France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Flemme, grande démission… Une étude bat en brèche certaines idées reçues sur le rapport des Français au travail

Selon cette étude de l'Institut Montaigne, «il n'y a pas de rupture entre l'avant et l'après-Covid dans le rapport individuel que les actifs entretiennent avec leur travail», en dehors du recours accru au télétravail.

La rupture post-Covid que l'on décrit souvent dans le rapport des Français au travail, à base de «grande démission», de perte de sens ou encore de «quiet quitting», est-elle en réalité une chimère ? Une étude de l'Institut Montaigne, qui s'appuie sur un vaste sondage de Kantar Public mené auprès de 5001 actifs français, remet en cause certaines idées reçues. Notamment le manque d'épanouissement des travailleurs français. «Comme l'attestaient déjà les études antérieures, les Français sont majoritairement satisfaits de leur travail», note la synthèse de l'étude, qui relève que «77% des actifs attribuent une note supérieure ou égale à 6/10 à la question “à quel niveau évaluez-vous votre satisfaction lorsque vous pensez à votre travail aujourd'hui ?”».

De même, la supposée «épidémie de flemme» ne se traduit pas dans les chiffres. D'une part, «la durée du travail est stable depuis les années 2000, après 30 ans de baisse», constate l'étude. Paradoxalement, une forte majorité des actifs (60 %) ont l'impression que leur charge de travail a augmenté au cours des cinq dernières années. D'autre part, «le souhait de “travailler plus pour gagner plus” reste fréquent et l'emporte largement sur celui de “travailler moins quitte à gagner moins”», souligne les auteurs de l'étude, Bertrand Martinot et Lisa Thomas-Darbois. En effet, si une majorité relative des salariés à temps plein (47%) ne souhaitent pas voir leur durée du travail modifiée, ils sont beaucoup plus nombreux à se dire prêts à «travailler plus pour gagner plus» (31%) qu'à «travailler moins quitte à gagner moins» (15%).

Le «mythe» de la «grande démission»

L'étude met par ailleurs en lumière la progression des horaires atypiques, en particulier chez les cadres. «Seuls 40% des salariés à temps plein (et 13% des travailleurs indépendants) déclarent à la fois ne travailler que du lundi au vendredi et ne jamais travailler après 20h – que ce soit à leur domicile ou sur leur lieu de travail – ou les jours fériés», pointe les auteurs du rapport. Quant au rejet massif du recul de l'âge légal de départ à la retraite, de nouveau observé dans cette étude - seuls 7% des actifs en emploi considèrent que 62 ans est insuffisant -, «il est sans doute davantage le fruit d'une crise politique plus générale qu'une manifestation d'un effondrement soudain de la “valeur travail”», estime l'étude.

À lire aussiGilbert Cette: «Il n’y a pas de “grande flemme” française»

L'étude déconstruit enfin ce qu'elle appelle le «mythe» de la «grande démission». «Les démissions, tous motifs confondus, restent à un niveau très faible en proportion des effectifs salariés au regard de la situation tendue du marché du travail», note-t-elle. Pour les auteurs, «l'explication essentielle de l'accroissement important des ruptures à l'origine des salariés semble plutôt reliée à l'amélioration du marché du travail observée depuis quelques années, et tout particulièrement depuis la période post-Covid».

En résumé donc, «il n'y a pas de rupture entre l'avant et l'après-Covid dans le rapport individuel que les actifs entretiennent avec leur travail», estime l'étude, en dehors d'une seule chose : le recours au télétravail. Sa diffusion, que les auteurs qualifient d'«extraordinaire», «constitue LA rupture majeure au regard des conditions de travail par rapport au “monde pré-Covid”». Fin 2022, 40% des travailleurs déclarent pratiquer le télétravail au moins occasionnellement, contre 7,4 % en 2017 selon l'Insee.