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États-Unis. Les républicains et la « police du livre »

Les républicains ont porté leur nouvelle « guerre culturelle » au cœur du Congrès. La majorité de droite à la Chambre des représentants a adopté, vendredi 24 mars, un projet de loi accordant davantage de contrôle aux parents sur l’enseignement dans les écoles publiques du pays. « Nous pensons que les parents ont le droit de savoir ce que leurs enfants apprennent, comment leurs impôts sont utilisés », a tenté de plaider Kevin McCarthy, le président de la Chambre des représentants.

Derrière une façade de bon sens, se cache en fait le nouveau cheval de bataille du GOP (Grand Old Party, surnom du Parti républicain) : purger les rayons des bibliothèques des ouvrages qui relèveraient du « wokisme », un terme inventé pour le besoin de cette nouvelle « chasse aux sorcières ». Si le terme « woke » est revendiqué par des pans entiers de la société au sens de l’éveil aux injustices (sociales, raciales ou de genre), le « wokisme » est une invention de la droite républicaine laissant à penser qu’une idéologie charpentée est à l’œuvre dans la société américaine et dans ses lieux les plus sacrés : ceux de la transmission du savoir. L’ultra-gauche serait ainsi aux commandes d’une entreprise de bourrage de crâne des élèves, de l’école primaire à l’université. Le meilleur moyen de la contrer consiste donc à confier aux parents d’élèves un droit de regard, voire un droit de veto sur les ouvrages étudiés par leur progéniture. D’où une loi fédérale. CQFD.

La Floride, laboratoire des républicains

Adoptée par la Chambre des représentants, elle n’a pourtant aucune chance de passer la rampe au Sénat, où les démocrates disposent toujours d’une majorité. Ce qu’ils échouent pour l’instant à imposer à l’ensemble du pays, les républicains le mettent pourtant en œuvre dans les États où ils sont majoritaires. Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, a même transformé le sien en laboratoire, ce qui l’a rendu populaire auprès de la base républicaine, au point de faire de lui le concurrent le plus dangereux de Donald Trump.

Icon QuoteCe qu’il échoue à imposer au pays, le GOP le met en oeuvre dans les États où il est majoritaire.

Selon l’Association des bibliothèques américaines, jamais, depuis vingt ans, autant de demandes de censure de livres n’avaient été formulées aux États-Unis. « Nous observons que ces requêtes proviennent de groupes de censure organisés, qui prennent pour cible les conseils d’administration des bibliothèques locales pour demander que soit retirée une longue liste de livres », a récemment dénoncé Deborah Caldwell-Stone, en charge de la liberté intellectuelle au sein de l’association. L’objectif de cette « police autoproclamée du livre » est « d’effacer les voix de ceux qui sont généralement exclus des conversations de notre nation, comme les personnes de la communauté LGBTQIA + ou les personnes de couleur », ajoute-t-elle.

Lors du débat à la Chambre, Alexandria Ocasio-Cortez a dénoncé avec fougue le projet de loi en débat comme la stratégie du GOP dans les États. L’élue socialiste a brandi un livre sur Rosa Parks retiré du programme dans certaines écoles, tout comme les romans de Toni Morrison, prix Nobel de littérature. « C’est apparemment trop woke pour le Parti républicain », a-t-elle cinglé.

DOSSIER : WOKISME
Le terme « woke »,  littéralement « éveillé », provient de l’argot africain-américain. Il désigne de manière positive un état d’éveil et de conscience face à l’oppression qui pèse sur les minorités ethniques, sexuelles ou religieuses. Dévié de son sens originel, il est brandi ad nauseam, en France, par les réactionnaires comme « le nouvel ennemi de la République », dans le but de disqualifier sans nuance toutes formes de lutte progressiste. Explication en 4 points.
♦ Désintoxication
♦ Invention
♦ Diabolisation
♦ Diversion