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Ecoles d’infirmiers : « Je ne sais pas si je vais reprendre mes études », confie Justin

Ce métier d’infirmier, il en rêvait. Mais ça, c’était avant. Justin, 25 ans, vient d’arrêter son cursus en institut de formation en soins infirmiers (Ifsi). Et il ignore si cette pause sera temporaire ou définitive. « Je ne sais pas si je vais reprendre mes études, je me pose beaucoup de questions », confie-t-il. Et il n’est pas le seul dans ce cas-là. Comme l’a déploré Emmanuel Macron en janvier, lors de ses vœux aux acteurs de la santé, « 30 % des élèves infirmiers arrêtent en cours de formation et on en a environ 10-15 % qui échouent à la fin de ces formations ».

« Au départ, ce métier m’attirait. Je ne voulais pas être médecin, mais la proximité de l’infirmier avec ses patients me fascinait. Je me disais que je ne m’ennuierai jamais, que cette profession serait stimulante intellectuellement », raconte-t-il. Alors quand il est pris dans son Ifsi, le jeune homme ne boude pas son plaisir. Il bosse comme un fou, notamment la pharmacologie. Il sacrifie son temps libre, mais c’est pour la bonne cause. « Je fournissais en moyenne 15 heures de travail personnel par semaine. » Il décroche sans mal sa première année. Mais c’est lors du stage de deuxième année que les choses se gâtent.

« On nous donnait que des toilettes de patients à faire »

Il est affecté au service de chirurgie viscérale d’un hôpital avec deux autres élèves. « On nous donnait que des toilettes de patients à faire et du rangement de médicaments. Ça fait partie du boulot et on le faisait sans problème, mais nous étions cantonnés à ces tâches, sans pouvoir apprendre des gestes plus techniques ou à faire du soin. » Dans le service, l’ambiance est délétère : « On était rabaissé tout le temps, ça ressemblait à du harcèlement. Un de mes camarades se cachait aux toilettes pour pleurer. Moi aussi, un jour, j’ai craqué », raconte-t-il.

Justin décide d’en parler à ses responsables, à l’hôpital, mais son quotidien ne change pas. Il se confie aussi à l’équipe éducative de l’Ifsi : « On m’a dit qu’il n’y avait pas de places de stage ailleurs. » A bout de nerfs, il fait le choix de reporter son stage l’année suivante et consulte un psychiatre. « Il m’a conseillé de faire un break pour préserver ma santé mentale. Donc je verrai si j’ai envie de reprendre mes études à la rentrée prochaine. »

« Sur 120 étudiants, une quinzaine a déjà abandonné »

Pour l’heure, c’est plutôt des sentiments négatifs qui le traversent : « Le milieu hospitalier ne me fait plus envie. Les stages là-bas, ce sont des machines à broyer les étudiants », estime-t-il. Il n’est pas le seul de sa promo à avoir jeté l’éponge. « Sur 120 étudiants, une quinzaine a déjà abandonné. » Pour lui, le gouvernement doit rapidement changer la donne.

Selon Justin, le contenu de la formation devrait également être revisité : « On suit 35 heures d’enseignement par semaine, ce qui est lourd. Et certains cours - des jeux d’équipe notamment, n’ont aucun intérêt. Alors qu’on voudrait approfondir la pharmacologie, par exemple. » En attendant de prendre une décision pour son avenir, Justin tente de chasser les mauvais souvenirs pour ne garder que les bons. « Je sens que je vais déjà mieux », annonce-t-il.