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Cyclisme - Mondiaux (H) - Remco Evenepoel, sacré champion du monde, succède à Julian Alaphilippe

Deux semaines après son triomphe sur le Tour d'Espagne, Remco Evenepoel a livré un véritable récital, dimanche à Wollongong (Australie), pour décrocher à vingt-deux ans le titre de champion du monde sur route.

Le Belge, qui succède ainsi à Julian Alaphilippe, a réussi la course parfaite : discret pendant les deux premiers tiers de la course, il a suivi la bonne contre-attaque à l'approche de l'emballement final, a profité du travail de sape des Français pour creuser l'écart sur le peloton, puis s'en est allé, seul, à un tour et demi de l'arrivée, pour s'imposer en solitaire.

Il devient le premier coureur depuis Bernard Hinault en 1980 à glaner sur lors d'une même saison un Monument (Liège-Bastogne-Liège), un grand tour (la Vuelta) et le maillot arc-en-ciel.

Les Français ont mis la pagaille...

Avant de se faire prendre à leur propre piège, les Bleus ont mis la pagaille loin, très loin de l'arrivée ce dimanche : peu après l'abandon invraisemblable de Mathieu van der Poel, Pavel Sivakov, Bruno Armirail puis Romain Bardet ont successivement accéléré dans le mont Keira, alors qu'il restait plus de 200 kilomètres de course. Ces tentatives ont eu pour conséquence de réduire le peloton principal à une trentaine de coureurs à peine, groupe qui a compté jusqu'à plus de deux minutes d'avance sur un deuxième peloton de coureurs piégés, dont Alaphilippe et Evenepoel. À l'avant, Tadej Pogacar a lui-même tenté d'attaquer mais tout a fini par rentrer dans l'ordre une trentaine de kilomètres plus tard.

C'est un schéma de course plus classique qui s'est alors installé, avec une échappée de seize coureurs (dont Sivakov et Ben O'Connor) qui a compté jusqu'à sept minutes d'avance. Après une longue accalmie, l'équipe de France, décidément très offensive, a remis le feu aux poudres à 75 km de la ligne : une attaque de Quentin Pacher a provoqué la formation d'un groupe de contre d'une vingtaine de coureurs, dont Romain Bardet, Florian Sénéchal, Jai Hindley, Jan Tratnik, Nairo Quintana... et Remco Evenepoel, que les Bleus venaient, sans le vouloir, de placer sur orbite.

... mais se sont fait piéger

La présence du Belge aux avant-postes a fait souffler un vent de panique dans le peloton, obligeant plusieurs cadors à se découvrir au fil des tours de circuit pour réduire l'écart sur cette nouvelle échappée royale. Mais à deux tours de l'arrivée, profitant d'un moment d'inattention de Bardet qui le marquait jusqu'alors comme son ombre, Evenepoel a sans surprise décidé de prendre lui-même les choses en main en se faisant la malle avec Alexey Lutsenko. Puis, dès le pied de l'avant-dernière ascension du mont Pleasant, le phénomène de Schepdaal a posé une nouvelle accélération et s'en est allé seul, à 25 kilomètres de l'arrivée.

Les Bleus peuvent s'en vouloir : ils ont eux-mêmes placé Evenepoel aux avant-postes en lançant la contre-attaque, ont roulé pour l'aider à creuser l'écart, puis, réalisant leur erreur, ont fini par devoir faire l'effort pour tenter de revenir sur la pépite belge. Julian Alaphilippe et Benoît Cosnefroy, les deux plus belles cartes tricolores, n'ont même pas eu l'occasion de s'illustrer. Les autres favoris, hormis Wout van Aert qui a placé une vaine attaque à deux tours de l'arrivée, n'ont rien tenté.

Laporte, l'argent inespéré

L'équipe de France a sauvé son week-end en décrochant une 2e place inespérée grâce à Christophe Laporte, qui a dominé le sprint d'un peloton revenu sur tous les fuyards dans les derniers hectomètres et offre au sélectionneur Thomas Voeckler une troisième médaille en trois éditions des Mondiaux (deux en or, une en argent). L'Australien Michael Matthews complète le podium, Van Aert est quatrième.

Grâce à ses extraordinaires qualités de rouleur, Evenepoel n'a lui jamais été inquiété dans un final qu'il a survolé jusqu'à la ligne, franchie avec le doigt sur la bouche, l'air de signifier qu'il avait définitivement fait taire les critiques nées d'un début de carrière mouvementé, car certains s'attendaient à voir cet ancien champion du monde juniors briller encore plus vite, encore plus fort.

Cinq ans après avoir découvert le vélo et deux ans après avoir failli perdre la vie sur le Tour de Lombardie, le prodige belge est désormais au sommet. La fête s'annonce grandiose à Schepdaal, la commune de la banlieue bruxelloise où il a grandi et où il n'est pas encore rentré depuis son sacre sur la Vuelta. Elles risquent surtout d'être encore nombreuses, car la mainmise du Belge sur le cyclisme mondial est désormais effective et son palmarès, déjà riche de 38 succès chez les pros, n'a sans doute pas fini de s'étoffer.

publié le 25 septembre 2022 à 08h43