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En crise, les viticulteurs du Bordelais vont manifester pour l’arrachage des vignes

En crise, les viticulteurs du Bordelais vont manifester pour l’arrachage des vignes

Illustration AFP

Par charentelibre.fr (avec AFP), publié le 5 décembre 2022 à 12h26.

Des vignerons manifesteront devant la préfecture de Gironde, mardi, pour obtenir un plan gouvernemental et une prime à l’arrachage de vignes.

Surproduction, chute des prix, ventes et réputation en berne : à l’exception des grands crus qui attirent encore les investisseurs, le Bordelais traverse une grave crise.

«On est en train de mourir à petit feu», confiait un producteur de l’Entre-deux-Mers, un secteur particulièrement touché, lors d’une réunion de préparation du cortège bordelais. «Il y a urgence, il nous faut un plan social!», lançait un autre.

« On est en train de mourir à petit feu »

Le plus grand vignoble AOC de France, avec ses 110.000 hectares cultivés dont 85 % en rouge, est en plein marasme. Des vignes ne sont plus cultivées. Dans beaucoup d’exploitations, les chais sont pleins et les trésoreries à sec. On se compare aux éleveurs laitiers dans le passé. Et on peste contre le « bordeaux bashing » qui dénigre la production locale, jugée trop chère ou pas assez bio.

«Durant les années 1980-90, on a planté à outrance et aujourd’hui on se retrouve avec un million d’hectolitres de stock en trop», résume Didier Cousiney, à la tête du collectif organisateur de la manifestation. «On ne vend plus rien et il n’y a même plus de prix au négoce

Le plus grand vignoble AOC de France, avec ses 110.000 hectares cultivés dont 85 % en rouge, est en plein marasme.

Début novembre, tandis qu’un milliardaire américain rachetait un domaine prestigieux de l’appellation margaux, le CIVB, l’interprofession locale, a en effet suspendu la cotation des vins vendus en vrac - environ 40 % de la production - au motif que les prix affichés ne seraient plus représentatifs et déstabiliseraient tout le marché.

Pour l’appellation bordeaux rouge, la plus importante en volume, le tonneau de 900 litres est tombé aux alentours de 600 euros, soit quelques dizaines de centimes le litre, quand il faudrait le double pour couvrir les coûts actuels, indiquent les vignerons.

Arracher pour survivre à la baisse de la consommation

«C’est sûr que ça ne fait pas une bonne publicité, mieux vaut que les gens ne soient pas au courant», ironise Didier Cousiney. «On casse le thermomètre pour ne pas voir la fièvre», tacle Dominique Techer, porte-parole de la Confédération paysanne en Gironde et poil à gratter de l’interprofession.

Le vignoble a déjà eu recours à l’arrachage, dans les années 2000, quand les cours ont pâti d’une surproduction mondiale.

Quinze ans plus tard, le collectif veut en arracher « au moins 15.000 » moyennant 10.000 euros de prime à l’hectare, soit 150 millions au total. Pour permettre aux anciens de partir en retraite « décemment » - dans le Bordelais, un viticulteur sur deux approche des 60 ans - et aux jeunes de s’installer dans un marché « rééquilibré », dit Didier Cousiney.

Le CIVB, qui parle plutôt de 10.000 hectares, juge « absolument nécessaire de réduire la voilure » face à la baisse de la consommation de vin en France (-15 % depuis trois ans, -10 % attendu pour 2023), à l’effondrement du marché chinois (le volume exporté a diminué par deux) et aux situations « désespérées » que cela engendre.