France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Dans les écoles d’architecture, les étudiants remettent en cause la culture de la « charrette »

Si ces établissements déclarent faire leur possible pour éviter une surcharge de travail, cette pratique demeure courante.

Article réservé aux abonnés

« Je suis charrette ! » Cette expression populaire, toujours d’actualité, a une étymologie lointaine. Elle trouve son origine dans le Paris du XIXe siècle, quand les élèves de la section architecture de l’Ecole des beaux-arts de Paris faisaient transporter leurs travaux sur des charrettes pour leur évaluation par un jury. Jusqu’au dernier moment, les étudiants poursuivaient leur travail, juchés sur une carriole. L’image, pittoresque, a traversé deux siècles et renvoie à une phase de travail intense, de plusieurs jours et nuits, au cours desquels les étudiants s’usent dans l’espoir d’un « rendu » optimal du projet. L’expression résonne toujours dans les couloirs des vingt-deux écoles d’architecture françaises.

« On lutte contre cette pratique », assure Caroline Lecourtois, directrice de l’ENSA (Ecole nationale supérieure d’architecture) de Paris-La Villette, résumant la position des chefs d’établissement. « Il y a vingt ans, les charrettes étaient organisées par le corps enseignant, témoigne Raphaël Labrunye, architecte et directeur de l’ENSA de Normandie. C’était un rite de passage. » Réclamer un investissement total, quitte à faire perdre le sommeil et un peu de leur santé aux étudiants, faisait partie de l’apprentissage. « Aujourd’hui, les enseignants savent que ce n’est pas une méthode. L’école fait tout ce qui est possible pour éviter aux étudiants une surcharge de travail », poursuit le directeur. « C’est faux ! » répondent d’une seule voix tous les étudiants que nous avons rencontrés. L’accumulation de multiples rendus sur des temps courts demeure une pratique courante.

Plusieurs facteurs nourrissent la pérennité des « charrettes ». L’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (Igesr) et l’inspection générale des affaires culturelles (IGAC) les évoquent dans un rapport commun sur les conditions d’enseignement dans les ENSA, publié en décembre 2021. Ce qui concourt à la surcharge de travail « perçue par les étudiants », c’est « la contraction de la durée des études à laquelle s’ajoute l’insuffisance de coordination entre les disciplines et le flou du cadre pédagogique et des critères d’évaluation ». L’ensemble « contribue à l’anxiété et au mal-être des étudiants », constatent les deux inspections.

« Nous avons bourré les emplois du temps »

En 2005, le ministère de la culture (tutelle des ENSA) a adapté les formations en écoles d’architecture selon la déclinaison licence-master-doctorat (LMD). Le temps d’étude est alors réduit d’une année, mais le référentiel à acquérir, lui, se densifie. « Nous avons bourré les emplois du temps », reconnaît François Brouat, président du collège des directeurs et patron de l’ENSA de Paris-Belleville.

Il vous reste 37.45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.