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Financement du cinéma : le patron de Canal+ tance la ministre de la Culture

Maxime Saada juge que Rima Abdul Malak a fait « preuve de malhonnêteté intellectuelle » en évoquant le financement du film « Je verrai toujours vos visages ».

Par Benoît Leroy pour Le Point
Maxime Saada est le PDG du groupe Canal+.
Maxime Saada est le PDG du groupe Canal+. © JAAK MOINEAU / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Temps de lecture : 3 min

Canal+ charge la ministre de la Culture et ses « oublis ». Mardi 30 mai, Rima Abdul Malak était l'invitée de l'émission de Yann Barthès sur TMC, Quotidien. L'occasion pour le membre du gouvernement de revenir sur le discours de Justine Triet sur la scène du Palais des festivals, à Cannes, et son message virulent à l'adresse des pouvoirs publics sur le financement du cinéma. « Je demande un peu d'honnêteté intellectuelle […]. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter », estimait Rima Abdul Malak alors que la réalisatrice d'Anatomie d'une chute se disait inquiète « pour les réalisateurs et réalisatrices de demain ».

La sortie de la ministre est loin de ravir le président du groupe Canal+. « Lorsque vous citez dans cette interview le film de Jeanne Herry, Je verrai toujours vos visages, que nous aimons passionnément et dont le grand succès nous réjouit, c'est vous qui faites preuve de malhonnêteté intellectuelle », a tweeté Maxime Saada.

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Ce que reproche, notamment, Maxime Saada : l'absence de la mention du rôle de Canal+ – tout comme des autres acteurs économiques du cinéma français, comme le groupe TF1. Et ce, alors même que la ministre a pris le soin de citer l'apport financier de France Télévisions et de Radio France. « L'audiovisuel public est assez majoritaire dans les financements publics qu'ont certains films », déclarait Rima Abdul Malak. La réponse de Maxime Saada est donc cinglante. « Ce film [Je verrai toujours vos visages], comme le film de Justine Triet, comme la majeure partie des films français et européens sortis en salle, a été essentiellement financé par Canal+ (et Studiocanal) dont vous “oubliez” systématiquement le rôle déterminant lorsque vous évoquez “notre modèle français de financement du cinéma” », a-t-il critiqué mercredi après-midi.

« Le rôle clé des acteurs de l'audiovisuel français »

Mardi, Rima Abdul Malak citait, entre autres choses, la mise en place d'une taxe sur les grandes plateformes « pour amener plus de ressources » au Centre national du cinéma. Une taxe à laquelle s'ajoute une contribution obligatoire de la part des grandes plateformes de streaming. Une réglementation dont la ministre assure que la France était à l'initiative au niveau européen.

Une avancée récente que remet en cause Maxime Saada. « Les plateformes qui monopolisent votre attention et vos discours n'ont contribué en rien au financement de ce film. Et pour cause : [elles] consacrent la quasi-totalité de leurs 20 % d'obligations au financement de séries et non de films », relève-t-il. Une « possibilité » offerte par le ministre. « Aucune n'a souhaité signer un accord avec les organisations du cinéma français, à l'exception notable de Netflix », tient-il à noter.

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Maxime Saada appelle la ministre à être « honnête intellectuellement », soulignant « le rôle clé des acteurs de l'audiovisuel français – au premier rang desquels Canal+, qui finance davantage le cinéma français que tous les autres acteurs réunis – qui sont les réels garants de l'exception culturelle française ».

Madame la Ministre,

Lorsque vous citez dans cette interview le film de Jeanne Herry « Je verrai toujours vos visages », que nous aimons passionnément et dont le grand succès nous réjouit, c’est vous qui faites preuve de malhonnêteté intellectuelle.

Car ce film, comme le film… https://t.co/FbpBio1c4a

— Maxime Saada (@maxsaada) May 31, 2023