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Festival Séries Mania : les génériques de séries, objets d’art et de réconfort

Il y a ceux sur lesquels on danse et ceux dont on admire le graphisme, ceux dont on s’est lassé et ceux qui nous donnent immédiatement le sourire. Il existe autant de génériques qu’il y a de séries, et autant de réactions que de spectateurs. Qu’on y prête ou non attention, ces petites œuvres d’art jouent un rôle dans la façon dont on reçoit et dont on mémorise les séries qu’ils introduisent. Pour son édition 2023, le festival Séries Mania les met à l’honneur à travers une exposition gratuite, « Don’t skip » (ne passez pas, NDLR), au Tripostal, à Lille jusqu’au vendredi 24 mars 2023.

Le commissaire de l’exposition, Olivier Joyard, est journaliste séries et cinéma aux Inrockuptibles. Il est aussi le réalisateur du documentaire « Les génériques de séries », sorti en 2018 et disponible sur myCanal. « Je suis un amoureux de séries depuis très longtemps, et pourtant je ne me suis posé la question de l’importance des génériques qu’il y a une dizaine d’années. Lorsque Netflix a introduit le bouton “passer le générique sur sa plateforme », se remémore-t-il.

Une porte d’entrée artistique vers la fiction

Pour Lola Landekic, la fondatrice du site Internet Art of the Title – référence en matière de génériques – l’introduction de cette fonctionnalité se défend : « Le générique, c’est ce qui nous accueille dans la série. L’ère du bingewatching (fait de regarder plusieurs épisodes d’affilée, NDLR) rend un peu obsolète cette fonction, explique-t-elle. C’est un peu comme si en soirée, l’hôte vous accueillait une première fois à votre arrivée – jusque-là tout va bien –, puis revenait toutes les 30 minutes vous souhaiter la bienvenue. On peut s’en passer. »

Reste que le générique demeure « une porte d’entrée vers la fiction », décrit Olivier Joyard. « C’est un peu comme la couverture d’un livre. Ça nous permet de cerner quel imaginaire va se déployer ensuite, tout en laissant une grande part d’interprétation », développe le journaliste, qui prend pour exemple le générique culte des Soprano, qui n’est rien d’autre qu’un trajet en voiture de Tony Soprano depuis Manhattan jusqu’à sa maison de famille. « Ça ne dit rien de précis, si ce n’est l’obsession du quotidien. Et c’est aussi ça que rappellent les séries : la force de la récurrence, de la continuité », analyse Olivier Joyard.

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Marquer le début d’un rendez-vous récurrent

Marquer le début d’un rendez-vous régulier : c’est là la fonction ancestrale du générique de série et ce qui le différencie fondamentalement de celui d’un film. « Il doit devenir familier, permettre d’identifier très rapidement le contenu qui va suivre. C’est le point pérenne de la série », explique le compositeur Loïk Dury, qui a travaillé sur les génériques de Dix pour centet, plus récemment, de Salade grecque – la série signée Cédric Klapisch présentée en ouverture du festival Séries Mania.

Pour composer la musique du générique de Dix pour cent, lui et son partenaire Christophe Minck ont choisi de miser sur une grille d’accords familière, « pour mettre les gens à l’aise à l’ouverture de la série, mais assez tonique et glamoureux pour donner à voir l’ambiance de la série », détaille Loïk Dury. En tendant l’oreille, on y trouve aussi des inspirations d’autres génériques comme ceux, devenus cultes, de Amicalement vôtre ou de Chapeau melon et bottes de cuir.

Le générique, point d’ancrage émotionnel

« La force et la magie d’un générique de série, c’est qu’il peut réanimer des souvenirs très lointains, qui parfois provoquent une urgente envie de tout regarder à nouveau, analyse Olivier Joyard. C’est un effet doudou. La réminiscence, en quelques secondes, du sentiment qu’on avait en regardant la série – parfois des dizaines d’années plus tôt. »

Le générique, c’est un point d’ancrage émotionnel dans une série. De Dallas, à Friends en passant par Game of Thrones ou Charmed, il faut moins de deux notes et de deux images à certains pour nous plonger dans la nostalgie.