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Dark stores : « Ici, le temps est optimisé... » On a visité l'intérieur de ces entrepôts qui divisent

Il y a de la raclette, du gel à l’arnica, des pains au lait et même des fruits de la passion. Au fond d’un entrepôt de 500 m² de la rue des Olivettes, en plein centre-ville de Nantes, c’est un véritable petit supermarché dans lequel on pénètre. Sauf qu’ici, pas d'enseigne à l'entrée, ni de promos ou de têtes de gondoles qui clignottent. Les produits sont simplement dispatchés sur des étagères métalliques qui portent, comme chacune des allées, un numéro. « Pas besoin que ce soit sexy, sourit Simon Marcault, le directeur régional de Flink dans l’Ouest, sweat à capuche de la marque rose fluo. Il faut par contre que tout soit parfaitement organisé pour que les équipes s’y retrouvent parmi les 2.000 références que l’on propose. Ici, le temps est optimisé. On doit toujours rester focus. »

En activité depuis environ un an, de 8 heures à minuit et ce 7 jours sur 7, Flink (qui a racheté Cajoo) est le seul dark store de la ville de Nantes. Mais ces « magasins fantômes », qui promettent aux clients une livraison de leurs courses en quelques dizaines de minutes et pour moins de 3 euros, se sont multipliés en France avec le développement de l’enseigne allemande et de ses concurrents Getir ou Gorillas. « On a trouvé notre clientèle, estime aujourd’hui Simon Marcault, qui parle de plusieurs centaines de commandes en moyenne par site et par jour. Le dimanche reste une journée très forte. Le soir en semaine aussi, à partir de 20 heures. On a une très bonne base de clients réguliers, et plusieurs profils différents. »

A Nantes, l'entrepôt Flink se situe dans le quartier central des Olivettes
A Nantes, l'entrepôt Flink se situe dans le quartier central des Olivettes - J. Urbach / 20 Minutes

Alcool, beurre salé, fruits

Cible de critiques en raison des nuisances ou du modèle, également dans le viseur de certaines mairies, Flink assure répondre à « une réelle demande » avec des prix « alignés à ceux d’un supermarché ». C’est d’ailleurs pour « expliquer la réalité » de son activité que l’entreprise a invité 20 Minutes dans ses locaux, une ancienne imprimerie, sans nous autoriser cependant à prendre des photos ni à demander trop de détails chiffrés. Si les boissons et l’alcool font partie des produits les plus commandés et occupent largement les premiers rayons, « on vend aussi beaucoup de beurre salé, du gruyère et des œufs, et de plus en plus de fruits et légumes », assure le directeur du magasin. « Les clients font appel à nous pour du complément alimentaire, mais aussi pour des paniers de 40 ou 50 articles, complète le responsable régional. On vend aussi beaucoup de packs d’eau. »

Quand un client commande via l’appli, une sonnerie retentit et la liste de courses apparaît sur l’écran d’un « picker ». L'employé a alors « quelques minutes » pour aller récupérer les produits dans les rayons sans oublier de tous les scanner, pour éviter toute erreur. Ensuite, le sac en papier lui aussi flashé atterrit dans l’une des sacoches réfrigérées de la quinzaine de livreurs (tous en CDI) de Flink, qui patientent dans le grand sas avant de foncer vers l’adresse indiquée, en vélo ou scooter électriques. Pour un tiers des commandes environ, ce sont des livreurs Uber eats qui entrent et repartent avec la marchandise : car Flink, dont Carrefour est partenaire, sert aussi d'entrepôt à l’enseigne pour son service de livraison à domicile Carrefour sprint. Particuliers et associations sont aussi amenés à se garer devant l’entrepôt pour récupérer les invendus.

Dans le viseur de la ville

Un balai incessant qui ne plaît pas du tout aux riverains de ce quartier central mais très résidentiel, qui sont plus de 2.000 à avoir signé une pétition demandant la fin des nuisances. « La rue des Olivettes est régulièrement bloquée par les camions de livraison, les livreurs ont parfois une conduite accidentogène, en prenant la rue à contresens… Bref ce lieu n’est pas du tout approprié à cette activité », s’agace Gildas Salaün, adjoint à la ville de Nantes.

Il y a quelques jours, un décret a commencé à clarifier le statut de ces magasins hybrides, les considérant comme des entrepôts et non comme des commerces. Une distinction qui permettra aux mairies de mieux réguler l’implantation des futurs dark stores, accusés de faire de l’ombre aux commerces de proximité, mais pas ceux qui existent déjà. L’élu nantais espère désormais obtenir un élargissement des pouvoirs de police donnés au maire, afin de pouvoir sanctionner ces enseignes comme elle est en droit de le faire pour certains débits de boissons. 

« On est ouverts à la discussion », assure-t-on du côté de Flink, qui, en attendant, profite de son « emplacement idéal ». L’entreprise annonce qu’elle recrutera prochainement un vigile dont la mission sera de veiller à la tranquillité de la rue, en soirée. La direction nationale, elle, n’a pas donné suite aux demandes de précisions de 20 Minutes.