Alors que la loi oblige à accueillir à bord les chiens d'assistance, la compagnie aérienne a refusé le chien du vice-champion paralympique du 100 m Timothée Adolphe. En colère, il témoigne.
Même s'il progresse dans nos sociétés, l'accès aux services de mobilité pour les personnes non-voyantes reste encore très perfectible dans de nombreux secteurs. Timothée Adolphe, l'un des fers de lance de l'équipe de France paralympique, en pleine préparation pour les JO de Paris 2024, en a fait l'amère expérience cette semaine.
Celui que l'on surnomme «Le guépard blanc», champion du monde du 400 mètres et vice-champion paralympique du 100m (en 10'' 90 en 2020) devait se rendre à Toulouse depuis Paris dans le cadre d'une opération menée avec son sponsor, en compagnie de son chien. Mais l'organisation du voyage ne s'est pas passée comme prévu.
EasyJet ne se conforme pas à la loi
La société RTE, son partenaire, s'est chargée de réserver le billet pour le duo mais la compagnie EasyJet a exprimé son refus d'accepter le chien alors qu'un dispositif législatif oblige les compagnies à faire voyager les personnes handicapées et à mobilité réduite avec un animal d'assistance reconnu (à différencier d'un animal dit de confort). «La compagnie nous a répondu qu'ils n'acceptaient plus les chiens guide. Nous avons été très surpris. Mon sponsor a contacté leurs services pour avoir des explications et on leur a répondu qu'EasyJet était une compagnie anglaise et qu'à ce titre elle n'avait pas à respecter les lois françaises», explique avec amertume le sprinteur.
La compagnie (que nous avons contactée mais qui n'a pas encore répondu à notre sollicitation), a aussi prétexté que le chien, Japelou, n'était pas issu d'une école reconnue au niveau international. «C'est totalement faux. L'école des Chiens Guides d'Aveugles de l'Ouest où il a été formé est fédérée au niveau national et international», s'insurge Timothée Adolphe qui a tenté personnellement de joindre la compagnie. Sans grand succès.
Avoir à se battre pour faire simplement appliquer des lois de base, c'est anormal. Je suis tombé des nues.
Timothée Adolphe
«Quand j'ai fini par avoir quelqu'un au bout du fil après vingt minutes d'attente afin d'avoir des explications, je leur ai signalé que j'allais enregistrer la conversation pour m'en servir éventuellement par la suite. La personne a posé le combiné et n'a pas voulu communiquer», poursuit l'athlète de 33 ans se disant «déçu et en colère» : «On est en 2023, avoir à se battre pour faire simplement appliquer des lois de base, c'est anormal. Je suis tombé des nues.»
Air France a résolu le problème en acceptant le chien
Depuis qu'il est athlète de haut niveau, Timothée Adolphe n'a heureusement jamais rencontré ce type de problème, finalement résolu auprès d'Air France qui a pris les dispositions pour accepter Japelou et son maître, 13 fois champion de France depuis 2011. Le Versaillais doit en revanche se battre bien plus souvent avec des taxis ou VTC refusant de l'embarquer avec son fidèle compagnon.
