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Davos 2023 veut imposer le respect du droit international comme facteur de paix

Le logo du Forum économique mondial de Davos, le 23 janvier 2018

© Fabrice COFFRINI / AFP

Atlantico Business

Les milieux d’affaires qui préparent Davos 2023 font pression pour que le respect du droit international soit au cœur d’une négociation de paix avec la Russie. C’est le seul moyen de restaurer et protéger la croissance économique mondiale.

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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La plupart des chefs d’entreprise du monde entier se préparent à assister à un Davos 2023 qui pourrait être décisif. Entre le 16 et le 20 janvier prochain, les participants à Davos sont bien décidés à faire passer l’idée que le monde a besoin d’une nouvelle donne géopolitique fondée sur le droit international. 

Davos, c’est un peu la Mecque du capitalisme international, mais c’est aussi le lieu où les pays en voie de développement ont compris en 25 ans que c’est à Davos qu’ils ont appris le fonctionnement de l’économie de marché, seul moyen de créer de la richesse et de la prospérité dont leurs peuples ont besoin. 

En fait, les milieux d’affaires internationaux sont de moins en moins discrets sur la nécessité de tout faire pour éviter une récession mondiale. Et le seul moyen est d’arrêter la guerre. Tout le monde est d’accord : economy first. Aux Etats-Unis comme en Asie ou en Europe. Sauf qu’on est loin d’être d’accord sur les moyens d’y arriver. 

Entre ceux qui pensent que malheureusement, il ne peut n’y avoir qu’une solution militaire par l’effondrement ou la destruction de l’un des deux camps et ceux qui défendent le projet d’une négociation, il y a un gouffre d’une profondeur désespérante parce que si, sur le principe, la négociation serait le seul moyen acceptable parce que raisonnable, il n’existe aucune possibilité aujourd’hui de réunir les protagonistes sur un contenu cohérent. 

Les conditions des uns comme les autres sont tellement contradictoires que personne ne voit une issue possible. Négocier ? oui. Mais négocier quoi ? 

Entre les Américains (et d’autres) qui jurent qu’ils ne pardonneront jamais à Vladimir Poutine d’avoir transformé cette guerre en actes de terrorisme criminels et destructeurs ; et ceux qui pensent qu’il faut maintenir le contact pour pouvoir parler de l’avenir de l’Ukraine, de la Crimée, des sanctions et des responsabilités, on voit bien qu’on ne pourra pas sortir du conflit très rapidement. 

Les milieux d’affaires, eux, essaient de rester très pragmatiques et cela dans le monde entier. C’est du moins ce qui ressort des préparatifs et des orientations que beaucoup de chefs d’entreprises partenaires du prochain Davos souhaitent imposer. 

1er point : Ils mesurent très clairement les effets des sanctions et considèrent que la situation actuelle risque de provoquer une récession mondiale qui sera catastrophique pour tout le monde. Y compris à terme pour les Etats-Unis, même si l’Amérique s’en sort le mieux.

2e point : En Occident, les milieux d’affaires considèrent qu’il sera très difficile de reprendre les flux d’échanges avec les pays autoritaires comme la Chine, l’Iran ou la Russie. Ils reconnaissent que la mondialisation depuis une vingtaine d’années a certes permis de sortir beaucoup de pays émergents de la misère, mais contrairement à ce qu’ils pensaient, cette prospérité économique n’a pas permis de faire avancer dans ces pays l'idée de démocratie ou même de liberté individuelle. Les élites dirigeantes ont profité des avantages du développement économique (éducation, confort de vie, liberté de circuler etc.) mais les populations n’en ont pas profité. Les élites dirigeantes n’ont rien fait pour en diffuser les avantages. Le poids des traditions, des religions et des cultures a été plus puissant que les dividendes de la technologie.

3e point : Compte tenu de cette surpuissance de l’histoire et des cultures, les milieux d’affaires et les chefs d’entreprises internationales considèrent aujourd’hui que l’urgence, c’est évidemment d’arrêter la guerre mais qu'on ne parviendra pas à générer des évolutions culturelles propres à faire reculer les tentations autoritaires et tuer les dictatures. Toute entreprise de négociation qui aurait pour ambition d’intervenir sur la gouvernance de ces pays, qui aurait pour objectif de changer les organisations politiques internes en y introduisant des principes de liberté ou de démocratie; ces entreprises seront vouées à l’échec. Il faudra donc faire avec. Personne ne le dit publiquement mais beaucoup le pensent par nécessité ou cynisme. 

A une condition. 

4e point : Les milieux d’affaires pensent aujourd’hui que le seul domaine où la négociation pourrait se déployer est celui du droit international. On peut considérer qu’un pays a la liberté de s’organiser comme il le veut, comme ses dirigeants le souhaitent. On peut aussi envisager de faire du commerce avec eux, à condition que le droit international soit impérativement respecté. A condition que les accords internationaux ne soient pas bafoués. A condition que les territoires ne soient pas violés. 

Pour la grande majorité des chefs d’entreprises du monde entier, s’accorder sur le respect du droit international permettrait d’engager un dialogue qui permettrait de définir le contenu de ce droit et des moyens d’en garantir l’application. A terme et au delà de la guerre en Ukraine, c’est toute l’organisation de la gouvernance internationale qu’il faut remettre à plat. L’ONU, bien sûr, avec son sacro-saint conseil de sécurité, le FMI dont les objectifs et les moyens sont bouleversés et l’OMC qui est complètement paralysée. 

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