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Delphine Batho : « Le cœur de la crise de l’écologie politique est l’absence de rupture avec le dogme de la croissance économique »

Delphine Batho

Députée des Deux-Sèvres (EELV)

Face à l’état catastrophique de la planète, la jeunesse devrait se tourner vers l’écologie politique. Elle ne le fait pas, car ce courant n’assume pas clairement la rupture avec le dogme de la croissance, regrette, dans une tribune au « Monde », la députée (EELV) des Deux-Sèvres Delphine Batho.

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Il y va de l’écologie politique comme de cette scène bien connue dans toutes les familles : l’enfant, pour comprendre le monde, demande à ses parents : « Pourquoi ? » S’ensuit un dialogue vertigineux, où chaque réponse appelle un nouveau pourquoi, jusqu’à ce que, à force d’impatience et excédé par le caractère abyssal du dialogue, l’adulte laisse éclater son argument d’autorité : « Parce que c’est comme ça ! » La conversation est close, mais pas le questionnement.

La jeunesse n’est pas conditionnée par l’expérience, qui finit par façonner une résignation à l’état du monde. Parce qu’elle a un regard neuf, elle n’accepte pas de compromis et cherche une réponse radicale, au sens littéral du terme, c’est-à-dire qui s’attaque à la racine du fonctionnement de nos sociétés. Ce rapport dialectique est l’un des moteurs de l’histoire politique : sans cesse une nouvelle génération cherche à dépasser les frontières du possible. C’est un mouvement perpétuel et salutaire.

Les anciennes générations écologistes se retrouvent aujourd’hui sans réponse face aux pourquoi d’une jeunesse qui voit tout s’effondrer à la vitesse inouïe des destructions exponentielles de l’anthropocène. Les leaders écologistes sont dépassés, gênés, déstabilisés.

Polyphonie chaotique

La jeunesse coupe les amarres. Dans les grandes écoles et dans les universités, des jeunes refusent de devenir les futurs cadres de la destruction. A l’échelle mondiale, au collège, au lycée, ils ont fait grève pour le climat. Dans la rue, ils se collent à terre, dans les musées, sur le périphérique parisien, dans les stades, ils crient leur désespérance, sachant qu’on ne veut pas les entendre. Ils quittent leur boulot pour ne plus se sentir comme des souris dans une cage à faire tourner la grande roue de la consommation.

Symptômes des standards de la civilisation productiviste, ces ruptures sont qualifiées de « grande démission », là où il est tellement évident qu’il s’agit, au contraire, d’un nouveau « grand engagement » potentiel.

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La jeunesse qui s’engage n’est pas à l’abri des fausses routes. La limite est fine entre radicalité et marginalité, entre désobéissance civile légitime et violences contreproductives, d’autres générations radicales en ont fait l’amer constat. Pour entraîner l’humanité dans son ensemble, la jeunesse a besoin de soutiens et d’expérience. Elle doit trouver son propre chemin, forte du savoir accumulé par des années de lutte.

Elle devrait naturellement se tourner vers l’écologie politique, mais qu’entend-elle ? Une polyphonie chaotique où se mêlent simplisme de l’utopie à bon marché, pragmatisme du changement de chaudière, opinions à l’emporte-pièce sur tout un tas de sujets. Dans un mouvement paradoxal, plus le danger de l’extinction devient évident pour le plus grand nombre, plus le discours de l’écologie politique devient confus, immature, sans grille de lecture. Il ne fournit pas d’outil utile à la lutte. Pis, il l’affaiblit. Car il existe une boucle de rétroaction négative entre la débâcle électorale des écologistes en 2022 et la situation du mouvement social. L’éco-anxiété est aussi politique.

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