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Energie, saisonnalité, 1% logement : ce que les domaines skiables attendent de la ministre des PME et du Tourisme

"Oui l'ensemble de la filière du ski sera au rendez-vous de la sobriété". Mais une nouvelle fois, Alexandre Maulin, président de Domaines Skiables de France, a rappelé lors du Congrès des quelques 400 adhérents de la filière des remontées mécaniques, qu'il fallait "faire baisser" les tensions sur les prix de l'énergie.

Mettant en avant le premier bilan dévoilé ce jeudi, devant l'ensemble de ses membres, des premières applications de ses éco-engagements pris "bien avant la crise de l'énergie" en 2020, la chambre professionnelle des remontées mécaniques a voulu rappeler qu'elle agissait, en lançant une boutade au gouvernement :

"Nous n'avons pas attendu cette crise pour agir. J'en viens même à penser que la ministre Elisabeth Borne s'est inspirée de nos éco-engagements pour développer son plan de sobriété et ses engagements de réduction de 10%", glisse Alexandre Maulin.

Car même si DSF joue désormais la carte de l'apaisement, en affirmant que la filière ski est confrontée "comme l'ensemble des entreprises" à la question de l'envolée des prix de l'énergie, les attentes n'en demeurent pas moins fortes face à la venue, ce vendredi, de la ministre en charge du tourisme et des PME, Olivia Grégoire.

"L'énergie, ce n'est pas de la moutarde, c'est pas de l'huile"

"D'une façon générale, on attend exactement la même chose que tous les Français, qu'ils soient citoyens ordinaires ou chefs d'entreprises, comme c'est notre cas. C'est-dire que nos dirigeants, au niveau français et européen, régulent le marché sur une denrée aussi stratégique que l'énergie. Ce n'est pas de la moutarde, c'est pas de l'huile. C'est un bien stratégique pour se chauffer, pour se déplacer", résume Laurent Reynaud, directeur général de Domaines Skiables de France.

Lea filière a d'ailleurs rappelé une nouvelle fois ce jeudi son poids économique, mais aussi les spécificités qu'elle entend faire valoir une nouvelle fois à la ministre. Soit ses 19.000 salariés, induisant jusqu'à 7 sept fois plus d'emplois de manière indirecte, ou encore ses 53,9 millions de journées-skieurs enregistrées sur la saison dernière, qui (re)placent la France au second rang mondial des acteurs du ski, derrière les Etats-Unis, et désormais devant l'Autriche.

"Il y a plus de 100.000 personnes en station qui dépendent pour leur travail de l'ouverture des remontées mécaniques. Bien entendu, nos dirigeants vont trouver des solutions. Ce que l'on attend aujourd'hui, c'est surtout de faire en sorte que ce prix de l'électricité qui était à 50 euros du mégawattheure et qui est aujourd'hui passé à près de 500 euros, soit soit plafonné, soit régulé", affirme Laurent Reynaud.

Et d'ajouter : "Nous ne demandons pas de mécanisme spécifique, mais il est certain que notre secteur a besoin de retrouver de la visibilité et une certaine rationalité des prix. Car aujourd'hui, le prix de l'électricité est complètement décorrélé du coût réel de production d'un mégawattheure".

Pas d'annonces attendues, mais...

Face à la situation actuelle, la profession tente désormais de rassurer sur le cas spécifique des stations de ski, à deux mois et demie de l'ouverture de la saison, où les niveaux de réservations s'avèrent déjà en avance par rapport à la saison dernière, tant sur la clientèle française qu'étrangère : "Je crois qu'il y aura des conséquences beaucoup plus graves que celles du ski si l'on ne trouve pas de solution sur le terrain de l'énergie", glisse Laurent Reynaud.

La ministre Olivia Grégoire, qui est attendue à Lyon dès ce jeudi soir, où elle participera à un premier dîner de Gala de la Fondation Paul Bocuse, l'a d'ailleurs bien compris car elle a également placé plus largement ce déplacement sous le signe de l'écoute des TPE face à la crise de l'énergie.

Elle ira notamment dès 9h ce vendredi à la rencontre d'un artisan-boulanger confronté à la hausse des prix de l'énergie, avant de se rendre auprès de DSF.

"Nous n'attendons pas nécessairement d'annonces ce jour, d'autant plus que ce n'est pas la ministre du Tourisme et de PME qui sera en première ligne pour négocier les prix de l'énergie. La question sera plutôt renvoyée à Bruno Le Maire, Agnès Pannier Runacher, Christophe Béchu... Mais la ministre est aussi là pour s'assurer que le tourisme qui, pèse en France 7,5% du PIB et un million d'emplois, ait sa place dans le contexte actuel", ajoute Laurent Reynaud.

Car en plus de la question de l'énergie, cela fait déjà plusieurs semaines que les remontées mécaniques travaillent aussi sur un autre sujet, qu'elles ont fait remonter jusqu'aux bancs de la commission sociale de l'Assemblée, par plusieurs parlementaires locaux : la question de la saisonnalité et de ses impacts, sur la réforme sur l'assurance-chômage notamment, qui a instauré depuis quelques mois un nouveau mode de calcul qui pénaliserait à la fois les employeurs et les salariés, selon les acteurs de la filière.

Pour une meilleure prise en compte de la saisonnalité

Anne Marty, présidente de la commission social-formation de DSF, rappelle que tout l'enjeu sera désormais de "défendre et maintenir le niveau de vie des saisonniers, tout en prenant en compte les spécificités de l'économie de montagne, qui fait vivre des vallées entières à l'année".

Car s'ils ne demandent pas un retour au système originel, le nouveau mode de calcul ne serait, selon la filière, pas adapté à la réalité des stations de ski et de leurs saisonniers, qui peuvent enregistrer une activité seulement durant 4 à 5 mois l'hiver, et 2 à 3 mois l'été. "Or, dans cette réforme, nous sommes mis sur le même pied que d'autres employeurs qui ont recours aux contrats courts et emplois précaires comme la SNCF", affiche Anne Marty.

Bien que cette année, la filière du ski enregistre à nouveau un taux de reconduction des contrats saisonniers proche de la normale en vue de cet hiver (soit 75 à 80%, contre 60% l'hiver dernier, lorsqu'elle avait lancé un appel), Anne Marty alerte sur les conséquences de cette réforme à long terme dans un secteur où la moyenne des contrats saisonniers est de huit années, "mais où il n'est pas rare de fêter des départs à la retraite au bout d'une carrière entière". Un sujet où DSF s'est allié à la Confédération nationale des acteurs du tourisme, qui regroupe quatorze branches professionnelles et dont le président de DSF, Alexandre Maulin, est également devenu l'un des vice-présidents.

La profession a également des propositions à adresser au gouvernement concernant l'amélioration des conditions de logement des saisonniers, en reprenant le principe de sa contribution patronale au 1% logement.

"Nous avons déjà discuté avec des acteurs du logement social qui ne peuvent pas venir en montagne car leur mode de fonctionnement ne leur permet pas de louer à la saison et ils ont du mal à trouver leur équilibre financier en stations. Ce que nous proposons déjà depuis un certain temps, c'est que notre contribution au 1% logement serve à lancer de réelles opérations à destination des saisonniers, ou bien que nous puissions la reprendre afin de développer nous-mêmes des aides au logements pour nos saisonniers", ajoute Anne Marty.

A l'heure où se clôture, dans la même ville et à quelques kilomètres de là, le Congrès de l'USH, la proposition sera-t-elle entendue ?