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Festival de la BD : l’expo de Bastien Vivès déclenche la colère de ses détracteurs

Il y aura « pas mal de dessins originaux produits spécialement pour l’occasion, avec des réflexions qui les accompagnent », s’est-il réjoui sur Instagram.

Une annonce qui, sitôt dévoilée, a déclenché une vague d’indignation sur Twitter. Florilège : « Ah donc le Festival d’Angoulême avec la notoriété et l’influence qu’il a organise une exposition DÉDIÉE à un auteur de plusieurs BD p*do-p*rnographiques faussement « humoristiques » et très très controversées ? »

Ou encore : « Petit rappel que Bastien Vivès romantise la pédophilie, l’inceste, le cool sous couvert d’art. Dégueulasse en somme. »

petit rappel que Bastien vives romantise la pédophilie, l'inceste, le cool sous couvert d'art. degeulasse en somme :) #quotidien

— bun!!!! 🫣 (@mimoobin) December 1, 2022

Deux pétitions demandant la déprogrammation de l’expo ont été lancées, l’une sur Change.org (1113 signataires), l’autre sur Mes opinions (3900 signataires).

Au cœur de cette polémique, Petit Paul, sorti en 2018 chez Glénat, relatant les péripéties d’un garçon de dix ans sous forme de différentes séquences « Petit Paul récite une poésie », « Petit Paul fait du judo », « Petit Paul trouve un smartphone ». Doté d’un sexe démesuré et d’érections incontrôlées, le personnage a des relations sexuelles avec sa sœur et son enseignante. Une pétition en ligne avait suivi, sur fond d’accusation de pédopornographie, contre la sortie de l’ouvrage sur la base de l’article 227-23 du Code pénal sur l’interdiction des représentations à caractère pornographique de mineurs.

La liberté d’expression, « enjeu majeur » pour le FIBD

Une semaine après sa parution, Petit Paul était retiré des rayons des librairies Gibert et Cultura, la BD restant disponible en réserve chez cette dernière. « Cette œuvre de fiction n’a jamais eu pour vocation de dédramatiser, favoriser ou légitimer l’abus de mineur de quelque manière que ce soit, s’étaient défendues les Éditions Glénat dans un communiqué. Il s’agit d’une caricature, dont le dessin, volontairement grotesque et outrancier dans ses proportions, ne laisse planer aucun doute quant à la nature totalement irréaliste du personnage et de son environnement. »

À ce que je sache Bastien Vivès n’est mis en cause d’aucune façon.

Du côté du FIBD, on assure que l’exposition aura lieu malgré le vent de colère. « Au nom de qui et de quoi ce ne serait pas le cas ?, interroge Franck Bondoux, l’organisateur. À ce que je sache, Bastien Vivès n’est mis en cause d’aucune façon. Il n’y a rien à reprocher à cet auteur, le plus talentueux de sa génération, que le festival a suivi dès ses débuts. »

Quid des librairies qui ont retiré Petit Paul de leurs ventes ? « C’est leur droit. Bastien Vivès n’est pas quelqu’un qui milite pour une cause. Il n’est engagé dans rien. Il a une œuvre et il fait passer des choses dans cette œuvre. Personne n’est obligé de le lire. Il faut respecter les lecteurs de Bastien Vivès parmi lesquels de nombreuses femmes. » Et d’enchaîner : « La liberté d’expression reste pour nous un enjeu majeur, surtout en ce 50e anniversaire. »

À Angoulême, la librairie indépendante Lilosimages a fait le choix de ne distribuer aucun livre de l’auteur : « Même s’il n’a jamais été condamné après Petit Paul, ce serait inconcevable par rapport à ce qu’on défend », témoigne Anaïs Combeau, la co-gérante. Chez Cosmopolite - qui avait retiré Petit Paul en 2018, selon son directeur Pascal Dulondel -, trois ouvrages sont en revanche proposés : Le goût du chlore, Dans mes yeux et Dernier week-end de janvier. Celui est également disponible à la librairie de la Cité.

Contacté, l’auteur n’a pas répondu à nos sollicitations. Sa maison d’édition, Casterman, indique : « Nous réservons la communication de Bastien Vivès au mois de janvier, plus proche du festival. » Comme un pied de nez aux critiques, l’auteur a publié ce jeudi sur Instagram dix planches le mettant en scène dans un commissariat où il explique à l’agent être victime de cyberharcèlement depuis la sortie de Petit Paul : « Ils essayent de démontrer par tous les moyens que je suis pédophile en isolant des citations dans mes interviews ou sur les réseaux sociaux en faisant des relectures malhonnêtes de mes œuvres. […] Tout ça s’est envenimé à l’annonce de mon expo à Angoulême, c’est parti en théorie du complot. » Vivès reçoit alors un appel de Casterman : « On est en train de regarder ton expo avec le FIBD, pourquoi il y a encore des gros nichons ! On a tout viré […]» avant de finir plaqué au sol et menotté par trois agents dont une demande du renfort.

Réservations fictives

Les pétitions et posts protestataires sur Twitter ne sont pas les seules actions hostiles à l’égard de Bastien Vivès. Fin septembre, l’auteur est venu au Musée de la BD pour la sortie de Dernier week-end de janvier, dont l’histoire se déroule lors du FIBD. L’organisation, qui avait rendu l’inscription obligatoire, a subi une sorte de piratage. Depuis des adresses mails « antivives », des dizaines de places avaient été réservées… et sont restées vacantes le jour de la rencontre.