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Explosion du prix des péages (8%)? Non, la hausse sera "raisonnable" en 2023, veut rassurer Clément Beaune

"Et surtout, surtout, pas d'explosion des tarifs des péages au début de l'année 2023, c'est ce qui nous préoccupe", avait insisté fin juillet le ministre des Transports Clément Beaune sur CNews, en annonçant des négociations à la rentrée avec les concessionnaires d'autoroutes.

Or, les négociations ont débuté et ce qui a fuité a déjà mis le feu aux poudres. Avant hier, selon le journal Le Monde, les sociétés d'autoroutes auraient réclamé, lors des discussions qui ont débuté avec le ministère des Transports, une hausse des tarifs de péages allant jusqu'à 8%. Un chiffre à mettre en regard avec l'augmentation de 2% en moyenne sur l'année 2022.

Vendredi, face au tollé déclenché notamment dans les rangs de l'opposition, le ministre délégué aux Transports a voulu rassurer les Français, en expliquant au micro de  FranceInfo, que la hausse annuelle des tarifs d'autoroutes devrait rester "raisonnable" début 2023.

Un mécanisme d'augmentation "automatique" calé sur l'inflation

Tout en reconnaissant que "si on appliquait les choses de manière automatique, on serait potentiellement sur des hausses très élevées", dans cet ordre de grandeur (des 8%), Clément Beaune admettait à la radio que ce serait perçu comme "insoutenable". Pour rassurer les automobilistes, il a déclaré:

« Je veux une augmentation raisonnable, mais ce ne sera pas dans l'ordre de grandeur de 7-8%. »

Le mécanisme "automatique" des augmentations de prix des péages d'autoroutes se déclenche généralement le 1er février, et le montant résulte d'un calcul prenant en compte à la fois le taux d'inflation et les travaux engagés par les sociétés concessionnaires.

Or justement l'inflation, qui a atteint 5,8% cette année, évoluerait en 2023 dans une fourchette comprise entre 4,2% et 6,9%, selon les projections.

Défendre le pouvoir d'achat ou la sécurité routière ?

Pourtant, à voir les réactions suscitées, l'argument de l'inflation semble loin d'être suffisant pour justifier un tel niveau d'augmentation de la part des concessionnaires d'autoroutes.

Pour rappel, à propos de ces négociations en cours, le journal Le Monde n'hésitait pas d'emblée à évoquer, dans son article, un "jeu de dupes", expliquant que ce chiffre de 8% était "artificiellement gonflé [par les concessionnaires] afin de faire accepter une revalorisation contractuelle autour de 5 %".

Dans un esprit similaire, vendredi, le président des sénateurs LR Bruno Retailleau s'était dit "stupéfait par l'indécence des sociétés d'autoroutes qui réclament une augmentation de 8% des péages" en 2023.

"En pleine crise de pouvoir d'achat des Français déjà étranglés par le prix de l'essence (...) cette demande est scandaleuse", a estimé M. Retailleau dans un communiqué.

Clément Beaune se voulait, quant à lui, pragmatique en déclarant que  "l'usage de la voiture coûtera plus cher, c'est inévitable, dans les années qui viennent", et justifiait en partie la demande des concessionnaires pour ce motif :

"Ce qu'on paye aux autoroutes, c'est des investissements, je ne veux pas qu'elles arrêtent d'investir dans la sécurité [routière]", a-t-il souligné.

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Concessions d'autoroutes : Bruno Retailleau souffle sur les braises

Ce qui n'a pas convaincu Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat et candidat à la présidence du parti, qui en a profité pour rallumer les feux d'un débat récurrent, en déclarant pour sa part vouloir "rééquilibrer" les conditions "outrageusement favorables" dont ces sociétés "ont bénéficié quand l'État leur a concédé notre service public autoroutier".

Bruno Retailleau a déposé l'année dernière une proposition de loi "pour revoir les contrats des sociétés d'autoroutes et assurer un partage équilibré des bénéfices entre les usagers, les autorités concédantes et les concessionnaires". Ce texte n'a pas encore été inscrit à l'ordre du jour du Sénat.

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(avec AFP)