France
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Énergie : l'État a absorbé la moitié du choc des coûts

Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie le répète à l'envi : l'État français a aidé massivement les Français à encaisser la flambée des coûts de l'énergie. Et ce n'est pas terminé, comme en témoigne l'annonce, hier, par la Première ministre d'un chèque de 100 euros, pour les foyers qui ont besoin de leur voiture pour leur activité.

La note publiée par la direction générale du Trésor, rattachée à Bercy, le démontre avec précision : les finances publiques ont pris en charge 52% de la perte de revenus réels des Français, du fait de la hausse des cours de l'électricité, du gaz, mais aussi du carburant.

Les entreprises ont, elles, supporté à hauteur de 42% ces pertes. Quant aux ménages, ils sont ceux qui s'en sortent le mieux, avec 6%.

Un choc énergétique violent

Il faut dire qu'au total, la facture de ce choc énergétique est salée : 85 milliards d'euros estimés, soit une perte qui aurait représenté, sans aides publiques, une perte de PIB d'au moins 3%, estime la direction du Trésor.

Mais le gouvernement français a choisi de jouer les pompiers, et les aides n'ont eu de cesse de se multiplier : bouclier tarifaire sur le gaz, mais aussi sur l'électricité, ristourne à la pompe, chèque fioul, etc. Au total, ce sont plus de 40 milliards d'euros sur les 85 milliards estimés, selon la direction du Trésor, qui ont été mis sur la table, ces derniers mois par Bercy. Sans ce soutien d'envergure, les entreprises auraient dû payer beaucoup plus, probablement 59% de la note, et pour les particuliers... l'addition aurait été de 37% environ.

Ces dispositifs ont permis de préserver l'outil de production ainsi que le pouvoir d'achat des ménages. Avec 6,2% d'inflation, la France est au plus bas niveau au regard des autres pays.

Ne pas faire payer l'addition aux générations futures

Il n'empêche, précise la note, ce système d'aides à grande échelle - qui peut s'apparenter à une forme de « quoi qu'il en coûte » - pose la question de son financement. En effet, cela revient « à faire peser le coût de cette facture énergétique sur les générations suivantes ».

« Si un lissage dans le temps est justifié vu l'ampleur du choc, la compensation ne peut être permanente », écrivent les experts du Trésor. Surtout avec des taux d'intérêts qui augmentent, la charge de la dette pour les jeunes ne saurait être négligée.

Certes, le gouvernement a prévu de réduire un peu ce soutien, en réduisant, l'an prochain, le bouclier tarifaire sur le gaz et l'électricité, ou même en stoppant fin décembre la remise à la pompe.

Mais, alors que l'hiver commence à se faire sentir, retirer toute aide semble impossible politiquement.  Preuve en est, Bruno Le Maire, ce jeudi, annonçait prolonger le guichet d'aides pour les PME et artisans qui consomment beaucoup d'énergie. Ce guichet devait prendre fin en décembre prochain, mais sera maintenu en 2023, selon le ministre de l'Économie.

Avec des prix qui continuent d'être très élevés, et alors que le climat social menace de se tendre avec l'annonce prochaine de la réforme des retraites, il y a un risque que ce ne soit pas la dernière annonce de ce type...