Le président français est arrivé mardi soir à Washington pour une visite d’Etat qui mêlera les fastes de la Maison Blanche aux discussions stratégiques avec Joe Biden sur le protectionnisme commercial des Etats-Unis et sur la guerre en Ukraine.
Emmanuel Macron commence, mercredi 30 novembre, sa visite d’Etat de trois jours aux Etats-Unis pour ce qui devrait sceller, après une grave crise diplomatique entre les deux proches alliés, la réconciliation bilatérale malgré quelques remous autour du protectionnisme commercial américain.
Le président français, qui a atterri mardi vers 19 h 40 (1 h 40 mercredi matin à Paris) à la base militaire d’Andrews, en banlieue de Washington, entend évoquer avec son homologue américain Joe Biden le plan massif de soutien à la transition énergétique – Inflation Reduction Act (IRA) – qui accorde de généreuses subventions aux véhicules électriques, batteries ou énergies renouvelables à condition qu’ils soient « made in America ».
Devant des grands patrons des deux pays reçus à déjeuner à l’Elysée juste avant de partir, Emmanuel Macron a estimé, selon la présidence, que cette loi allait « dans la bonne voie, au profit de la transition écologique », mais comportait « des mesures protectionnistes qui posent de forts enjeux aux industriels européens ».
Arracher des « exemptions »
« Pour y faire face, il a insisté sur l’importance d’une réponse européenne concertée et l’adoption d’un “Buy European Act” », qui donnerait, aussi, la priorité aux produits fabriqués sur le Vieux Continent, ont rapporté ses services.
Si Paris a évoqué ces derniers jours la possibilité d’arracher des « exemptions » à l’IRA pour quelques industries européennes, on sait aussi que cela ne changera pas l’architecture de ce plan crucial pour le bilan de Joe Biden.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnésD’autant que ces exceptions demeurent très hypothétiques. « Pour l’instant, nous sommes dans une phase d’écoute pour bien comprendre les inquiétudes de nos partenaires européens », a dit, mardi, à des journalistes français, un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, laissant entendre qu’il ne fallait pas s’attendre à des décisions concrètes durant cette visite. Il a assuré que ce plan était aussi favorable pour l’économie européenne que pour l’économie américaine. « Les investissements dans l’énergie propre » vont « bénéficier à tous », a-t-il plaidé.
Joe Biden lui-même ne semble pas d’humeur à s’excuser pour ses mesures en faveur de l’industrie des Etats-Unis qui doivent permettre de « ne plus être pris en otages » par d’autres pays, a-t-il prévenu, mardi, en visitant une usine de puces électroniques dans l’Etat du Michigan.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnésCes frictions ne devraient en tout cas pas gâcher la fête de cette visite d’Etat, la deuxième pour Emmanuel Macron qui fut déjà l’invité d’honneur de Donald Trump en 2018. D’autant que l’exécutif américain ne tarit pas d’éloges à l’égard du « leadership », de « l’expérience » et de « la sagesse » du président français. « Au cours de la dernière année, la France a été littéralement au cœur de chacune des questions de sécurité nationale qui comptent pour les Américains et pour nos alliés », a insisté John Kirby.
Dîner privé, bureau Ovale et Nouvelle-Orléans
Mercredi, après avoir parlé de coopération spatiale avec la vice-présidente Kamala Harris en présence des astronautes français Thomas Pesquet et Sophie Adenot, d’environnement avec des parlementaires américains et de nucléaire civil avec des acteurs de la filière, le chef de l’Etat s’adressera à la communauté française puis retrouvera, en compagnie de son épouse Brigitte Macron, Joe et Jill Biden pour un « dîner privé ».
Jeudi, c’est dans un cadre beaucoup plus solennel, bien que festif, qu’Emmanuel Macron sera reçu à la Maison Blanche, fraîchement parée des décorations et illuminations mises en place pour les fêtes de fin d’année. Entre les sapins de Noël et les figurines, il sera accueilli par son homologue américain lors d’une cérémonie scandée par vingt et un coups de canon et par les hymnes.
Après un entretien dans le huis clos du bureau Ovale, une conférence de presse conjointe et une réunion avec les dirigeants du Congrès américain, viendra le moment fastueux du dîner d’Etat. Sous une tente dressée dans les jardins de la Maison Blanche, il sera animé par Jon Batiste, chanteur et compositeur mais aussi personnalité engagée dans la défense des droits des Afro-Américains. Ce jazzman qui navigue entre la pop et la soul est un pilier de la scène musicale de la Nouvelle-Orléans, la ville de Louisiane jadis française où Emmanuel Macron se rendra vendredi pour une visite dédiée à la francophonie, en présence du cinéaste Claude Lelouch et du danseur et chorégraphe Benjamin Millepied.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnésAu-delà des questions commerciales, le rendez-vous américain doit permettre aux présidents des deux pays alliés d’afficher leur unité dans le soutien à l’Ukraine et, peut-être, d’esquisser un message commun en faveur de l’idée de négociations, à terme, pour mettre fin à la guerre lancée par la Russie – un thème cher au chef de l’Etat français que certains, à Washington, commencent aussi à défendre.
Le Monde avec AFP
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