France
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Démission de Bernard Laporte : le rugby français sans président et toujours en crise

Fin de règne ? Certes. Fin de partie ? C’est une autre histoire. En présentant sa démission au comité directeur de la Fédération française de rugby (FFR) réuni vendredi 27 janvier à Marcoussis (Essonne), son président Bernard Laporte n’a fait que consentir à l’inéluctable. Sa position était de plus en plus intenable depuis sa condamnation le 13 décembre 2022 à deux ans de prison avec sursis et 75 000 € d’amende, notamment pour corruption passive, trafic d’influence et prise illégale d’intérêts.

La ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, avait d’emblée appelé à sa démission, très vite suivie par la Ligue nationale de rugby (LNR), l’instance dirigeante des clubs professionnels, considérant qu’il fallait « ramener l’apaisement au sein du rugby français à travers l’organisation par la FFR de nouvelles élections ». En négociant sa « mise en retrait » en attendant son procès en appel, Bernard Laporte refusait d’abdiquer, comptant sur l’assentiment des clubs appelés à valider par un vote le nom de son remplaçant temporaire, le vice-président de la FFR Patrick Buisson. Le résultat du scrutin est tombé jeudi 26 janvier, véritable claque pour un président déjà titubant. Avec plus de 90 % de participation, 51,06 % des votants ont rejeté la proposition.

Une situation intenable

Bernard Laporte ne pouvait qu’en tirer les conséquences et baisser la tête jusqu’à la sortie. Sauf que la page n’est pas tout à fait tournée. Car la suite que cherche à écrire le comité directeur, souverain en la matière, traduit bien les divisions qui agitent toujours la « grande famille » du rugby. Les statuts de la FFR offraient deux solutions possibles. Soit aux termes de l’article 21, la désignation d’un président par intérim, puis la convocation en juin prochain d’une assemblée générale de la FFR devant élire un nouveau président au sein du comité directeur actuel. Soit, aux termes de l’article 15, une démission de l’ensemble du comité directeur provoquant sous six semaines l’organisation de nouvelles élections plus largement ouvertes.

Au sortir de la réunion au début de laquelle elle s’était invitée vendredi matin, Amélie Oudéa-Castéra s’est empressée de poser ces éléments en affirmant cependant ses préférences : « C’était quelque part mon rôle de conseil (…) Je leur ai indiqué que la voie qui me paraissait la plus claire, la plus nette, la plus légitime et aussi la plus rapide, car on a tous envie que cette crise puisse aller à son terme et être résolue rapidement maintenant, était la voie d’une démission du comité directeur. » Cette solution était aussi appelée de ses vœux par l’opposition à Bernard Laporte, le collectif Ovale ensemble mené par le président de la Ligue régionale Île-de-France Florian Grill, candidat ayant échoué d’un rien aux dernières élections fédérales (49 % contre 51 % à Bernard Laporte en 2020).

L’opposition fédérale démissionne aussi

Mais le comité directeur, où siègent 40 membres dont 9 de l’opposition, n’a pas choisi cette voie, privilégiant la nomination d’un président intérimaire et la convocation à Lille fin juin-début juillet d’une assemblée générale élective. Évoquant un « putsch », l’opposition a immédiatement décidé de démissionner. « On ne peut pas cautionner ce hold-up, s’est emporté Florian Grill. En démissionnant, on les met devant leurs responsabilités. On a demandé leur avis aux clubs et, aujourd’hui, on vient leur dire que leur avis ne sert à rien. Tout ça n’est pas sérieux, tout ça n’est pas responsable. C’est grossier envers les clubs. C’est grave. »

Le rugby français termine donc la semaine sans président, mais toujours en crise. À sept mois de la Coupe du monde, l’image est peut-être moins écornée, mais toujours très floue. Le XV de France s’apprête à entamer (dimanche 5 février contre l’Italie) dans ce climat un Tournoi des VI nations décisif pour sa confiance avant l’échéance mondiale. Le sélectionneur Fabien Galthié, longtemps très proche de Bernard Laporte, s’est appliqué depuis des mois à se tenir à l’écart des débats actuels, maintenant le XV de France dans sa bulle, dans son projet inaltérable.

C’est d’ailleurs le seul point d’ancrage de l’ovalie dispersée. Pas touche au XV de France, jurent tous les protagonistes du feuilleton actuel. Que les Bleus continuent à gagner, espoir partagé. Pour le reste, c’est encore mêlée ouverte. Ce qui n’est pas tout à fait la meilleure représentation du célèbre « french flair ».