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DIRECT. Procès Malgouyres en appel : "J'ai eu hyper peur, je pensais que j'allais mourir" raconte Françoise

DIRECT. Condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle pour avoir organisé le cambriolage sanglant du jardin Saint Adrien à Servian, le 5 octobre 2017, Daniel Malgouyres, 73 ans qui crie toujours son innocence, est seul dans le box de la cour d'assises de l'Aude, où l'affaire est rejugée en appel depuis le mardi 29 novembre. Le verdict est attendu le 12 décembre. Suivez tous les temps forts du procès sur midilibre.fr

Le procès en appel de Daniel Malgouyres, condamné par la cour d'assises de l'Hérault à 18 ans de réclusion criminelle pour avoir organisé le cambriolage sanglant de son domicile à Servian (Hérault), au cours duquel il a tué un cambrioleur, le 5 octobre 2017 se poursuit ce jeudi 1er décembre 2022 devant la cour d'assises de l'Aude à Carcassonne.

L'avocat général est comme en première instance Georges Gutierrez. La défense de Daniel Malgouyres est assurée par Me Jean-Marc Darrigade et par Me Cyril Malgras. Françoise Malgouyres, partie civile, est désormais défendue par Me Iris Christol. Sandra Viers, la veuve du cambrioleur abattu David Viers, est également présente, défendue par Me Florence Delfau-Bardy. Me Isabelle Vivien-Laporte et Me Christelle Bourret-Mendel sont parties civiles pour les autres membres de la famille Viers.

9 h 15 : ouverture de cette troisième journée d'audience

Après une journée d'hier largement consacrée à l'examen du patrimoine et des aspects financiers de la vie du couple Malgouyres, une nouvelle journée d'audience s'ouvre à la cour d'assises d'appel de l'Aude.

Le président appelle Françoise Magouyres à la barre.

"Ça ne va pas très bien, je sais que c’est quinze jours difficiles, c’est à nouveau rentrer dans les moments de votre vie qui ont été les plus pénibles donc ce n’est pas facile. Le bonheur, ce n’est pas ça."

Le président : "Aujourd’hui on juge M. Malgouyres, c’est toujours votre mari. On peut suspecter que vous êtes animé par un esprit de vengeance soit que vous êtes toujours attachée à lui. On va essayer de voir de quel côté penche la balance. Pour que cette audience soit exploitable peut-être va-t-il falloir faire un effort pour tempérer le caractère très fort que vous avez manifesté. Aujourd'hui on ne juge plus M.M. Llop et Bruno."

"Après je ne doute pas que tout le monde pose des questions sur tout et n’importe quoi mais ce n’est pas de notre responsabilité. La cour attend de vous que vous nous apportiez des informations utiles et exploitables."

Françoise Malgouyres : "En fait je ne sais pas quoi commencer."

Le magistrat : "On commence l’examen du fond de l’affaire, aujourd’hui on rentre dans le vif du sujet. La semaine prochaine on reviendra sur la mort de M. Viers."

Françoise Malgouyres commence son long récit, d'une seule traite.

"Le 5 octobre l’après-midi commence par une visite commentée par mon mari de 56 personnes donc il est très occupé, moi je dois aller voir un neurochirurgien, ensuite il y a une leçon d’équitation donnée à mon fils, on est tous présents, mon mari est présent, il ne regarde pas la leçon, il ne regarde pas son fils et il regarde à l’opposé, du côté par où les voyous sont arrivés."

"Ensuite il va avec Richard charger son camion. Puis il revient, on mange, le chien aboie pendant une dizaine de minutes, on finit de manger je lui dis il y a peut-être des sangliers, il part avec une lampe torche, je fais la vaisselle, et tout d’un coup j’entends deux petits cris de mon mari je sors il y a un monsieur grand cagoulé avec une arme, et je me dis il y a un copain du jardin qui veut me faire une blague et comme à la fin du mois c’est Halloween je ne pense pas à m’enfuir".

"Je vais vers lui et je prends des coups de poing au visage. Puis il me dit venez. Je lui dis j’ai un traumatisme crânien, il me retape et je tombe en arrière et il me remet debout, j’ai dû me tenir à son poignet. On fait le tour, il me fouille pour savoir si j’ai un téléphone sur moi."

"Là mon mari est allongé, l’autre voyou David Viers vient vers moi, il me met l’arme sur la tempe, on vient pour le coffre-fort, il m’oblige à me coucher par terre."

"On repart vers la maison, on rentre Richard Bruno et moi dans la maison et je lui demande de me rincer le visage parce que je saigne. Il me dit de ne pas le regarder."

"Là il n’y a toujours pas mon mari ni l’autre voyou, je suis avec le monsieur qui a l’arme avec lui. Après mon mari arrive avec l’autre voyou, mon mari s’assoit sur une chaise à table."

"David Viers me dit on veut ce qui a dans le coffre-fort. Je le regarde on lui dit on n’a pas de coffre-fort, on n’a pas d’argent, tout est à la banque. Il me donne deux coups de poing sur la tête et je me dis : tu ne sens rien, tu restes de marbre."

"Il répète : de toute façon on nous a dit que vous avez un coffre-fort. Peu de monde le sait mais dans ce coffre il n’y a pas d’argent, comme on était en bagarre avec mon mari je l’avais caché chez mon fils. Je suis la seule personne à savoir qu’il y a quelques bijoux, des documents et une enveloppe avec peu d’argent."

"Au bout d’un moment mon mari me dit, Françoise, amène-les au coffre, donne-leur ce qu’ils veulent. Avec les yeux je lui dis, il n’y a pas de coffre ! Il me le demande une deuxième fois. Là David Viers me dit on va vous attacher, je me dis s’il m’attache c’est foutu, je me lève et je leur dis que j’ai de l’argent en bas. Il avait le scotch en main."

"J’ai sorti les recettes, il devait y avoir 400 ou 500 € et je leur donne et David Viers dit : elle ne comprend rien et il me frappe à nouveau."

"Et là mon mari dit qu’il a 1000 € en haut. David Viers m’entraîne et au bout de deux marches je m’écroule, David Viers essaie de me relever et il est monté tout seul pour suivre mon mari et je suis redescendu et je me suis retrouvé en bas avec Richard Bruno qui m’enfonce le revolver ici (elle montre son ventre) et qui appuie de toutes ses forces. J’essaie de l’écarter avec mes mains".

"Je vois ses yeux je vois qu’il est aussi stressé que moi. C’est là que je me suis trompé sur le temps j’ai dit cinq minutes, mais ça n’a pas duré aussi longtemps, peut-être une minute et on entend le coup de feu. Richard Bruno redescend vers la cuisine, il me jette par terre et il se trompe d’endroit, il rentre des deux jambes dans une jardinière en pierre. Mon mari est arrivé il était à côté de moi, il a son arme, il me dit d’éteindre les lumières et j’appuie sur le bouton de l’alarme. Je suis en contact avec la régie et je lui dis qu’on vient de subir un cambriolage avec deux hommes il y a des armes et un coup de feu."

"Je vais chercher le portable du jardin et je téléphone à ma fille et je lui dis que son papa a tiré son monsieur."

"Quand mon gendre arrive le chien n’est pas présent. Il arrive un moment après. Le déclencheur de cela c’est le chien qui aboyait, il a été dressé à ne pas mordre, sauf s’il voit que ses propriétaires sont attaqués."

"Il n’est pas présent pendant tout le cambriolage, il sort avec mon mari il disparaît et il réapparaît. Après la seule personne qui peut cacher ce chien, c’est son maître. En réfléchissant, il ne faut pas une minute pour l’amener de cette pelouse à la chambre froide qui en octobre n’est pas allumée. Il n’a pas aboyé. Quand mon mari est sorti il a une chemise, quand j’arrive avec les voyous il est torse nu. Le chien pour qu’il n’aboie pas et qu’il soit tranquille, si on lui donne un linge qui a notre odeur il sera tranquille. Pour moi la chemise de mon mari a été enfermée dans la chambre froide. On ne l’a jamais retrouvée cette chemise."

"J’ai eu hyperpeur, je pensais que j’allais mourir."

"Cela faisait des années qu’on était dans ce jardin on n’avait jamais subi de grave cambriolage comme ça. Maintenant la peur est là, jour et nuit. Maintenant il fait noir tôt, je ferme tout à 18 h 30."

"Je pleure dans ma salle de bains quand je suis sous la douche et qu’il n’y a personne qui me voit. Je ne veux pas montrer que je suis malheureuse. Mon petit-fils aujourd’hui il veut être jardinier, c’est quelque chose qui me fait plaisir. L’an dernier il lisait la presse tous les jours. Je lui ai dit de ne pas s’en faire pour moi, moi je gère ma vie."

"Aurélie, je serais toute ma vie sa maman. Ce qui se passe aujourd’hui est très très difficile, nous étions comme des jumelles, depuis que mon mari est en prison on ne se voit plus. Elle m’a téléphoné six mois avant le procès l’an dernier."

"Je suis détestée de toute la famille. Ce qu’on a vécu avant c’est compliqué. Pendant le procès il y a eu à nouveau une déchirure qui s’est faite, je ne sais pas pourquoi, j’ai juste eu un message d’Aurélie pour mon anniversaire. On ne peut jamais détruire l’amour d’une maman pour sa propre fille. Même si je sais Aurélie que tu t’es mariée, je l’ai su une semaine après."

Le président : "Vous avez été entendue au moins à 15 reprises, une avalanche de dépositions minutieuses. Ce que vous nous donnez aujourd’hui c’est selon vous la restitution la plus fidèle du déroulement des faits?"

"Oui même si j'ai réfléchi, et j'ai sans doute donné des éléments d'analyse que je n'avais peut-être pas donnés avant."