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Eau : bien commun, cause commune ? [Le point de vue de CL]

Eau : bien commun, cause commune ? [Le point de vue de CL]

Photo AFP

Par Maurice BONTINCK - m.bontinck@charentelibre.fr, publié le 30 mars 2023 à 22h26.

Retrouvez notre éditorial du vendredi 31 mars

En surface, l’eau et la question de son partage n’incitent pas à l’optimisme. Devant la bassine de Sainte-Soline, ce sont les violences qui sont le mieux partagées, tandis que les pêcheurs français ont organisé une journée « ports morts » avec...

En surface, l’eau et la question de son partage n’incitent pas à l’optimisme. Devant la bassine de Sainte-Soline, ce sont les violences qui sont le mieux partagées, tandis que les pêcheurs français ont organisé une journée « ports morts » avec par exemple la destruction symbolique de leur bateau pour protester contre de nouvelles zones d’exclusion de leurs activités au nom de la sauvegarde de la biodiversité maritime.

Autant d’exemples démontrant que la question de l’eau, avec ses intérêts irréconciliables, emprunte plus un vocabulaire guerrier que de celui de la concorde. Emmanuel Macron a parlé de « milliers de personnes venues pour faire la guerre » dans les Deux-Sèvres. Voilà pour le verre à moitié vide et percé de tous les côtés.

Mais dans les Hautes-Alpes, la présentation du « Plan eau » par Emmanuel Macron avait aussi les contours d’un verre à moitié plein. Au point de regretter que ce sujet aussi passionnant que décisif pour notre avenir n’ait pas été une priorité présidentielle plutôt que l’obsessionnel dossier des retraites…

Regardons vers l’avenir malgré tout : l’eau, ce bien commun, peut-il être une cause commune ? Sans tomber dans la naïveté, des points de convergence existent. À l’image de certains axes de ce plan qui reprend mot pour mot des mesures du programme de la Nupes, LFI comprise, ceux-là mêmes qui étaient accusés la veille de ne plus être républicains par le pouvoir ou d’être pour Gérald Darmanin « la peste » quand le RN serait le « choléra ».

De quoi imaginer qu’un autre monde de l’eau est possible quand Emmanuel Macron propose sa tarification progressive de l’eau, un vaste plan d’investissement pour moderniser les réseaux et lutter contre les fuites qui provoquent la déperdition d’un litre sur cinq, ou encore l’augmentation significative du budget des agences de l’eau.

De quoi donner des regrets de ne pas avoir le sens des priorités. Même s’il reste beaucoup de débats sur lesquels s’opposer, et même avec virulence : Emmanuel Macron n’a que très peu abordé la question de l’eau dans l’agriculture et de l’indispensable transition d’un modèle, de loin son premier consommateur. Son ministre Marc Fesneau a d’ailleurs précisé devant la FNSEA qu’il ne serait pas demandé aux agriculteurs de prélever moins.

Les modèles s’opposent, les politiques aussi mais sur un tel sujet, le pays aurait bien eu de la chance s’il avait pu être pendant deux mois le seul sujet d’actualité.