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Dans le Kentucky, la «pire loi anti-trans» des Etats-Unis définitivement adoptée

Un de plus. Le Kentucky, Etat du centre-est des Etats-Unis, a rejoint la sombre croisade anti-trans qui s’empare d’une partie du pays, en promulguant mercredi une loi qui impose de sévères règles et interdictions aux mineurs transgenres, tant dans le milieu scolaire qu’en termes d’accompagnement médical. Décrit par la grande organisation de défense des droits civiques ACLU comme «la pire loi anti-trans du pays», le texte suscite l’indignation de la communauté LGBT. Plusieurs rassemblements ont eu lieu mercredi soir dans le Kentucky, où une vingtaine de manifestants ont été arrêtés.

Que s’est-il passé mercredi soir ?

Après le veto mis en fin de semaine dernière à la loi par le gouverneur démocrate Andy Beshear, l’Assemblée générale du Kentucky, nom de la législature de cet Etat à la lisière du Midwest et du Sud américain, a voté mercredi pour l’outrepasser. Contrairement à la plupart des Etats américains, où cette procédure requiert une «super-majorité», seule une majorité simple est nécessaire dans le Kentucky. Une formalité pour les élus républicains, qui contrôlent largement les deux assemblées : la Chambre locale des représentants a adopté le texte à 76 voix contre 23, le Sénat à 29 voix contre 8.

«Le Kentucky sera du mauvais côté de l’histoire», a déploré la représentante démocrate Sarah Stalker. Il y a quelques jours, Andy Beshear avait mis en garde contre l’adoption de ce texte et le risque d’«augmentation des suicides chez les jeunes du Kentucky» qu’il faisait peser. Un argument repris mercredi par l’élu démocrate Daniel Grossberg, qui n’a pas caché son désarroi. «Des gens bien mourront à cause de ce que nous avons fait ici aujourd’hui», a-t-il lancé. Avant d’ajouter : «Aux enfants LBGT qui nous écoutent, ce n’est pas vous le problème, c’est le gouvernement qui est cassé.»

Dans les tribunes de la Chambre locale des représentants, des protestataires ont entonné des chants et refusé de quitter les lieux. Une vingtaine d’entre eux ont été arrêtés, pendant que des centaines d’autres, brandissant des pancartes «protégez les enfants trans», manifestaient à l’extérieur du Capitole local situé à Francfort, la capitale de Kentucky.

Que contient la loi ?

Cette nouvelle loi, que l’ACLU et d’autres organisations de défense des LGBT ont d’ores et déjà promis de combattre en justice, s’attaque notamment au domaine médical, en interdisant aux mineurs l’accès aux soins de transition sexuelle. Dans le détail, le texte «interdit la chirurgie, les bloqueurs de puberté et la thérapie hormonale pour les enfants de moins de 18 ans», résume le New York Times. La loi oblige en outre les médecins à mettre fin au traitement de patients mineurs ayant déjà entamé un parcours de transition, autorisant simplement les médecins à définir un arrêt progressif si ces derniers estiment qu’il existe un risque de «porter atteinte» au mineur. «Des enfants trans vont mourir à cause de cela», a déclaré mercredi soir à l’agence AP un adolescent trans de 17 ans, Sun Pacyga, qui tenait une pancarte «Notre sang est sur vos mains».

L’autre pan majeur de la loi concerne le milieu scolaire, devenu l’un des champs de bataille idéologique favoris des Républicains. Le texte interdit ainsi aux personnes transgenres d’utiliser les toilettes correspondant à leur genre, autorise les professeurs à refuser d’utiliser les pronoms préférés des personnes transgenres et oblige les établissements scolaires à notifier les parents lorsque des questions de sexualité humaine vont être abordées. La loi bannit totalement toute mention de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre, quel que soit l’âge des élèves.

Dans quel contexte a-t-elle été adoptée ?

Dans la guerre culturelle qui mobilise les conservateurs américains, la restriction des droits des personnes transgenres, en particulier les jeunes, fait figure de priorité. De ce point de vue, et malgré sa radicalité, la loi du Kentucky s’inscrit dans un mouvement national : au moins une dizaine d’Etats dont l’Arizona, la Floride, l’Iowa, la Géorgie ou le Tennessee ont déjà adopté des lois similaires, qui interdisent la transition de genre pour les mineurs.

Ces derniers jours, un autre élément est venu nourrir un contexte déjà très tendu : la tuerie dans une école primaire privée chrétienne de Nashville, dans le Tennessee, perpétré par un homme trans de 28 ans, qui a tué six personnes, dont trois élèves de neuf ans. Si ce drame est venu s’ajouter à la longue liste de tueries en milieu scolaire aux Etats-Unis, alimentées par la circulation massive des armes à feu, de nombreuses voix républicaines et conservatrices l’ont utilisé pour nourrir leur transphobie. La chaîne conservatrice Fox News a ainsi diffusé un segment intitulé «Le mouvement trans cible des chrétiens».

Figure de la frange d’extrême droite la plus dure au Congrès, l’élue de Géorgie, Marjorie Taylor Greene, a laissé libre cours à sa haine envers la communauté transgenre sur les réseaux sociaux. «Quelle quantité d’hormones et de médicaments pour les maladies mentales le tireur transgenre de Nashville a-t-il pris ? Tout le monde peut arrêter de remettre la faute sur les armes à feu». «A la lumière d’un tireur transgenre ciblant une école chrétienne et assassinant des enfants, chaque Américain devrait connaître la menace du transterrorisme antifa», a-t-elle ajouté. Un message qui a conduit Twitter à suspendre son compte.