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Evgueni Prigojine, le patron du groupe Wagner, dynamiteur de l’Etat russe

Le propriétaire de la société de mercenaires ne se contente plus d’attaquer les élites russes. Il remet désormais en cause le discours officiel sur la guerre en Ukraine, visant indirectement Vladimir Poutine, chef des armées.

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La dénazification de l’Ukraine ? Un prétexte. « On est arrivés en Ukraine comme des bourrins. On a marché sur tout le territoire avec nos grosses bottes en cherchant des nazis. On a tapé sur qui on pouvait. On a avancé jusqu’à Kiev, on s’est chié dessus et on s’est retirés. » Sa démilitarisation ? Un échec complet. « L’Ukraine a aujourd’hui l’une des armées les plus puissantes du monde. » L’avenir de « l’opération militaire spéciale » ? Sombre. « Nous sommes dans la situation où nous pouvons tout simplement perdre la Russie. »

L’homme qui s’exprime ainsi fait bien plus que remettre en cause le discours officiel russe sur la situation en Ukraine. En brocardant les buts de guerre revendiqués par Vladimir Poutine, Evgueni Prigojine n’est pas loin de commettre un crime de lèse-majesté. Même à l’aune de ses déclarations passées, volontiers fracassantes, un cap est franchi lors de cet entretien accordé par l’homme d’affaires, le 24 mai, à différents médias sous son contrôle.

Jusqu’à présent, le chef de la milice Wagner concentrait ses attaques sur le haut commandement militaire – parfois en termes fleuris, certes, mais sans aller plus loin que le ministre de la défense, Sergueï Choïgou. Sa référence à un « grand-père débile » qui mettrait en danger l’avenir de la Russie, quelques semaines plus tôt, était suffisamment mystérieuse pour laisser planer un doute sur sa cible.

Autrefois si discret

Que cherche Evgueni Prigojine avec cette surenchère permanente ? L’ancien bandit – il a purgé neuf années de prison à la fin de l’Union soviétique – a conduit sa carrière en faisant de la discrétion une valeur cardinale, allant jusqu’à nier pendant des années ses liens avec Wagner. Son fonds de commerce consistait alors à deviner et devancer les désirs du chef, qu’il s’agisse d’envoyer ses mercenaires en Syrie ou en Afrique ou d’inonder Internet des commentaires favorables produits dans ses « usines à trolls », pas à saper son autorité.

Beaucoup a été dit sur les ambitions politiques de cet homme de 61 ans. Prigojine a déjà tenté par le passé de mettre la main sur le parti nationaliste Rodina. La franchise qu’il revendique aujourd’hui est un outil de communication, d’autant plus remarquable qu’elle n’est guère partagée par les autres acteurs de la scène politique. Chaque vidéo le montrant les pieds dans la glaise du front, parfois même devant les cadavres de ses hommes tombés, est faite pour rappeler la pusillanimité des membres de l’élite, leurs passe-droits, leurs enfants qui profitent du soleil de Dubaï ou des Maldives pendant que les hommes russes meurent au front.

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