1. Les options
Classes bilangues, classes à horaires aménagés arts plastiques, musique, sections sportives… Il...
1. Les options
Classes bilangues, classes à horaires aménagés arts plastiques, musique, sections sportives… Il existe tout un panel d’options pour renforcer l’offre de formation d’un établissement et donc son attractivité. Voilà pour la théorie. Parce que la pratique montre que tout cela est loin d’être suffisant ! Exemple au collège Michelle-Pallet de la Grande-Garenne où une classe à horaires aménagés arts plastiques a vu le jour. « On pouvait penser que ça attirerait des jeunes de communes environnantes, dit Fabienne Godichaud, vice-présidente du Département. Mais, finalement, ça n’a pas été le cas. » On n’a pas vu des enfants du Plateau quitter Saint-Paul pour la Grande-Garenne. Ce qui fait dire à Richard Gazeau, de l’Unsa : « Pour favoriser la mixité, on ne peut plus passer par des mesures édulcorantes du genre art plastique dans des collèges défavorisés en pensant qu’on va faire venir des élèves d’autres CSP ». Le directeur académique des services de l’Éducation nationale Thierry Claverie le reconnaît : « Cela peut permettre d’attirer des familles ou de fidéliser sur le collège de secteur. Mais ça a ses limites. » En 2017, lorsque l’idée de fermer des collèges avait agité le débat charentais, l’Exécutif du Département avait reculé face aux oppositions. Et fléché 250 000 euros du plan ambition réussite sur le renforcement de l’offre de formation. Aujourd’hui, c’est l’opposition d’hier qui se retrouve face au problème.
Tant qu’on ne veut pas de fermeture, on s’empêche de réfléchir.
2. Revoir la sectorisation
C’est la deuxième piste évoquée par Thierry Claverie : modifier la sectorisation. C’est-à-dire l’affectation des élèves en fonction de leur lieu d’habitation. Une solution prônée par Élise Moreau, secrétaire départementale du SNUipp-FSU. « On pourrait faire le choix qu’il y ait des enfants de chaque quartier dans les écoles. » Elle voit aussi le problème de manière plus globale. « Il faudrait déjà que les lieux d’habitations soient mixtes ». Tous les interlocuteurs s’accordent à le dire. Dans l’Obs, Élise Moreau dénonçait l’opacité de la sectorisation à Angoulême. Stéphanie Garcia vante a contrario le « travail de dentelle » de ses services à ce sujet. Faudrait-il une carte plus contraignante pour les familles ? « On s’enfermerait, répond l’élue. Des études ont eu lieu. Avec la carte scolaire, on n’arrive pas à plus de mixité, elle est source d’injustice car elle profite à ceux qui savent la contourner. » Au Département, Fabienne Godichaud évoque aussi cette hypothèse et donne des exemples. « Pourquoi ne pas affecter des enfants de Fléac et Nersac vers Michelle-Pallet ? »
3. Fermer des établissements
C’est la troisième piste. Et c’est peut-être la solution inéluctable au vu de la démographie. La Charente perd chaque année des élèves. Mais compte toujours autant de collèges : 38. Soit un collège pour 9 264 habitants. Cela en fait le département avec le plus fort maillage de l’académie. Conséquence, les effectifs diminuent. Qui dit moins d’enfants, dit moins de mixité. « C’est mécanique », pose Thierry Claverie pour qui le seuil critique d’un collège se situe à 200 élèves. « Si ça continue, on va arriver avec des collèges à 80 élèves », dit le Dasen. Champagne-Mouton, Villefagnan, Baignes ont des effectifs en souffrance. Thierry Claverie prône des collèges plus denses et revendique de « penser territoire. Je suis attaché à la ruralité mais, si on veut la défendre, ce n’est pas avec un puzzle de petites structures partout. » Le problème se pose aussi en ville. Quid de Michelle-Pallet, à la Grande Garenne, épinglé pour son IPS ultra-faible, l’un des pires de France ?
Pour Richard Gazeau, de l’Unsa, « il faut en passer par des décisions courageuses et pas par du saupoudrage. » Il prend l’exemple de Soyaux : « Quand vous voyez à Soyaux Romain-Rolland et Pierre-Mendes-France à 2 km à vol d’oiseau, c’est un scandale ! » Avec d’un côté les enfants du Champ-de-Manœuvre, et de l’autre, un collège mixte. « On pourrait par exemple commencer par mélanger les sixièmes et voir ce que ça donne. Tant qu’on ne veut pas de fermeture, on s’empêche de réfléchir ». C’est aussi ce que prêche la sénatrice Nicole Bonnefoy. Car qui dit moins de collèges, dit des effectifs plus denses et signifie surtout moins de dérogations possibles pour changer de collèges. Et donc davantage de mixité. Depuis quelques années, l’état d’esprit semble avoir évolué sur l’éventualité de fermetures. « Aujourd’hui, si on proposait la fermeture de Michelle-Pallet, je ne dirais pas que je ne suis pas d’accord », dit le président de la FCPE Guillaume Brun. « Mais il faut une solution derrière. »
Des fermetures ? Le mot est tabou, parfois, mais « c’est probablement une des solutions », avance prudemment Fabienne Godichaud. « On ne peut pas tout faire d’un coup. Cela doit rentrer dans la réflexion mais ce ne sera pas forcément l’ultime choix qui sera fait. » Au Département, un observatoire est mis en route pour réfléchir à ces questions. À la Dasen, on planche aussi sur la question. « Tout est sur la table », conclut Thierry Claverie.