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George Santos, le plus grand mythomane de l'histoire politique américaine?

Temps de lecture: 4 min

À la suite des élections de mi-mandat, de nouveaux élus ont fait leur entrée au Capitole en ce début d'année, notamment à la Chambre des représentants, où le Parti républicain a repris de justesse la majorité. Si la plupart d'entre eux bénéficie encore d'un certain anonymat et d'une relative tranquillité, ce n'est pas le cas du désormais tristement célèbre George Santos, représentant du troisième district de New York qui a défait le Démocrate Robert Zimmermann en novembre dernier.

Fils d'immigrés brésiliens et petit-fils de réfugiés européens ayant fui la Shoah lors de la Seconde Guerre mondiale, conservateur assumant pleinement son homosexualité, diplômé en finance d'une grande école new-yorkaise, cadre à Wall Street au sein de grands groupes, devenu ensuite chef d'une entreprise, puis homme politique d'importance, le parcours hors normes de l'élu new-yorkais a tout d'une success-story à l'américaine. Problème: tout est faux, ou presque.

Alors que les enquêtes se multiplient, les Américains découvrent jour après jour l'étendue des mensonges de George Santos sur son passé. Désormais, le doute a laissé place à la certitude: le Congrès compte en son sein l'un des plus grands mythomanes de l'histoire politique des États-Unis.

Un serial-menteur au CV bidon

La recension des affabulations du nouveau représentant par le New York Magazine et le Time Magazine donne le vertige, à tel point que dix doigts ne suffisent pas pour les compter. Absolument toutes les déclarations de George Santos sont sujettes à caution et la plupart des éléments sur son histoire personnelle mis en avant lors de sa campagne électorale sont erronés.

Il n'a par exemple jamais fréquenté la prestigieuse académie privée Horace Mann, ni l'université de New York et n'a pas été diplômé de Baruch College. Il n'a pas travaillé à Wall Street chez Goldman Sachs ou Citigroup et n'a jamais eu de collègues morts lors de l'attaque terroriste qui a visé la boîte de nuit LGBT+ Pulse à Orlando en juin 2016. L'entreprise quasi fantôme Devolder, qu'il a créée en Floride dans le courant de l'année 2021 n'a jamais eu d'activité commerciale, de site internet, de page LinkedIn ou encore de client. Aucune trace non plus de la fondation pour la défense des animaux Friends of Pets United, qu'il affirme avoir dirigée.

À une vie professionnelle largement exagérée, s'ajoute une vie privée totalement imaginaire. Son mari pourrait lui aussi être un personnage fictif: il n'est jamais apparu à ses côtés lors de sa campagne et aucun dossier de mariage n'a pu être retrouvé dans la ville de New York.

Pire encore, l'élu a menti sur la cause du décès de sa mère pour s'attirer la sympathie des électeurs, en affirmant qu'elle souffrait de problèmes de santé dus à sa présence au World Trade Center le 11 septembre 2001. Si cette dernière est bien morte en 2016, elle n'a cependant jamais travaillé dans les tours jumelles et se trouvait au Brésil lors des attaques terroristes. L'histoire de ses grands-parents n'est pas vraie non plus: ils n'ont pas fui la Shoah, n'ont pas changé de nom et ne sont pas originaires d'Europe. Il n'a donc, a priori, aucun héritage juif, contrairement à ce qu'il a pu dire lors d'interviews.

Escroqueries en tout genre

Si George Santos a la capacité d'imagination d'un scénariste de Hollywood ou d'un auteur de roman, il semble aussi être un amateur d'escroqueries en tout genre. L'élu est notamment soupçonné par la justice brésilienne d'avoir volé le chéquier d'un homme lorsqu'il était plus jeune, puis d'avoir émis plusieurs chèques frauduleux. Une affaire qui pourrait lui valoir une peine de prison au Brésil.

Il est également accusé par plusieurs personnes d'avoir utilisé sa fondation fictive de protection des animaux pour détourner l'argent d'une collecte de fond qui s'est tenue en 2017 dans le New Jersey, ainsi que celui d'une cagnotte en ligne destinée à payer les frais médicaux du chien malade d'un vétéran handicapé sans domicile du même État. La gestion financière de sa campagne électorale pose aussi question que ce soit au niveau des dons, des prêts et des dépenses. Plusieurs enquêtes sont en cours pour éclaircir la situation et déterminer s'il a violé la loi.

Après toutes ces révélations, les appels à la démission se sont multipliés aussi bien au niveau local que national. Si le principal intéressé refuse pour l'heure de laisser sa place, l'affaire a créé un petit séisme dans le microcosme conservateur new-yorkais et une partie des responsables locaux du Parti républicain l'ont tout bonnement lâché, alors que le troisième district de New York pourrait être repris par les Démocrates en cas de nouvelle élection.

À question simple, réponse (extrêmement) complexe

Joseph G. Cairo, l'un d'entre eux, n'a pas mâché ses mots: «Ses mensonges n'étaient pas de simples mensonges. Il a déshonoré la Chambre des représentants. Il n'est pas le bienvenu ici, au siège républicain.» Au Congrès, le sujet est sensible et dans les couloirs, un mélange de malaise, de méfiance et d'humour est palpable. Les conservateurs, qui n'ont qu'une très courte majorité à la Chambre, sont en proie à des tensions internes et l'affaire George Santos n'est pas une priorité pour l'instant. D'autant que Kevin McCarthy, le nouveau speaker républicain, a pu compter sur son vote lors de sa difficile élection au perchoir de l'assemblée.

Très contesté, le président de la Chambre sait qu'il doit préserver chacun de ses soutiens pour rester à son poste au cours des deux prochaines années. Interrogé à plusieurs reprises, il a donc préféré esquiver le sujet en rappelant que les électeurs avaient fait leur choix lors des élections, oubliant volontairement, au passage, que ces derniers ont été dupés.

Que sait-on alors réellement de George Santos? La réponse à cette question pourtant simple s'avère complexe. En dehors du fait qu'il a 34 ans, des origines brésiliennes et qu'il vient d'être élu à la Chambre des représentants, pas grand-chose. À l'heure où ces lignes sont écrites, une nouvelle révélation affole les réseaux sociaux. D'après plusieurs témoignages, photos et vidéos à l'appui, l'élu new-yorkais aurait été drag queen au Brésil . Rien d'exceptionnel a priori. Sauf si l'on se rappelle qu'il a épousé toute la rhétorique anti-LGBT du camp conservateur lors de sa campagne.