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Cyberharcèlement : à quoi pourrait ressembler le «couvre-feu numérique» ?

Ce dispositif, dont l’efficacité reste à prouver, fait partie des solutions envisagées par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre le harcèlement scolaire.

C'est la «priorité absolue» du gouvernement. Ce mercredi 27 septembre, la première ministre Élisabeth Borne et le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal présentent un plan interministériel pour lutter contre le harcèlement scolaire. Un fléau dont sont victimes environ un million d’élèves chaque année en France. Et qui tue.

Début septembre, dans les Yvelines, Nicolas, 15 ans, se donnait la mort après avoir subi de longs mois de calvaire. En mai dernier, Lindsay, 13 ans, harcelée par plusieurs camarades de son collège du Pas-de-Calais, se suicidait. Comme de trop nombreux autres adolescents, les insultes et menaces que subissait la jeune fille ne s'arrêtaient pas aux portes de son établissement : elles envahissaient les réseaux sociaux. Pour prendre à bras-le-corps le cyberharcèlement, le gouvernement envisage notamment l’instauration d’un «couvre-feu numérique». Un dispositif aux contours encore flous et à l’efficacité non avérée.

Une mesure qui repose sur la responsabilité des parents

Cette mesure, «prohiberait par exemple l'usage des réseaux sociaux de 18 heures à 8 heures du matin», expliquait le ministère de l'Éducation au Parisien en début de semaine, et serait prononcée par un juge des enfants au moment où une procédure judiciaire s’ouvrirait. L'adolescent concerné ne sera pas pour autant banni des réseaux sociaux ou d'internet. Ce sera à ses parents de faire respecter cette interdiction. Dans le cas où ce couvre-feu 3.0 n'est pas respecté et que l'adolescent continue de harceler un camarade, le juge «pourra en tenir compte et prononcer un bannissement», ajoutait la rue de Grenelle.

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En revanche, aucune précision à ce stade n’a été donnée, ni sur la durée de ce bannissement, ni sur la potentielle coopération des réseaux sociaux prisés des adolescents comme TikTok, Snapchat ou Instagram. Même chose pour la façon de vérifier que l’adolescent respecte bel et bien sa sanction. Lui suffira-t-il de créer un nouveau compte pour passer entre les mailles du filet ?

«D’autres méthodes sont plus efficaces»

Radicale sur le papier, cette mesure pourrait donc être facilement détournée par les jeunes concernés. Surtout, «elle ne sera pas efficace si l’adolescent ne comprend pas le fond du problème et ne se met pas à la place de la victime», estime, sceptique, Florence Rouas, avocate à l’antenne des mineurs du barreau de Paris, et qui travaille notamment sur des affaires de harcèlement scolaire. De plus, explique-t-elle, ce dispositif pourrait «créer encore plus de frustration et d’agressivité».

«En matière de harcèlement, d’autres méthodes sont plus efficaces. Il n’y a pas mieux que les mesures préventives, les cours d’empathie ou les jeux de rôle», ajoute Florence Rouas, qui prône aussi la méthode de la préoccupation partagée, consistant à parler au harceleur pour lui faire prendre conscience de ce qu'il fait subir à sa victime.