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De grosses entreprises qui ne connaissent pas la crise [Le point de vue de CL]

De grosses entreprises qui ne connaissent pas la crise [Le point de vue de CL]

Photo AFP

Par Jean-Louis HERVOIS - jl.hervois@charentelibre.fr, publié le 8 février 2023 à 22h13.

Retrouvez notre éditorial du jeudi 9 février 2022.

La publication en début d’année des bilans d’entreprise ouvre en grand un débat tarte à la crème où chacun prend sa part. Si les banques et les champions du CAC...

La publication en début d’année des bilans d’entreprise ouvre en grand un débat tarte à la crème où chacun prend sa part. Si les banques et les champions du CAC 40 s’emploient à passer à travers les gouttes, les 19 milliards de bénéfices de TotalEnergies déclenchent une alerte automatique. Le pétrolier est le premier à s’en excuser. Son PDG joue les pompiers en rappelant qu’il paye des impôts là où il travaille, c’est-à-dire dans le monde entier. Il promet des ristournes et confesse ses scrupules devant l’acceptabilité sociale du carburant à 2 euros le litre. Il rappelle au passage que l’État n’est pas le dernier à se servir à la pompe fiscale quand les prix flambent. Son entreprise pâtirait du syndrome des mal-aimés alors qu’elle s’investit comme jamais dans les énergies durables. Dotés de 17 milliards de dividendes à se partager, ses actionnaires pourraient même envier les concurrents, les 27 milliards de BP, les 40 de Shell, jusqu’aux 56 milliards de bénéfice d’Exxon qui ont arraché un tweet appuyé à Joe Biden.

La crise fait prospérer ces usines à profit et à carbone. L’éternel débat sur le partage de la valeur se mord la queue tant le cynisme et le rendement immédiat régentent les économies mondiales. La France serait dans le monde un des pays les plus redistributeurs de richesses. Hasard de l’ordre du jour, l’Assemblée nationale se saisit aujourd’hui de la question et il ne manquera pas une voix à gauche pour réclamer qu’elle le soit encore davantage.

Le pouvoir entretient en revanche un savant brouillard, sur les superprofits des fournisseurs d’énergie comme sur les remèdes à la crise sociale qui ronge le pays. L’argumentaire opposé à de nouvelles taxations, même conjoncturelles, tourne à vide et manque d’incarnation. Le dossier retraites donne le beau rôle à la droite alors qu’elle n’a cessé de réclamer à chaque campagne les mesures les plus brutales. Parmi tant d’injustices, Emmanuel Macron et son gouvernement semblent dériver sans rien voir ni entendre de tout ce qui se trame autour d’eux comme si l’essentiel était ailleurs.