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David Brauge : « L’examen de référence n’existe pas encore »

David Brauge : « L’examen de référence n’existe pas encore »
David Brauge est le neurochirurgien qui suit Mikaël Hygonnet.

Repro CL

Par Propos recueillis par N.G., publié le 6 décembre 2022 à 18h20.

Le neurochirurgien qui suit Mikaël Hygonnet évoque les difficultés à délivrer un diagnostic fiable après une commotion cérébrale.

Il aurait très bien pu botter en touche en se réfugiant derrière le secret médical. Mais parce qu’il est en première ligne pour statuer sur l’épineux dossier des commotions cérébrales au rugby, David Brauge n’a pas voulu « fuir ses responsabilités ». Responsable de la commission...

Il aurait très bien pu botter en touche en se réfugiant derrière le secret médical. Mais parce qu’il est en première ligne pour statuer sur l’épineux dossier des commotions cérébrales au rugby, David Brauge n’a pas voulu « fuir ses responsabilités ». Responsable de la commission dédiée auprès de la Fédération Française de Rugby (FFR) depuis 2020, le neurochirurgien est le spécialiste qui suit depuis plusieurs années Mikaël Hygonnet et lui a donc accordé son feu vert il y a une semaine pour qu’il puisse rejouer. Il évoque les difficultés actuelles à délivrer un diagnostic fiable à 100 %.

Quel est aujourd’hui le protocole quand un joueur de rugby est victime d’une commotion ?

David Brauge. Ce sont des directives internationales qui s’appliquent et qui sont communes à tous les sports même s’il y a des spécificités au rugby comme le protocole qui peut être réalisé au cours d’un match. Le joueur doit d’abord observer une période de repos établie sous forme de peine plancher. Pour une première commotion lors de la saison, c’est 10 jours. Pour une deuxième, 21 jours et 90 jours au bout de la troisième. A la fin de cette période, il a l’obligation de voir un spécialiste qui atteste de son état de santé.

Que vérifiez-vous à ce moment-là ?

On réalise une batterie de tests afin de s’assurer qu’il n’y a plus aucun symptôme, que ce soit au repos ou à l’effort. La FFR est la fédération qui octroie le plus de moyens pour traiter ce problème avec un budget annuel de 500.000 euros. Les choses se sont améliorées depuis 10 ans mais tout n’est pas parfait. L’examen de référence, le plus fiable possible, n’existe pas encore. On ne l’a pas encore trouvé. Les données de la science sont trop limitées pour le moment. Parce qu’on est surtout dépendant de ce que veulent bien nous dire les joueurs.

Certains pourraient donc mentir pour pouvoir rejouer ?

Bien sûr que ça arrive et on n’a aucun moyen de remédier à ça. On sait très bien que le rugby est un sport à risques pour les commotions même si les chiffres montrent que les cas n’augmentent pas ces dernières années en Top 14 et Pro D2. Mais au niveau où évolue Mikaël, il n’y a pas de données chiffrées.

Que pouvez-vous nous dire justement sur son cas ?

Qu’il ne faisait pas partie des joueurs multirécidivistes et que le délai accordé lors de sa dernière commotion a été bien au-delà de ce qui était préconisé par le règlement. Tout ce qui se passe dans son cas est très inhabituel.

Que voulez-vous dire ?

Il peut arriver qu’un joueur fasse une crise d’épilepsie lors d’un choc mais plusieurs semaines après, je ne vois pas le lien. C’est un véritable drame qu’il vit actuellement mais attendons de voir l’évolution de la situation et gardons la tête froide avant de tirer la moindre conclusion.