transport en commun », poursuit-il. Selon le baromètre de Klaxit, les deux meilleurs élèves en France sont les villes de Rouen et Montpellier. Alors même que des grandes villes comme Lille, Bordeaux ou Marseille n'ont pas encore déployés de réelles politiques pour le covoiturage. Aucune du côté de la Bourgogne-Franche-Comté non plus...

Durant toute l'année 2023, les deux applications garderont leurs adhérents. Ce n'est qu'à horizon 2024, que les deux fonctions pour les courtes distances domicile-travail fusionneront en une seule application. Des embauches sont d'ores et déjà prévue pour cette année, aussi bien des ingénieurs et des développeurs, que des commerciaux.

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