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Crise des bus, ouverture à la concurrence... Où va la RATP ?

C’est fait, il n’y a plus de conducteur ou plutôt de conductrice à la tête de la RATP. Catherine Guillouard, la PDG de l’opérateur de transport de la région parisienne, a quitté ses fonctions le 30 septembre comme elle l’avait annoncé il y a plusieurs semaines. Un départ décidé pour des « raisons personnelles », selon plusieurs sources pour pouvoir s’occuper de ses parents.

Ses fonctions ont été reprises de manière provisoire par Pierre-Alain Roche, le représentant de l’État actionnaire, au conseil d’administration et par Jean-Yves Leclercq, l’actuel directeur financier, pour ce qui est de la direction opérationnelle. C’est maintenant à l’État de choisir celui ou celle qui aura pour tâche ardue de mener la RATP à travers l’une des périodes les plus troublées de sa longue histoire.

La Régie autonome des transports parisiens est née le 1er janvier 1949 dans l’une des grandes vagues de nationalisations de l’après-guerre et va dans quelques années connaître la fin de tous ses monopoles historiques. Les bus de Paris intra-muros et de la petite couronne à partir du 1er janvier 2025, des tramways en 2030 et des métros et RER entre 2030 et 2040.

Un « mammouth trop monolithique »

Cette transition historique, Catherine Guillouard a dû la préparer depuis son arrivée au siège de la RATP il y a cinq ans, en prenant la suite d’Élisabeth Borne. Cette énarque, âgée de 54 ans, passée par la Direction du Trésor et par Air France, a dû « bouger à marche forcée un mammouth resté trop monolithique pour affronter cette ouverture à la concurrence », selon un bon connaisseur du secteur qui pointe le peu de bouleversements lancé par les prédécesseurs de la partante.

« Catherine Guillouard a beaucoup transformé l’organigramme et la structure de la RATP en créant notamment de nombreuses entités d’activités spécialisées indépendantes pour la gestion de leurs coûts et ressources, en accélérant la diversification comme dans l’immobilier ou dans l’organisation de divers services pour les collectivités locales », relève de son côté Arnaud Aymé, spécialiste du transport chez Sia Partners.

La désormais ex-patronne de la Régie a aussi veillé au développement de sa filiale RATP Dev, dédiée à l’exploitation de transports en dehors de la zone historique de monopole. RATP Dev a ainsi gagné de nombreux contrats en France, notamment dans l’Ouest, et à l’étranger, faisant dire à Catherine Guillouard que la RATP est devenue le troisième opérateur de transport au monde.

Un corps social bousculé

Cette transformation, que certains observateurs jugeaient indispensables pour que la RATP soit prête à affronter la concurrence, ne s’est pas faite sans heurts. « On peut dire qu’elle a bousculé le corps social, y compris au plus haut niveau des dirigeants, que ce soit en imposant une productivité supérieure par l’accroissement du nombre de jours de travail des personnels opérationnels, ou en poussant les cadres dirigeants à davantage déléguer les responsabilités », dit Arnaud Aymé.

Pour le successeur de Catherine Guillouard, il faudra gérer à la fois la compétition des challengers avides des réseaux de bus parisiens, mais à encore plus court terme, la crise au sein de ses effectifs. Dans un courrier adressé à Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France et d’Île-de-France mobilités (l’autorité organisatrice des transports de la région), Catherine Guillouard a reconnu qu’« en septembre, la situation a atteint un niveau particulièrement critique avec 25 % de l’offre (de bus, NDLR) non réalisée ».

500 arrêts de travail frauduleux

Cette situation s’expliquerait, selon Catherine Guillouard, par « l’augmentation très significative du niveau d’absentéisme maladie », le nombre de jours d’arrêt ayant doublé par rapport à avant la crise du Covid-19. Elle dit avoir renforcé les contrôles ces derniers mois, ce qui a permis de découvrir « près de 500 arrêts de travail frauduleux concernant plus de 130 salariés, qui font l’objet de procédures de licenciement ».

Catherine Guillouard s’attarde aussi sur les difficultés de recrutement auxquelles est confrontée la RATP, comme de nombreux opérateurs de transports, qui cherchait toujours 800 conducteurs de bus fin août.