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« Des hausses de taux additionnelles risquent d’être inefficaces et annonciatrices d’un désastre économique à la fin de l’année »

Jean-Claude Meyer

Vice-président international d une banque d affaires

Le banquier Jean-Claude Meyer s’élève, dans une tribune au « Monde », contre l’incohérence périlleuse des annonces des banquiers centraux.

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En plus des dangers géopolitiques actuels, menaçants, tragiques, et par définition imprévisibles, les pronostics des économistes et des banquiers centraux nous plongent dans une regrettable incertitude. A l’inquiétude ambiante, ils ajoutent une redoutable incohérence.

En janvier, ils prévoyaient une récession, un refroidissement de l’inflation, et donc une hausse modérée des taux d’intérêt, ce qui entraîna une hausse subite des actions. Mais deux mois après, le scenario est inverse : le risque de récession s’est d’un coup de baguette magique évanoui, l’inflation rebondit, à cause d’une surchauffe du marché de l’emploi aux Etats-Unis (un taux de chômage jugé trop faible, à 3,6 %) et la hausse des taux que décidera la Réserve fédérale américaine (Fed) les 21 et 22 mars, naguère prévue de 0,25 %, s’élèverait à 0,50 %.

Mais lundi 13 mars, c’était de nouveau 0,25 % qui était annoncé. Et patatras ! A cause de la faillite de la Silicon Valley Bank, après la hausse de 0,50 % annoncée par la Banque centrale européenne (BCE) le 16 mars, il n’y aura peut-être pas du tout de hausse de la Fed…

Prévisions contredites le lendemain

Preuve que les hausses de taux ne sont pas une panacée, et fragilisent le système financier. De quoi nous déconcerter. L’art est, il est vrai, difficile – l’inflation, l’emploi, la croissance, les taux d’intérêt et la stabilité financière forment un réseau de vases communicants infernal.

Le consensus du marché anticipe des hausses de taux jusqu’à cet été, puis un plateau jusqu’à la fin de l’année, avant une baisse progressive concomitante à une baisse de l’inflation en 2024, redopant automatiquement les marchés boursiers.

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Comme chaque prévision est remise en cause le mois suivant, ce scenario rose d’un soft landing (« atterrissage en douceur ») – une utopie dans l’histoire économique – arrivera-t-il ? Rien n’est moins sûr, malgré l’optimisme exprimé par Olivier Blanchard, professeur au Massachusetts Institute of Technology et ancien chef économistes du Fonds monétaire international. D’autant que les économies en guerre sont en général inflationnistes ; la nouvelle division internationale du travail visant à relocaliser les industries à plus grande proximité des lieux de consommation l’est aussi – déjà l’industrie pharmaceutique réclame des hausses de prix pour fabriquer ses produits en France ; enfin la transition énergétique sera coûteuse.

« Si vous m’avez compris, c’est que je me suis mal exprimé », disait jadis drôlement le président de la Fed (de 1987 à 2006) Alan Greenspan, à la manière de Woody Allen. Un peu moins de déclarations apporterait un peu de calme, au lieu de nous ballotter tous les mois par des prévisions elles-mêmes contredites le lendemain. Mais savoir se taire en notre civilisation des médias est un art difficile.

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