France
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Féministe, pas misandre

Nous sommes toujours confrontés au calendrier des marronniers. À côté des journées à date fixe, comme la Saint-Valentin, se font entendre régulièrement des petites musiques comme celle des prétendus excès du féminisme. Au menu des titres de ce début février : « Je ne suis pas féministe et alors ? », « Le mot féminisme nuit à la cause qu’il prétend défendre » et autres réjouissances. Visiblement, il a suffi que Michel Sardou fasse preuve de son sens de l’argumentation en nous gratifiant d’un « le féminisme m’emmerde ! », pour ouvrir cette sympathique séquence annuelle. Michel Sardou, « femme des années 80 », pense donc sa parole légitime, mais quoi qu’il en soit, le patriarcat a toujours son armée de réserve : « Ces femmes qui rejettent le combat féministe ».

Qui sont « ces femmes » ? D’un côté, on trouve celles dont le but affiché est de  « s’installer à la présidence et de là faire bander la France », oubliant les blocages systémiques, peut-être aussi trop égoïstes pour s’enquérir du sort des autres. À les écouter : « Si tu estimes n’être pas assez payée pour ton travail, va négocier comme le font les hommes. » De l’autre côté, il y a les femmes exploitées par le système, qui se réjouissent de n’avoir aucune indépendance financière, cinq enfants et un fer à repasser. Ne pas désirer l’égalité, c’est désirer la servitude volontaire, désir conditionné par un système qui n’en reste donc pas moins une tare. Ne nous y trompons pas, celles qui nous expliquent que « nous ne sommes pas des victimes » sont en réalité de grosses victimes. Elles pensent pouvoir échapper au patriarcat, entendu comme le système favorisant les hommes, soit en le dominant avec ses propres règles, soit en se rabaissant et en acceptant ce statut d’esclave, mais jamais en envisageant l’existence d’un point de vue égalitaire.

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« Ces femmes » utilisées à des fins de propagande inégalitaire appellent deux observations de ma part, féministe et fière de l’être. D’abord, et comme le disait Spinoza, seule une analyse des facteurs déterministes permet de récupérer un degré de libre arbitre. Or, dans ces paroles, je ne vois aucune analyse, seulement des affirmations péremptoires et individualistes. Ensuite, vous constaterez que ces discours sont infestés de biais dont seul le patriarcat est responsable, et non pas « ces femmes ». Le féminisme correspond à l’égalité femmes-hommes et ne cache aucun projet génocidaire. Rejeter le féminisme, c’est rejeter cette égalité, c’est donc être un pur et dangereux misogyne. C’est peut-être un peu douloureux à entendre, mais c’est incontestable. Quand il existe un écart abyssal entre la vraie-vie-vécue des humains selon leur sexe (féminicides, violences sexuelles…), c’est un système. Ne pas le combattre, c’est le soutenir.