France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Elargissement de Schengen : la Croatie entre dans l'espace, la Roumanie et la Bulgarie recalées

Membres depuis 2007 de l'Union européenne, la Roumanie et la Bulgarie ne font, pour autant, pas partie de l'espace Schengen : cette vaste zone (22 pays de l'Union européenne plus Islande, Liechtenstein, Norvège et Suisse) au sein de laquelle plus de 400 millions de personnes peuvent voyager librement, sans contrôles aux frontières intérieures. Et cela ne changera pas pour l'instant.

La Commission européenne et le Parlement réclament de longue date d'inclure la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie dans cet espace. Et pour cause, l'adhésion aurait notamment pour effet de supprimer les longues files d'attente de véhicules aux frontières de ces pays et d'encourager le tourisme. Mais cette décision doit être prise à l'unanimité des Etats membres.

Or, les deux pays ont vu leur candidature bloquée par le véto de l'Autriche ce jeudi alors que les ministres de la Justice de l'UE se réunissent pour décider de leur entrée dans Schengen. « Je voterai aujourd'hui contre l'élargissement de Schengen à la Roumanie et la Bulgarie », a, ainsi, annoncé le ministre autrichien de l'Intérieur Gerhard Karner en arrivant à une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles. En contrepartie de leur adhésion, les pays membres de Schengen doivent assumer un contrôle rigoureux des frontières extérieures de cet espace, et s'engager à une coopération policière pour lutter contre la criminalité organisée ou le terrorisme.

L'Autriche redoute une hausse des arrivées de migrants

Et c'est bien ce qui inquiète l'Autriche. Le pays, qui fait face à une forte hausse des demandes d'asile, redoute que la levée des contrôles aux frontières avec ces deux pays accroisse encore les arrivées de migrants. « Cette année, nous avons enregistré plus de 100.000 passages illégaux de la frontière en Autriche », a indiqué le ministre de l'Intérieur. Comme l'Autriche, les Pays-Bas sont, eux aussi, hostiles à l'entrée de la Bulgarie dans Schengen. Le ministre néerlandais de la Migration, Eric van der Burg, a expliqué, ce jeudi, que son pays avait des inquiétudes concernant « la corruption et les droits humains » dans ce pays et demandait un nouveau rapport à la Commission sur ces points.

La France n'est, elle, pas de cet avis. Elle estime, en effet, que l'intégration de la Roumanie et la Bulgarie, ainsi que la Croatie, qui attend également le résultat du vote ce jeudi, permettrait « de mieux respecter le contrôle de nos frontières » et de limiter les arrivées par la route des Balkans. Ces trois pays ont « fait beaucoup d'efforts pour maîtriser leurs frontières », a jugé le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin, sur la même ligne que son homologue allemande Nancy Faeser.

Si cet argument n'a pas convaincu l'Autriche, c'est que la question de l'élargissement de l'espace Schengen est particulièrement sensible actuellement du fait d'une forte hausse des arrivées irrégulières aux frontières extérieures de l'UE, après avoir connu une baisse pendant la pandémie de Covid-19. La poussée est particulièrement marquée par la route des Balkans occidentaux, où quelque 139.500 entrées irrégulières dans l'UE ont été détectées depuis janvier, selon Frontex. Un chiffre loin des 764.000 entrées enregistrées en 2015, au moment de la crise des réfugiés, mais qui ne prend pas en compte l'exode ukrainien.  La hausse des arrivées par les Balkans occidentaux -- notamment par la Serbie-- a poussé la Commission européenne à présenter un plan d'action pour tenter de réduire l'afflux par cette voie, comme elle l'a fait récemment pour la route de la Méditerranée centrale. Bruxelles propose entre autres de déployer l'agence européenne Frontex non seulement aux frontières de l'UE avec les Balkans occidentaux mais également entre ces pays.

La Croatie obtient le feu vert de l'UE

De son côté, la Croatie a, elle, reçu une réponse positive, suite à sa demande déposée en 2016. Membre de l'Union européenne depuis 2013, elle rejoindra la zone euro en janvier prochain. Elle a pu d'ailleurs compter sur le soutien de la France et des Pays-Bas qui se sont dits en faveur de son intégration. Celle-ci prendra effet le 1er janvier.

La libre circulation représente un sérieux atout pour son tourisme, un secteur clé de l'économie du pays de 3,9 millions d'habitants, en facilitant l'arrivée des visiteurs, a noté récemment le chef de l'office de tourisme national Kristjan Stanicic. La Croatie a accueilli cette année quatre fois plus de touristes qu'il ne compte d'habitants.

Mais elle devra elle aussi répondre à un enjeu de sécurité à ses frontières avec ses voisins non membres de l'UE (Bosnie-Herzégovine, Monténégro et Serbie) alors que les migrations illégales représentent un sérieux défi pour le pays. Ce dernier, qui possède une frontière extérieure terrestre longue de plus de 1.350 km, se trouve, en effet, sur la route dite des Balkans occidentaux.

L'heure est néanmoins à l'optimisme. « Le 1er janvier, nous allons lever les barrières et la circulation sera libre », a ainsi déclaré mardi dernier le chef croate de la police des frontières Zoran Niceno.

(Avec AFP)