France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Énergie : comment réduire de 10 % la consommation en France

Économiser l’énergie de manière raisonnée, « c’est faisable ! », affirme Samuel Martin, ingénieur spécialiste de l’optimisation de la performance énergétique des bâtiments. Il a participé au travail de l’association Négawatt qui rendait public, ce mardi 27 septembre, cinquante mesures pour parvenir à l’objectif gouvernemental de réduction de 10 % de la consommation énergétique en France dans les deux ans à venir.

« Les changements auront lieu un peu partout et un peu par tous. » Telle est la conviction de fond de Stéphane Chatelin, directeur de l’association. Trois secteurs principaux ont été étudiés : le résidentiel, les transports et le tertiaire, qui représentent ensemble 75 % de la consommation d’énergie en France.

« D’autres secteurs, comme l’industrie et l’agriculture, recèlent eux aussi des gisements d’économies d’énergie, mais les mesures associées n’ont pas été chiffrées, indique Charline Dufournet, la responsable plaidoyer de l’association. Nous avons voulu que nos 50 mesures proposées soient quantifiées afin que chacun puisse en vérifier la faisabilité. »

Le logement, premier pôle de consommation

Le logement résidentiel concentre l’attention car il rejoint chacun dans son quotidien. La mesure phare est le retour à une température intérieure de 19 °C. « 1 degré de moins, c’est 8 % d’économie d’énergie », précise Samuel Martin. Afin d’intégrer le cas des personnes malades, handicapées qui ne peuvent pas vivre à cette température, l’association a toutefois soustrait de son calcul 20 % du parc de logements.

Dans ce domaine, le « gisement d’économies », selon le terme employé, est colossal, avec des trajectoires différentes selon les habitudes prises. Ainsi, les familles accoutumées à 21 °C auront un effort moins sensible à fournir que celles habituées à 23… « Si de 30 à 40 % des familles font l’effort, l’objectif serait atteint », affirme Négawatt.

Chasse au gaspillage « électrodomestique »

Dans ce secteur, un cinquième de l’effort s’accomplit par une simple chasse au gaspillage de « l’électrodomestique », en éteignant les appareils allumés non utilisés ou en veille, comme les box ou les micro-ondes. « Les veilles représentent encore 15 % de la consommation d’électricité moyenne d’un logement », indique Négawatt.

Ainsi, réduire de 10 % la consommation électrique sur ce poste nécessite d’appliquer cette mesure dans 25 à 30 % des logements. En optimisant le chauffage de l’eau sanitaire et en posant des limitateurs aux robinets des lavabos et des douches, s’ajouteraient alors 20 % des économies supplémentaires du secteur.

Concessions sur la vitesse en voiture

Plus douloureuse pourrait être la mesure de réduction de 130 à 110 km/h la vitesse maximale sur autoroute, qui permet cependant d’économiser 20 % d’énergie sur un même trajet. Si l’on couple cette mesure à une baisse de 10 km/h de la vitesse sur voie rapide, 6 % des carburants pourraient être économisés par an, sans que la vitesse de circulation sur les autres types de routes soit affectée.

Enfin, pour ce qui concerne le secteur tertiaire (immeubles de bureaux, commerces, panneaux publicitaires, parkings…), en combinant la limitation à 19 °C de la température des bureaux et l’arrêt conjoint de la ventilation, de la climatisation et de l’éclairage quand les locaux sont vides, 94 % de l’effort seront accomplis.

Une analyse appuyée sur des relevés de terrain

D’autres mesures semblent plus anecdotiques, comme la coupure de l’alimentation des écrans d’information, remplacés par un affichage papier « à l’ancienne ». « Les gains sont faibles mais l’effet d’entraînement est fort et doit produire l’adhésion du plus grand nombre pour l’ensemble des mesures », espère Stéphane Chatelin qui attend la publication, dans les prochains jours, du plan sobriété du gouvernement.

Derrière ces mesures de bon sens se cache une analyse précise, appuyée sur les relevés effectués sur le terrain partout dans l’Hexagone. « La réussite dépend des efforts collectifs et personnels des acteurs et de la population. Car il faut qu’un maximum de personnes adhèrent », souligne Négawatt.

De la mobilisation de tous dépendent à la fois la baisse générale du niveau de consommation d’énergie sur les deux ans et l’écrêtement des pics de consommation attendus le matin et le soir, particulièrement important cet hiver. D’où l’importance de l’information du public et de son accompagnement.

-----

Plusieurs postes d’économies possibles

La consommation de l’énergie en France est répartie en cinq secteurs : Résidentiel (30 %) ; Transports (29 %) ; Tertiaire (16 %) ; Industrie (22 %) ; Agriculture, pêche (3 %). L’ensemble représente environ 1,5 million de GWh. 10 % de la consommation d’énergie sur deux ans représentent 150 000 GWh.

30 % des consommations d’énergie peuvent être économisées dans les secteurs résidentiel et tertiaire d’ici à deux ans, en agissant notamment sur les situations de gaspillage énergétique.

18 000 GWh peuvent être économisés en supprimant la ventilation de tous les locaux tertiaires en période d’inoccupation.

Réduire à 110 km/h la vitesse sur autoroute et à 100 km/h sur les voies rapides économise 1,6 milliard de litres de carburant soit 6 % de consommation annuelle totale en moins.