Emmanuel Macron est convaincu que la réforme des retraites est nécessaire et qu'elle impose le contournement du vote de l'Assemblée. Mais le président a conscience des limites de la méthode.
Le chef de l'Etat s'est peu fait entendre sur la réforme des retraites, laissant son gouvernement et sa Première ministre en première ligne depuis des semaines. Mais Emmanuel Macron ne va pas pouvoir rester silencieux plus longtemps, tant la crise politique est aiguë : une prise de parole, sans doute un discours solennel, devrait intervenir rapidement. Selon les informations de La Dépêche, cette allocution devrait intervenir ce mardi 21 mars, à l'avant-veille de la journée de grève prévue jeudi 23 mars, dans la soirée.
Si l'allocution se limite à un modeste exercice de pédagogie, à une énième argumentation sur l'importance de cette réforme, cela pourrait bien n'être qu'un coup d'épée dans l'eau. Emmanuel Macron va bien sûr insister sur sa détermination à faire passer cette mesure, mais il ne fera pas le même discours qu'Elisabeth Borne sur TF1 jeudi dernier. Ni sur le fond, ni sur la forme.
Il est probable en réalité que le président s'adresse aux Français pour tenter d'impulser une nouvelle dynamique politique. Le procès en déconnexion ? Les accusations de pourrissement du mouvement social ou d'autoritarisme ? Emmanuel Macron va devoir faire entendre qu'il est conscient de l'ampleur de la gronde. Sans doute devra-t-il admettre, aussi, que la méthode n'a pas été très bonne : le chef de l'Etat mesure le rejet que provoque l'utilisation du 49.3, il l'a pourtant choisi cette voie. Il mesure aussi que le compromis tant recherché, notamment avec les députés LR, a abouti à une impasse.
Alors à quelle annonce faut-il s'attendre ? Selon des confidences de conseillers de l'Elysée, rapportées par La Dépêche, le changement de Premier ministre est une éventualité. "Si le fait de sacrifier Élisabeth Borne peut permettre d'apaiser la rue nous n'hésiterons pas", disait ce dernier, tandis qu'un ministre assurait au même journal que "le remaniement, c'est la seule arme qu'il reste" à Emmanuel Macron. Mais remanier pour remanier n'aurait pas de sens, c'est une stabilité politique que doit chercher le président. Et si cela passait par un "pacte de gouvernement" avec LR ? Emmanuel Macron intégrerait alors des personnalités du parti d'Eric Ciotti à l'exécutif, si tant est que la main tendue soit saisie. Une manière d'inscrire la fin de son quinquennat dans une forme de solidité institutionnelle, à droite, avec la constitution d'une majorité de fait à l'Assemblée nationale. L'hypothèse ressemble à une voie de garage, mais c'est toujours mieux que le mur.