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Féminicide de Julie Douib : son ex-compagnon écope de la perpétuité

Les assises de Corse-du-Sud confirment. Ce vendredi 27 janvier, Bruno Garcia-Cruciani a été condamné en appel à la réclusion criminelle à perpétuité pour le féminicide de son ex-compagne, Julie Douib, en 2019, à l'Île-Rousse. « La Cour vous condamne à la majorité de huit voix au moins à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans », a indiqué la présidente à Bruno Garcia-Cruciani.

« C'est une exécution pure et simple », avait martelé la magistrate dans ses réquisitions, assurant que ce dossier « ne (présentait) pas de difficultés ». « Bruno Garcia-Cruciani n'a pas laissé une seule chance à Julie Douib de s'en sortir », avait-elle assuré, rappelant qu'il « a traqué » la jeune femme de 34 ans avant de la tuer par balle le 3 mars 2019 à l'Île-Rousse, en Corse.

« N'importe quel humain demande pardon, exprime des regrets, là, il n'y a rien », avait-elle tranché. « Le seul fait de se présenter à la porte de quelqu'un avec une arme chargée constitue la préméditation », avait-elle également insisté. Pour souligner encore cette préméditation, elle avait égrainé les recherches sur internet effectuées avant les faits par l'accusé sur la « peine pour homicide volontaire » ou comment « partir vivre en Thaïlande ». Circonstances également aggravantes, la vente de ses véhicules et le fait d'avoir confié les passeports des enfants à sa « tata de cœur » avant les faits.

Des éléments de préméditation que Me Gilles Antomarchi et Me Jean-Paul Eon, en défense, se sont attelés à démonter, défendant la thèse d'un premier tir accidentel, concédant un deuxième tir volontaire mais « pas d'exécution ». Quant à la peine de perpétuité requise, « c'est la peine des tueurs en série », s'était indigné Me Antomarchi, dénonçant la pression de « la médiatisation ».

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Des menaces multiples et réitérées

L'avocate générale avait ensuite rappelé les menaces de mort proférées par l'accusé lors de sa détention après la mort de Julie Douib, contre des amies de la jeune femme, un entraineur de sport qu'elle fréquentait et son père. « Rien ne l'arrête, même en détention », avait résumé la magistrate. « C'est assez inhabituel, ça fait 40 ans que je suis magistrate » et « je n'ai jamais vu en détention des gens fomenter des complots et des menaces de mort de façon sophistiquée ».

Un état d'esprit belliqueux de l'accusé, avant, pendant et après les faits, que ses avocats ont attribué à sa consommation d'anabolisants stéroïdiens pouvant susciter « une paranoïa » et des « explosions de violences ». Ils ont demandé aux jurés de retenir « une abolition du discernement ».

Plus tôt, Me Francesca Seatelli, avocate des deux fils de 12 et 14 ans du couple, avait appelé la cour à les « protéger de leur père », décrivant des garçons « terrifiés à l'idée que leur père sorte de prison et vienne les chercher ». Bruno Garcia-Cruciani a « constamment utilisé » ses enfants « comme un propriétaire » et veut « les récupérer pour lui, pas pour eux », a souligné l'avocate, décrivant « un homme dangereux ». Ils « savent que leur vie à eux n'a pas suffi à sauver la vie de leur mère », a-t-elle rappelé avant de demander à la cour de leur dire, par son jugement, « que ce n'est pas leur faute ». « Mes enfants ? Ça fait quatre ans que je n'ai pas de nouvelles », a beaucoup répété l'accusé. « Quand on aime ses enfants, on ne leur enlève pas leur mère », a asséné, cinglante, Me Seatelli.

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La mort de Julie Douib, un électrochoc

« Je voudrais avoir un mot pour Julie", avait dit vendredi soir Bruno Garcia-Cruciani avant que la cour ne se retire autour de 20h15. « J'ai enlevé la vie de Julie », « la mère de mes enfants" et « je demande pardon », « je m'en excuse ». Il a également « demandé pardon à la famille Douib », et concernant Lucien Douib, le père de Julie, il avait dit : « s'il s'est senti menacé, je m'en excuse ». Excuses également pour les autres menaces proférées.

« Je ne suis pas allé pour enlever la vie de Julie », avait-t-il aussi répété, rejetant la préméditation. Quant à ses enfants, « je serai toujours là pour eux et je les laisserai jamais », a-t-il conclu en s'excusant. 

Interrogé sur les faits, l'accusé a nié s'être rendu chez Julie Douib pour la tuer et avoir tiré dans son jardin avec un silencieux la veille des faits, comme ses enfants l'ont dit aux enquêteurs. Pour Me Seatelli, cet épisode « signe la préméditation » pour les enfants, qui « savent que papa a tué maman de manière réfléchie ». Pour Jean-Sébastien De Casalta, avocat de la famille Douib, « c'est le procès d'un féminicide devenu symbole ». « Julie est devenue l'héroïne de la lutte contre les violences faites aux femmes », a-t-il lancé, qualifiant l'accusé de « voleur de vie », « voleur de rêves » et « voleur d'amour ».

Électrochoc social, ce crime, le 30e féminicide sur 149 en 2019 en France, avait suscité une vague d'indignation dans le pays, entraînant l'organisation par le gouvernement d'un « Grenelle » sur les violences faites aux femmes. Pour Me Adil Sahban, autre avocat de la famille Douib, « peut-être que (le) seul regret » de l'accusé « c'est de ne pas avoir fait davantage de victimes », référence aux menaces proférées par l'accusé contre les proches de Julie Douib. En première instance, l'accusé avait été condamné à la perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans et de la privation de son autorité parentale.